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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad : la descente inexorable aux enfers 

Nul ne semble ignorer aujourd’hui comment un accident vasculaire cérébral (AVC) se manifeste-t-il ? Selon les spécialistes de la santé humaine, celui-ci survient lorsque le flux sanguin rencontre un obstacle (caillot sanguin ou rupture de vaisseau sanguin) qui l’empêche d’irriguer les différentes parties du cerveau, ce qui prive ces dernières de l’oxygène, causant leur dysfonctionnement, puis leur mort rapide.En ceci de comparable avec la situation financière et économique du pays qui commande tout le reste de la vie sociale. Au moindre dérèglement, la société s’en trouve gravement asphyxiée et le tissu social s’effrite inexorablement.Subitement  propulsé au rang des pays producteurs du pétrole, il y a exactement treize ans, le Tchad, après une dizaine d’années d’euphorie et d’insouciance au plus haut sommet de l’Etat  et  ses   ramifications,   peut   être  comparé   à juste   titre,  à  un   malade   foudroyé   par   un  accident vasculaire cérébral(AVC)dont les conséquences sont terribles sur la santé humaine. C’est exactement une mauvaise décision que le gouvernement   n’aurait   pas   certainement   dû   prendre,  à   savoir   les   16   mesures   imposées unilatéralement   pour   espérer   juguler   la   crise.   En   réalité,   ces   mesures,   loin   de   résorber marginalement la crise, au contraire, auront un effet amplificateur en raison, d’une part du bras  de  fer  entre  le  gouvernement  et   les  travailleurs, et  la  perte considérable  du  pouvoir d’achat des ménages, susceptible de pousser les populations à la révolte populaire d’autre part.Pour éviter l’enlisement et le pourrissement de la situation, le gouvernement ferait mieux d’ouvrir rapidement le dialogue et de trouver un consensus sur la question car la paix sociale et l’avenir du pays en dépendent.Toute autre attitude tendrait l’atmosphère déjà morose et aboutirait à l’implosion et le gouvernement en sera tenu pour responsable.Il est présomptueux de la part du gouvernement d’avoir raison tout seul contre tous les partenaires sociaux.  Les   solutions   à   la   crise   actuelle   ne   consistent   pas   à   tomber   à   bras   raccourcis   sur   les fonctionnaires et les étudiants qui n’ont rien fait pour mériter ce traitement. Les autorités doivent avoir le courage d’aller chercher l’argent là où il se trouve.

Traquer les voleurs des deniers   publics,   saisir   tous   les   biens   mal   acquis,   réduire   le   nombre   des   membres   du gouvernement, des cabinets ministériels, de la primature et de la présidence, supprimer des institutions budgétivores d’aucune utilité (Cour des comptes, le conseil économique, social et culturel, la haute cour de justice…), ramener le nombre des cantons à leur niveau de 1990,arrêter de décréter des généraux à tout va, réduire le nombre des ambassades, s’assurer du recouvrement   des   impôts   directs   et   indirects   pour   le   compte   du   Trésor   public,reverser intégralement les revenus pétroliers au Trésor public. Durant la période de  vaches grasses, les gouvernants,  comme  des gamins  gâtés  à  qui, la providence a fait tomber dans leurs mains, un cadeau inespéré,  se sont laissés gagnés plus par l’émerveillement et l’utilisation inappropriée de ce bien commun précieux que par le souci de le gérer avec équité et parcimonie. Résultat de compte, la corruption et les détournements des deniers publics sont allés crescendo pour atteindre de niveaux irréversibles.Mais, une infime classe dirigeante cupide et arrogante n’aura atteint de niveaux de richesses si insolents en si peu de temps que l’ensemble de   la   population   tchadienne  réunie  pendant trente ans.Les signes ostentatoires de cette injustice dans la confiscation des biens communs par une petite minorité sont tangibles.Ce sont des villas somptueuses, des voitures de luxe, des équipements électro-ménagers et high-tech les plus performants, des cérémonies de mariages pompeux et extravagants, des   réseaux   de   fuite   de   devises   à   l’étranger,   des   acquisitions   des   biens immobiliers à travers le monde etc. Tout cela se fait au vu et au su de tout le monde, y compris   des   autorités   qui   font   preuve   d’une   passivité   étonnante   envers   ces   « tomates pourries » ou mieux  d’une forme de complicité notoire rendant impossible toute prise de décisions draconiennes à leur encontre. Avec des slogans creux du genre « Tchad un pays émergent », « N’Djaména, la vitrine de l’Afrique », les autorités ont vite fait de se convaincre d’avoir trouvé la panacée en terme de l’attractivité et de marketing territorial pour faire vendre l’image du pays à l’extérieur.Si aucun tchadien ne peut s’opposer à la  valorisation de l’image du pays, il faudrait le faire dans la   règle   de   l’art.  

Puisque par définition le marketing territorial est l'effort collectif de valorisation et d'adaptation des  territoires à des marchés concurrentiels, pour influencer, en leur faveur, le comportement des publics visés par une offre différente et attractive dont la valeur perçue est durablement supérieure à celles des concurrents. Cela nécessite une vision globale et claire à court, moyen et long terme.Pourtant, obnubilées uniquement par une folie de grandeur factice, les autorités ont fait le choix d’investir massivement dans la construction de grands édifices pour la plupart concentrés à N’Djaména sans qu’il y ait véritablement le souci de régler de façon réfléchie et planifiée les autres problèmes auxquels sont confrontées,au quotidien les habitants par exemple l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Malgré la construction de quelques infrastructures, des écoles et des hôpitaux à travers le pays,   le   compte   n’y   est   pas   du   tout.   L’école   et   la   santé   connaissent   de   graves dysfonctionnements.  Pour ce qui est de l’économie, le gouvernement a pêché par l’absence totale de stratégies de diversification   en   délaissant   l’agriculture,   l’élevage,   la   pêche   et   le   tourisme   au   profit uniquement   de   l’or   noir.  Avec   la   chute   de   cours   du   baril     de   pétrole,   les   fondements économiques  du pays se trouvent complètement fragilisés  et la sortie de la crise n’est pas pour lendemains. Pendant ce temps, le Chef de l’Etat se préoccupe des affaires du continent en sa qualité du Président  de l’Union  africaine et préfère  laisser  ses  subordonnés,  de petits couteaux  sans envergure distraire le peuple et rajouter de l’angoisse à la crise par leur arrogance stupide et dangereuse   pour   la   quête   d’une   sortie   consensuelle   à   cet   imbroglio. C’est   également   le moment choisi par les autorités pour promouvoir la candidature de Moussa Faki Mahamat, l'actuel ministre des Affaires étrangères du Tchad au poste du président   de   la   commission   de   l’Union   africaine   avec   pour   seul   argument   de   taille,l’engagement du Tchad sur le théâtre des opérations militaires tous azimuts en Afrique et ailleurs. Pour un pays incapable d’accueillir la grande messe de l’Union africaine chez lui, dans un contexte politique et social improbable, la modestie aurait voulu de mettre en sourdine ses ambitions et d’attendre le moment opportun. 

    Moussa T. Yowanga,

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