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2 Novembre 2016
Nul ne semble ignorer aujourd’hui comment un accident vasculaire cérébral (AVC) se manifeste-t-il ? Selon les spécialistes de la santé humaine, celui-ci survient lorsque le flux sanguin rencontre un obstacle (caillot sanguin ou rupture de vaisseau sanguin) qui l’empêche d’irriguer les différentes parties du cerveau, ce qui prive ces dernières de l’oxygène, causant leur dysfonctionnement, puis leur mort rapide.En ceci de comparable avec la situation financière et économique du pays qui commande tout le reste de la vie sociale. Au moindre dérèglement, la société s’en trouve gravement asphyxiée et le tissu social s’effrite inexorablement.Subitement propulsé au rang des pays producteurs du pétrole, il y a exactement treize ans, le Tchad, après une dizaine d’années d’euphorie et d’insouciance au plus haut sommet de l’Etat et ses ramifications, peut être comparé à juste titre, à un malade foudroyé par un accident vasculaire cérébral(AVC)dont les conséquences sont terribles sur la santé humaine. C’est exactement une mauvaise décision que le gouvernement n’aurait pas certainement dû prendre, à savoir les 16 mesures imposées unilatéralement pour espérer juguler la crise. En réalité, ces mesures, loin de résorber marginalement la crise, au contraire, auront un effet amplificateur en raison, d’une part du bras de fer entre le gouvernement et les travailleurs, et la perte considérable du pouvoir d’achat des ménages, susceptible de pousser les populations à la révolte populaire d’autre part.Pour éviter l’enlisement et le pourrissement de la situation, le gouvernement ferait mieux d’ouvrir rapidement le dialogue et de trouver un consensus sur la question car la paix sociale et l’avenir du pays en dépendent.Toute autre attitude tendrait l’atmosphère déjà morose et aboutirait à l’implosion et le gouvernement en sera tenu pour responsable.Il est présomptueux de la part du gouvernement d’avoir raison tout seul contre tous les partenaires sociaux. Les solutions à la crise actuelle ne consistent pas à tomber à bras raccourcis sur les fonctionnaires et les étudiants qui n’ont rien fait pour mériter ce traitement. Les autorités doivent avoir le courage d’aller chercher l’argent là où il se trouve.
Traquer les voleurs des deniers publics, saisir tous les biens mal acquis, réduire le nombre des membres du gouvernement, des cabinets ministériels, de la primature et de la présidence, supprimer des institutions budgétivores d’aucune utilité (Cour des comptes, le conseil économique, social et culturel, la haute cour de justice…), ramener le nombre des cantons à leur niveau de 1990,arrêter de décréter des généraux à tout va, réduire le nombre des ambassades, s’assurer du recouvrement des impôts directs et indirects pour le compte du Trésor public,reverser intégralement les revenus pétroliers au Trésor public. Durant la période de vaches grasses, les gouvernants, comme des gamins gâtés à qui, la providence a fait tomber dans leurs mains, un cadeau inespéré, se sont laissés gagnés plus par l’émerveillement et l’utilisation inappropriée de ce bien commun précieux que par le souci de le gérer avec équité et parcimonie. Résultat de compte, la corruption et les détournements des deniers publics sont allés crescendo pour atteindre de niveaux irréversibles.Mais, une infime classe dirigeante cupide et arrogante n’aura atteint de niveaux de richesses si insolents en si peu de temps que l’ensemble de la population tchadienne réunie pendant trente ans.Les signes ostentatoires de cette injustice dans la confiscation des biens communs par une petite minorité sont tangibles.Ce sont des villas somptueuses, des voitures de luxe, des équipements électro-ménagers et high-tech les plus performants, des cérémonies de mariages pompeux et extravagants, des réseaux de fuite de devises à l’étranger, des acquisitions des biens immobiliers à travers le monde etc. Tout cela se fait au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités qui font preuve d’une passivité étonnante envers ces « tomates pourries » ou mieux d’une forme de complicité notoire rendant impossible toute prise de décisions draconiennes à leur encontre. Avec des slogans creux du genre « Tchad un pays émergent », « N’Djaména, la vitrine de l’Afrique », les autorités ont vite fait de se convaincre d’avoir trouvé la panacée en terme de l’attractivité et de marketing territorial pour faire vendre l’image du pays à l’extérieur.Si aucun tchadien ne peut s’opposer à la valorisation de l’image du pays, il faudrait le faire dans la règle de l’art.
Puisque par définition le marketing territorial est l'effort collectif de valorisation et d'adaptation des territoires à des marchés concurrentiels, pour influencer, en leur faveur, le comportement des publics visés par une offre différente et attractive dont la valeur perçue est durablement supérieure à celles des concurrents. Cela nécessite une vision globale et claire à court, moyen et long terme.Pourtant, obnubilées uniquement par une folie de grandeur factice, les autorités ont fait le choix d’investir massivement dans la construction de grands édifices pour la plupart concentrés à N’Djaména sans qu’il y ait véritablement le souci de régler de façon réfléchie et planifiée les autres problèmes auxquels sont confrontées,au quotidien les habitants par exemple l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Malgré la construction de quelques infrastructures, des écoles et des hôpitaux à travers le pays, le compte n’y est pas du tout. L’école et la santé connaissent de graves dysfonctionnements. Pour ce qui est de l’économie, le gouvernement a pêché par l’absence totale de stratégies de diversification en délaissant l’agriculture, l’élevage, la pêche et le tourisme au profit uniquement de l’or noir. Avec la chute de cours du baril de pétrole, les fondements économiques du pays se trouvent complètement fragilisés et la sortie de la crise n’est pas pour lendemains. Pendant ce temps, le Chef de l’Etat se préoccupe des affaires du continent en sa qualité du Président de l’Union africaine et préfère laisser ses subordonnés, de petits couteaux sans envergure distraire le peuple et rajouter de l’angoisse à la crise par leur arrogance stupide et dangereuse pour la quête d’une sortie consensuelle à cet imbroglio. C’est également le moment choisi par les autorités pour promouvoir la candidature de Moussa Faki Mahamat, l'actuel ministre des Affaires étrangères du Tchad au poste du président de la commission de l’Union africaine avec pour seul argument de taille,l’engagement du Tchad sur le théâtre des opérations militaires tous azimuts en Afrique et ailleurs. Pour un pays incapable d’accueillir la grande messe de l’Union africaine chez lui, dans un contexte politique et social improbable, la modestie aurait voulu de mettre en sourdine ses ambitions et d’attendre le moment opportun.
Moussa T. Yowanga,