Tchad: libération du journaliste enlevé par les services de sécurité.

Une révélation de l’Agence Française de Presse (AFP), faite à Libreville depuis le 2 mars 2017, indique que  Daniel Ngadjadoum, le collaborateur du journal Tribune Info enlevé dimanche au Tchad par l'Agence nationale de sécurité (ANS), a été libéré mercredi sans aucune charge retenu contre lui. « J'ai été libéré hier (mercredi) à 12h00 sur ordre du procureur », a déclaré  monsieur Daniel joint par téléphone à N'Djamena depuis Libreville.L'Ong, Reporters sans frontières (RSF) avait fait état dans un communiqué de son enlèvement par l'Agence nationale de sécurité (ANS), un service de contre-espionnage dépendant directement de la présidence d'Idriss Déby Itno. « J'ai été enlevé dimanche matin en sortant de l'église avec ma bible à la main. J'ai été enchaîné et menotté pendant 24 heures dans les locaux de l'ANS », a précisé l’universitaire et consultant indépendant Daniel Ngadjadoum.

Le directeur général de l'ANS « m'a demandé pourquoi j'ai écrit un article intitulé : « Idriss Déby Itno, un président poker-menteur ». Je lui ai fourni des explications qui l'ont convaincu. Il m'a demandé d'écrire une lettre d'excuse à la République. J'ai accepté sous sa menace », a poursuivi monsieur Ngadjadoum. Ngadjadoum a ensuite été gardé à vue pendant deux jours à la police judiciaire, avant d'être présenté devant le procureur qui l'a relâché sans "aucune charge" à son encontre. RSF avait indiqué mardi que deux autres journalistes tchadiens se cachent car ils "subissent des menaces téléphoniques provenant de l’ANS ». Directeur de publication de Tribune Infos, Eric Kokinangué "serait toujours en clandestinité" mais son homologue de Mutations Malachie Dionbé Mbaigara "a repris une vie normale", d'après M. Ngadjadoum.

Dirigé d'une main de fer par le président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 27 ans, un allié de la France et de l'Occident dans la lutte anti-jihadiste,le Tchad ce grand pays d’Afrique centrale avait occupé malgré tout en 2016 le 127^e rang sur 179 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. « Les reporters indépendants (journaux, radios privées ; N.D.L.R) sont régulièrement arrêtés pour des articles publiés. La plupart sont libérés assez rapidement et comparaissent libres, mais certains ont subi de mauvais traitements en prison, et disent avoir été battus. Toute critique du régime ou de ses proches est immédiatement sanctionnée, en dépit des lois existantes », note l'ONG de défense des Droits et libertés de journalistes dans le monde.

         Eric Mocnga Topona,journaliste à Deutche Welle à Bonn en Allemagne