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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Burundi : l'Onu dénonce les chants appelant au viol d'opposantes.

L’Afrique se débarrassera-t-elle de cette culture de haine qui se place au premier rang des causes de violences qui opposent les fils et les filles d’un même continent ? Pratiquement, il est presque difficile de trouver actuellement un seul Etat africain où les populations d’un même pays ne se regardent pas en chien de faïence. Finalement on se demande si réellement les populations africaines et surtout celles qui vivent au Sud du Sahara, constituées des centaines d’ethnies, tribus, clans, types de personnes pourraient un jour trouver des solutions efficaces aux difficultés de cohabitation qui les opposent les uns ou autres où le vivre ensemble est mis en cause. Malheureusement, pour l’instant cette haine serpente dans les veines de beaucoup d’Africains, attirant ainsi l’œil des grandes institutions de défense des Droits des humains, comme le cas de Burundi où le Haut-Commissaire de l’Organisation des Nations Unies(Onu) aux Droits de l’Homme dénonce les chants appelant au viol d’opposantes par les Imbonerakure, la Ligue de Jeunesse du Parti au pouvoir.

Dans un communiqué de presse publié sur le site de l’Onu, monsieur Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut-commissaire aux Droits de l’Homme soutient que les slogans choquants appelant au viol repris par de jeunes hommes appartenant aux Imbonerakure dans plusieurs provinces du Burundi sont profondément inquiétants. En effet, ils sont une preuve supplémentaire de "la campagne de terreur" menée par ces derniers. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme cite plusieurs incidents similaires, plus récents. Ainsi, le 1er avril 2017, dans la province de Kayanza (nord), près de 2.500 Imbonerakure ont défilé le long de la route centrale en incitant "au viol et à la violence" contre les opposants. Des "slogans similaires seraient également scandés chaque fin de semaine" lors de réunions d'Imbonerakure dans la province de Makamba (sud.)

Le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme fait référence à une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux début avril, montrant des centaines de jeunes Imbonerakure dans une pose martiale, en rangs, qui chantent en kirundi - la langue nationale : "Engrossez les opposantes, (pour) qu'elles enfantent des Imbonerakure ». Cette vidéo tournée à Ntega, dans la province de Kirundo (nord) au début de l'année, avait fait scandale et contraint le CNDD-FDD, le parti au pouvoir dont les Imbonerakure forment la ligue de jeunesse, à s'en démarquer. Ce chant "ne concorde ni avec les mœurs ni avec l'idéologie du parti CNDD-FDD", avait-il fait savoir, disant condamner "avec la dernière énergie cet écart de langage" et promettant des sanctions. Imbonerakure,parfois nommé CNDD-FDD Youth ou CNDD-FDD Jeunesse, est un mouvement politique de jeunesse burundaise affilé au Conseil national pour la défense de la Démocratie-Forces de défense de la Démocratie (CNDD-FDD).

Le Mouvement a été créé aux alentours de l’année 2010 qui signifie d’ailleurs littéralement en Kirundi, la seconde langue du pays « ceux qui voient loin ».Malheureusement tel n’est pas le cas où l’Onu considère qu’ils voient mal et surtout ne voient pas loin pour aider leur pays à se reconstruire après cette longue crise politique. Voilà pourquoi, ils sont aujourd’hui sur la sellette depuis le début de la grave crise que traverse le Burundi, déclenchée par l'annonce en avril 2015 de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année. Ce groupe, qualifié de milice par l'ONU, malgré les dénégations de Bujumbura, est accusé par les ONG locales, internationales et l'ONU d'être responsable, aux côtés de la police, des services secrets et de l'armée, des graves violations des droits de l'homme commises depuis avril 2015, dont de nombreux cas de viols.

Ces violences ont fait 500 morts selon l'ONU, et 2.000 selon les ONG. Des centaines de cas de torture et de personnes disparues ont également été recensés, et quelque 400.000 personnes ont quitté le pays. En 2015, monsieur Zeid Ra’ad Al-Hussein est allé plus loin en utilisant le mot « milice » pour caractériser les Imbonerakure ce qui récusent ces derniers par la voix de son président Denis Karera. En février 2016, Human Rights Watch les met directement en cause en leur attribuant la responsabilité des arrestations arbitraires, de violences, d’actes de torture et d’assassinats au Burundi, ce petit pays de 27834km2, une République multipartite à régime présidentiel où le Président occupe les charges de chef de l’Etat et chef du gouvernement.

Le Burundi est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie de même que de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. A partir de 1903, le Burundi fait partie de l’Afrique orientale allemande et juste après la première guerre mondiale, le pays tombe dans le giron de l’Empire colonial belge qui s’appuie sur l’Aristocratie Tutsi. L’Indépendance du pays est proclamée le 1er juillet 1962, date alors choisie pour célébrer la fête nationale, et le roi Mwambutsa IV établit un régime de monarchie constitutionnelle qui sera aboli en 1966. Le Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces de Défense de la Démocratie appelé communément (CNDD-FDD(Hutu), toujours présidé par l’actuel président de la République, Pierre Nkurunziza, parvient au pouvoir dans les années 2000.

Ahmat Zéïdane Bichara

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