19 Avril 2017
Dans sa stratégie d'émiettement et de dislocation de la société civile, le régime scélérat d’Idriss Deby Itno ne fait pas dans la dentelle. Pour ceux qui s'en souviennent,ce travail de sape a commencé au lendemain de l'élection présidentielle controversée où la société civile tchadienne a démontré au régime sa puissance à travers des initiatives citoyennes de protestation pacifique qui ont d'ailleurs conduit plusieurs têtes de proue de cette lutte disproportionnée derrière les barreaux.
Depuis ce jour-là, le régime a pris la mesure de l'importance des Mouvements citoyens et de leurs capacités de nuisance, surtout lorsqu’ils se mettent en branle pour revendiquer leurs droits. Sachant que cette nouvelle forme de revendication commence à gagner du terrain, notamment grâce à un discours de vérité dépeignant les réalités économiques et politiques du pays, fortement relayé dans les réseaux sociaux, par une nouvelle forme d'éveilleurs de consciences, connus sous le vocable d'activistes. Ces derniers par leur pugnacité et une présence continue sur les réseaux sociaux, rabâchant à longueur de journée, les méfaits de ce régime dictatorial, avec l'aide bien entendu, des leaders de la société civile de l'intérieur qui, sont réellement imprégnés des difficultés auxquelles nos concitoyens sont confrontés. Etant donc directement concernés par cette intenable situation politique, ont revue à galvaniser la globosphère tchadienne sur la nécessité d'une lutte citoyenne désintéressée, dont la matrice est la libération de notre peuple et la reconquête de nos droits spoliés depuis bientôt vingt-sept ans par ce régime de conservation du pouvoir.
Depuis un an, on arrive à mesurer l’impact de la société civile sur la conscientisation citoyenne. Le message porté par toutes ces organisations est le même. Toutes sans exception appellent à une alternance politique. Et bien ce message a réellement touché beaucoup de nos compatriotes qui n'étaient pas du tout politisés au départ, mais qui ont fini par le devenir grâce à l'occupation du terrain par la société civile et les activistes politiques. Aujourd'hui plus qu'auparavant, les tchadiens quelques soient leurs obédiences politiques s'intéressent à ce qui se passe dans leur pays et c'est grâce au travail d'éveil des consciences incarné par tous. Beaucoup, y prennent part sans se rendre forcement compte de la portée de leur travail qui est considérable. Cet état de fait, laisse entrevoir les prémices d'un engagement politique et dénote d'un réel intérêt pour la gestion de la chose publique. Cela vient dynamiser la lutte que nous menions. Une lutte pacifique et nationale qui, s'inscrit dans une dynamique au demeurant nationale englobant tous les fils et filles du Tchad. À savoir le fameux triptyque aussi essentiel à la démocratie, comme la sève l'est pour la plante. Un pays qui blâme la vraie société civile et lui supplante une société civile montée de toutes pièces, juste pour meubler la galerie.C'est juste grotesque.On a en effet sur le papier, une démocratie parfaite mais sur le terrain on constate une quasi absence de l'opposition politique et de la vraie société civile. On observe en outre des pratiques dignes d'une vraie République bananière, dont le fondement est l'arbitraire doublé de l'absence totale de l'état dans tout ce qui devrait être ses prérogatives.
Voyant monter la vague des mécontentements exacerbée par cette crise économique chimérique, résultante s'il en est, d'une incapacité notoire des dirigeants apathiques, devant les questions économiques essentielles, conjuguée à de la mauvaise gouvernance qui, elle-même est fille de la gabegie, du népotisme, de la corruption dont la mère est sans doute,le favoritisme et le père l'impunité abyssale d'une organisation criminelle au service d'un dictateur à l'appétit financier déconcertant, frisant l'insatiabilité. Pour pouvoir continuer à pressuriser le pays à sa guise, le régime met hors d'état de nuire, toutes les voix dissidentes incarnées à l'heure où, nous parlons, par la société civile en dépit de son amoindrissement et par un certain nombre d'activistes qui, œuvrent au quotidien pour informer le peuple de la supercherie qu'use cette innommable dictature adoubée fort malheureusement par la communauté internationale qui lui donne un blanc-seing. Pour ce faire, une campagne de déstabilisation de la société civile est mise en place au plus haut niveau de l'Etat pour d'une part capturer les têtes pensantes et d'autre affaiblir cette dernière de manière à la faire disparaître. Cette entreprise machiavélique, a fait tomber Nadjo Kaina Palmer du Mouvement Iyina, Didah Alain Chakal serait en fuite actuellement, puisse qu'activement recherché par la police politique de Deby (ANS), Agence nationale de sécurité. Et bien d'autres acteurs locaux de la société civile sont dans le collimateur de cette police politique aux méthodes répressives. Depuis quelques jours une certaine forme d'hystérie s'est emparée des internautes tchadiens soutenant qu'il existerait un certain nombre de journalistes inféodés au régime qui serviraient des cafteurs à la fameuse ANS.
On a envie de rigoler quand j'entends certains, prendre cette information comme un scoop. Cette information mettant en évidence les accointances de certains journalistes avec le régime répressif de Deby a toujours existé. Il suffit de voir le train de vie, de certains journalistes de la place et on a vite compris, qu'ils entretiennent des liens étroits de délation avec le régime. Face à cette situation extrêmement anxiogène, et face à la lente agonie de la société civile, fortement réprimée par le régime qui, semble programmer sa mort, seule une mobilisation d'ampleur, de tous les tchadiens qui s'inscrivent en faux par rapport à cette dictature, pourrait inverser la courbe descendante des libertés sous toutes ses formes. Pour redresser cette fameuse courbe, il nous faut d'abord redresser nos têtes, regarder le diable dans le fond de ses yeux, en lui disant notre ras-le-bol. Car toutes ses dérives sont les signes avant-coureurs, d'une fin prochaine, dont le timing sera défini par notre capacité à conjurer nos peurs et à reconquérir notre dignité et faire de notre pays, un paradis où, il fera bon y vivre. Le Tchad, un pays, faut-il encore le rappeler, unique en son genre, dans sa façon de prôner la démocratie ; malheureusement très squelettique dépourvue de toute matière fondamentalement cohérente pour lui donner corps.
Tahirou Hisseine Dagga, Correspondant spécial.