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1 Juin 2017
Parmi les conflits armés à travers le monde telles que les attaques djihadistes qui avaient attiré et continuent toujours de susciter l'attention des Nations Unies et des puissances occidentales,celui de la Syrie avec plus de 210.000 morts et 11,2 millions de réfugiés à cause d’un conflit déclenché le 5 mars 2011(cinquième année de guerre), de l’Irak, d’Afghanistan et de Pakistan avec d’au moins 1,3 millions de morts en douze ans d’attaques djihadistes ou autres, de la Libye avec plus de 50.000 morts selon CNT et le conflit continue de faire des victimes, du Soudan du Sud où les morts s’empilent et personne ne les compte, du Nigéria avec plus de 10 000 morts et 650 000 déplacés depuis le début de l’insurrection en 2010 et les attaques djihadistes se font de plus en plus sanglantes. Mais ces dernières années ou ces derniers mois, il y a aussi le conflit civil et militaire qui a eu lieu en Centrafrique et qui continue d’ailleurs à causer des massacres ou tueries, viols, tortures, pillages, enlèvements, enrôlement d’enfants soldats, retenant ainsi plus directement les regards de l’ONU et des grandes puissances de ce siècle en cours.
D’après l’Agence France Presse(AFP), les Nations unies ont détaillé 620 crimes commis en Centrafrique lors des conflits armés entre 2003 et 2015, dans un rapport publié mardi, avant la mise en route à Bangui de la Cour pénale spéciale (CPS) pour juger ces crimes. L’AFP indique que le rapport de L’ONU sur les massacres en Centrafrique se montre très précis, allant jusqu’à ressortir directement les lieux précis, dates exactes, mode opératoire des assaillants (armée régulière, groupes armés...), calvaire des victimes, souvent très jeunes, tuées, violées, torturées…Cet inventaire de plus de 300 pages se présente comme un document de travail pour le procureur de la Cour pénale spéciale (CPS) qui vient d'arriver à Bangui. Créée par une loi centrafricaine de 2015, cette juridiction mixte, intégrant des magistrats locaux et étrangers, doit commencer d'ici peu ses enquêtes sur les crimes de guerre commis à partir de 2003, année du renversement du président Ange-Félix Patassé par François Bozizé. Selon le rapport de l’Onu commenté par l’AFP, ces viols étaient souvent commis en public et/ou sous les yeux des membres de la famille de la victime», détaille le rapport du Haut-commissariat aux droits de l'homme et de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).«Les juridictions nationales ordinaires et la Cour pénale spéciale devront veiller à mener, en priorité, des enquêtes sur les violences sexuelles et les violences fondées sur le genre et assurer une protection aux victimes et aux témoins de ces violences», soulignent les enquêteurs.
A cette fin, il conviendra de prévoir la nomination d'experts compétents pour apporter un soutien psychosocial aux victimes et aux témoins avant, pendant et après les procès», suggère cette enquête conduite entre mai 2016 et mars 2017.Le rapport repose la question de savoir si les massacres ciblés, perpétrés par la Séléka contre les non-musulmans et les anti-Balakas contre les musulmans fin 2013-début 2014, ne constituent pas un début de génocide: «En raison de la nature des groupes ciblés par la Séléka (essentiellement des chrétiens et des animistes), la question d'établir l'intention de détruire ce groupe «en totalité ou en partie» pourrait être soulevée». Quant aux exactions attribuées aux anti-Balakas, elles « soulèvent des faits pouvant faire l'objet d'enquêtes supplémentaires pour savoir si les actes commis, les groupes ciblés et l'intention de leurs auteurs étaient suffisants pour constituer le crime de génocide. »
L’AFP a également commenté la partie de ce rapport onusien qui soulève aussi la question de savoir si les massacres ciblés entre communautés n'ont pas constitué des faits de génocide. En République centrafricaine, l'impunité a toujours été la règle - et la justice l’exception », relève ce travail exhaustif publié au moment où les 4,5 millions de Centrafricains subissent un regain de violence des groupes armés ex-Séléka pro-musulmans ou anti-Balakas pro-chrétiens, avec des morts par dizaines et des milliers de nouveaux déplacés depuis début mai. Comme première conclusion, l’Onu explique que son rapport rappelle aussi les accusations qui ont pesé contre des soldats français de l'opération Sangaris. Comme les autres crimes, ces violences sexuelles redoublent d'intensité à partir de 2013 : « Les partenaires locaux de l'UNICEF ont observé une recrudescence générale des viols à la suite de l'assaut de Bangui par les anti-Balaka (le 5 décembre 2013), avec 781 cas de viols et d'agressions sexuelles enregistrés en janvier et février 2014 », avancent les Nations unies. Les auteurs citent même le cas d'une jeune fille de 14 ans violée le 5 décembre 2013 par « trois éléments ex-Séléka » : « Le 26 septembre 2015, la même jeune fille a été violée par cinq éléments anti-balaka ». « L’âge des victimes variait de cinq ans à 60 ans et plus. Un pourcentage élevé de ces viols était des viols collectifs allant parfois jusqu'à 20 auteurs pour une seule victime.
Enfin la seconde conclusion de ce rapport de l’Onu et la dernière ,commenté par les journalistes de l’AFP, rappelle que la Centrafrique, pays à l'histoire tourmentée de plus de 600 000 km2 (la France et la Belgique réunies), où les groupes armés se battent pour le contrôle des ressources (or, diamant, bétail), la Centrafrique a ensuite basculé dans les massacres de masse en 2013 avec le renversement à son tour du président Bozizé par l'ex-Séléka, entraînant une contre-offensive des anti-Balakas. L’intervention de la France (2013-2016) et de la Mission des Nations unies (Minusca, 12 500 hommes) ont ramené le calme dans Bangui, mais 50 à 60% de l'intérieur du pays reste sous le contrôle des groupes armés, en l'absence de l'État et de l'armée régulière, pulvérisés par le conflit. Le rapport met l'accent sur les violences sexuelles commises à grande échelle contre les femmes et les enfants, utilisées par pratiquement toutes les parties prenantes aux différents conflits armés.
Ahmat Zéïdane Bichara