Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
1 Juin 2017
Dans sa rubrique Actualités datée du 30 mai 2017, ayant pour titre « Les journalistes nigérians sous le joug de gouverneurs tout-puissants », Reporteurs sans frontières jugent inadmissibles les violences accrues perpétrées envers les journalistes depuis quelques mois au Nigéria. L’organisation de la défense de la liberté d’information déplore qu’en l’espace d’un an et demi, 70 cas de violences envers les médias et les journalistes se soient produits, notamment dans le cadre de l’exercice de leur profession. Rsf rappelle à l’Etat fédéral à ses engagements concernant la liberté de la presse et d’en assurer surtout le respect par les gouverneurs des Etats, souvent enclin à les bafouer. Le cas le plus récent, c’est celui de la démolition de la radio Breeze 99.9 FM à Abudja, au motif fallacieux qu’elle avait une licence erronée et les locaux sont installés dans une zone résidentielle. Ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres qui alimente un climat d’instabilité et d’insécurité chronique pour la profession au Nigéria. Le Directeur de la radio ne pouvait que constater ce 20 mai, la disparition de ce média. La police s’est invitée lors de cette démolition pour disperser les manifestants et empêcher les journalistes de couvrir l’événement.
Lors d’une interview accordée à Daily Trust, le directeur de la radio avait balayé des revers de la main, les motifs allégués, il ajoute : "Les procédures habituelles n’ont pas été suivies. (...) Cette démolition a eu lieu parce que je n’appartiens pas au même parti politique que le gouverneur. Il a peur que la radio ne soutienne pas ses ambitions politiques. Une des raisons est que la radio a diffusé un reportage sur la grève en cours dans l’Etat.”Il est probable que la démolition de la radio soit liée plutôt, à la diffusion d’un débat, au cours duquel, les invités se sont montrés critiques à cause du retard de paiement des fonctionnaires e l’Etat de Nasarawa La rédactrice en chef de RSF, Virginie Dangles s’est montrée très sévère en dénonçant les méthodes brutales employées pour museler cette radio, tout en qualifiant celles-ci (méthodes) d’intolérables. Tout cela favorise un climat de violence généralisée hostile à la liberté de la presse. Un appel pressant est lancé en direction du président nigérian pour joindre les actes à la parole donnée en soutien à la presse. Cela passe par un rappel à l’ordre des gouverneurs jugés tout-puissants et leurs administrations afin de cesser toutes atteintes à la liberté d’information. Umaru Al-Makura, le gouverneur de l’Etat de Nasarawa s’illustre par sa propension à malmener les journalistes dans l’exercice de leur profession. Deux journalistes de presses locales en ont fait le frais. Ils ont été chassés de la résidence du gouvernement, et en novembre 2016, ils ont interdiction à vie pour couvrir les actualités de l’Etat.
Les conditions de travail des journalistes au Nigéria sont exécrables, à cause du comportement totalitaire des gouverneurs. Ces derniers disposent d’une grande autonomie et d’un fort poids politique qui leur assurent une impunité quasi-totale dans le traitement de la presse locale. Un récapitulatif de violence de liberté de la presse permet de mieux comprendre l’ampleur et la gravité des atteintes à la liberté d’information. Les Etats qui se démarquent le plus par leur manque de respect de la liberté de la presse sont le Territoire de la capitale fédérale du Nigeria, Abuja au centre du pays (16 cas), l'État de Lagos au sud-ouest (9), puis viennent l'État de Bayelsa au sud (4) et de Rivers au sud-est (4). Sur les 38 Etats que compte la République fédérale, 24 ont été le théâtre de violences contre les journalistes et la liberté d’informer, depuis janvier 2016.L’interdiction d’accéder à l’information publique figure en tête des atteintes à la liberté de la presse.
Depuis le début de l’année 2016, au moins 39 journalistes ont ainsi été empêchés de faire leur travail et arbitrairement bloqués d’accès à un procès, conférence de presse, débat au sénat ou autre manifestation pour lesquels ils étaient pourtant accrédités. Il y a quelques semaines, le 7 mai 2017, des correspondants du palais présidentiel à Abuja ont été refoulés, alors que le président Muhammadu Buhari recevait les 82 lycéennes de Chibok récemment libérées par Boko Haram. Seuls des médias d’Etat se sont alors vu octroyer l’autorisation de couvrir l’évènement, tels que la Nigeria Television Authority, et Voice of Nigeria (VON), dont les directeurs sont désignés par le gouvernement fédéral.Rappelons que le Nigeria se place en 2017 à la 122e place sur les 180 pays recensés, au classement en matière du respect de la liberté de la presse.
Moussa T. Yowanga