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30 Juillet 2017
Pendant les vacances d’été, votre journal en ligne vous fait plonger au cœur d’une série d’interviews inédites autour de la problématique du racisme dans le monde, et notamment en France. Les personnes interrogées sont choisies au hasard des rencontres au centre-ville de Toulouse. La spontanéité de leurs réponses est le but recherché afin de confronter différents points de vue. Il est vrai que la question du racisme a été mille fois traitée ou débattue par beaucoup de spécialistes tels que les historiens, les sociologues à travers le monde. Beaucoup des médias ont également traité cette délicate question mais cela n’empêche pas votre journal de contribuer à alimenter ce débat de société en donnant la parole à l’homme de la rue. En effet, nul n’a besoin d’une quelconque loupe pour déceler ce mal qui se transmet de génération en génération. La vie, elle-même est une succession d’étapes et de phases comme l’est la subdivision de l’année en mois, semaines, jours et heures. Et il n’y a pas de raison pour que d’anciens maux de nos sociétés restent insolubles comme des maladies incurables. Il n’ya pas de fatalité à vouloir accepter quelque chose comme le racisme qui ronge nos sociétés, car c’est un poison qui met à mal le vivre ensemble dans un pays donné où les citoyens se détestent en raison de la couleur de leur peau. C’est dans ce contexte de crise identitaire dans la plupart des pays européens, et la France en particulier, qu’il nous a semblé utile de relancer ce débat pour réveiller encore une fois de plus les consciences et surtout d’essayer de dénoncer les actes racistes et de laisser les gens s’exprimer librement sur un phénomène de société très complexe où l’Etat n’arrive pas à trouver seul la réponse. On sait que le racisme, il est dans l’Homme et c’est dans cet Homme que sortiraient aussi des pistes ou des propositions de solutions. Comme les paroles des évangiles de la Sainte Bible « ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme ».
Regards d’Africains de France. Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Monsieur Frank- Je suis Toulousain âgé de trente et un ans et suis ingénieur en Aéronautique à Airbus Toulouse.
Un jour à la sortie du Métro Jean Jaurès, une dame de type africain avait traité de raciste un Toulousain blanc, un Français probablement. Mais personne ne savait pourquoi elle le traitait ainsi. Croyez-vous au racisme à Toulouse, dans cette grande ville cosmopolite ?
Oui, cela ne m’étonne pas car vous savez quand, j’essaie de regarder un peu l’internet, la télévision, même si j’essaie de me détacher de tout ça et même en marchant dans la rue, on constate que l’ambiance n’est pas au beau fixe. Déjà, c’est compliqué pour des gens de même couleur, cela ne m’étonne pas qu’il y ait eu du racisme ou d’actes racistes à la sortie du Métro. Après, il faut aussi se méfier, car il y a des gens qui jouent là-dessus en voyant du racisme là où il n’y en a pas. Mais pour vous répondre, je dois vous dire qu’il y a du racisme en France.
S ’il fallait donner une définition type du racisme, quelle serait la vôtre ?
Moi, j’entends parler de la peur finalement des étrangers, mais j’ai l’impression que cela ne soit pas la peur des étrangers. Je vois juste que c’est de la méchanceté des gens à l’égard de quelqu’un qui est différent de vous par la couleur. Je vois cela comme de la méchanceté.
Emmanuel Macron, votre président s’est rendu en Algérie et là-bas, il a condamné la colonisation qu’il n’a pas hésité de qualifier de crime contre l’humanité. Cela suffit-il selon vous pour guérir les plaies ouvertes et apporter de réponses adéquates à la problématique du racisme d’hier et d’aujourd’hui ?
C’est un sujet compliqué et je me pose toujours ce genre de questions. Je vais essayer de répondre le plus franchement possible. Je trouve que dans ce monde actuel, on a tendance à trop se pencher sur le passé. J’ai l’impression qu’il s’est passé plein de choses horribles dans certains pays du monde. Mais, cela ne suffira pas de guérir les plaies ouvertes et de trouver des solutions au racisme rien qu’avec des beaux discours. Cela ne suffirait jamais. C’est-à-dire vues les choses qui se sont passées, il ne suffit pas un beau discours quarante ans plus tard pour effacer quoique ça soit. Déjà, je vois que des gens qui pourront mieux vous répondre sont ceux qui ont vécu la colonisation, le racisme ou ceux qui sont issus des gens ayant vécu la colonisation. Ils sont mieux placés pour vous en parler. Et maintenant, rien ne suffira, rien n’effacera les actes passés. Certes, c’est de se rappeler de ces choses passées comme le discours d’Emmanuel Macron, maïs il ne se passera rien et je ne suis pas sûr que ça arrange énormément des choses.
Quelle serait votre réaction si un jour vous entendez un français de Type blanc traiter un noir de raciste ?
Je crois au racisme des noirs à l’égard des blancs. Je crois à toutes les formes de racisme. Je ne sais pas si c’était ça votre question et la réponse que vous entendez de moi. Ecoutez, je ne sais sur quel terrain vous voulez m’amener, mais de toutes les façons, pour moi, il existe toutes les formes de racisme, que ça soit celui des noirs envers les blancs ou celui des blancs envers les noirs, des arabes envers les blancs, des noirs envers les arabes ou enfin celui des arabes envers les noirs, des jaunes envers d’autres peuples. Si vous voulez cela me met mal à l’aise. Mon ressenti, c’est un mal être de pouvoir se sentir mal à l’aise à côté de quelqu’un de raciste ou quelqu’un qui subit le racisme parce qu’ils n’ont pas la même couleur de peau. Nous sommes tous des êtres humains. C’est un peu un discours à l’eau de rose. Je pense franchement à la gentillesse et non la méchanceté des gens. C’est cela que je veux voir dans les yeux de gens, dans leurs discours. Je veux voir des gens ou quelqu’un de gentil à l’égard de son prochain, c’est ça le plus important pour moi, c’est pouvoir aider son prochain sans pouvoir faire de différences basées sur la couleur de la peau. N’importe qui, qui fait du racisme, cela me met mal à l’aise. Cela me dégoutte, c’est l’émotion que l’on ressent.
Si un jour vous recevez un appel téléphone du ministère de l’intérieur ou de n’importe quelle institution vous demandant de leur suggérer des solutions contre le racisme. Quelles seraient vos recommandations ?
Je vais vous dire que je suis un peu pessimiste. J’ai trente et un ans maintenant, je ne suis pas vieux, je n’ai pas trop d’expérience encore. Mais le regard que je porte sur la nature elle-même, malheureusement il existe des gens qui ne sont pas pour le bien-être des gens qui les entourent et celui de leurs prochains. Beaucoup de gens qui se regardent le nombril et posent des actes insensés sans même penser aux conséquences. Du coup le racisme, c’est une branche de tout ce malaise qu’il y a dans nos sociétés. Comment modifier les mentalités ? Franchement, je n’y crois pas trop. Pour moi, quelqu’un qui est raciste, va le rester, car c’est une personne qui ne change pas de comportement. Il va le rester. Car c’est quelqu’un qui n’a pas une bonne mentalité. On ne peut pas faire de bonnes choses avec lui.
Propos recueillis par Ahmat Zéïdane Bichara