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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

RCA : « Ici, c’est le business de la guerre, la religion est seulement un prétexte, un écran », dixit le cardinal Dieudonné Nzapalainga

La situation sécuritaire en RCA demeure préoccupante pour le gouvernement et surtout pour l’Organisation des Nations unies (ONU) dont la présence à travers la Mission Multidimensionnelle Intégrée de Stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (MUNUSCA) commence à susciter quelques interrogations sur son efficacité réelle à endiguer les violences sur l’ensemble du territoire centrafricain, occupé en grande partie par des groupes armés incontrôlés. Des cas de violences armées sont récurrents avec pour conséquence des morts, des blessés et des populations apeurées qui ne savent plus à quel saint se vouer, d’où la méfiance entre les communautés et le retour improbable d’une véritable paix dans le pays. Plus que jamais le gouvernement et les forces de l’ONU sont appelés à redoubler d’efforts pour éradiquer les violences et s’atteler au désarmement des groupes armés qui profitent de ce désordre pour perpétrer des massacres et s’enrichir au détriment du peuple et de l’Etat.

La décision du Conseil de sécurité de l’ONU d’envoyer 900 Casques bleus supplémentaires sur le terrain est un geste positif qui mérite d’être complété par une révision substantielle du mandat de la MINUSCA. La sécurisation et le maintien de la paix ne suffisent plus, les Casques bleus devraient sommer les groupes armés à déposer les armes et regagner la légalité au risque de les y contraindre par la force. Aujourd’hui,  la situation est tellement volatile et incertaine au point que le cardinal Dieudonné Nzapalainga la résume ainsi : «Sans les forces des Nations unies, la Centrafrique ne serait pas debout. Le gouvernement centrafricain ne contrôle que Bangui, et à grand-peine ». Les propos du cardinal ont été recueillis par notre consœur Adrienne Surprenant, envoyée spéciale du Journal Le Devoir à Bangui. Il a tenu ces propos au retour d’un déplacement à l’intérieur du pays, précisément de la ville d’Alindao, présentement sous le contrôle de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), l’un des 14 groupes armés qui règnent en maître absolu à l’arrière-pays. Il va plus loin en expliquant : « Ici, c’est le business de la guerre, la religion est seulement un prétexte un écran » et de poursuivre lors de son homélie le dimanche 12 novembre à la cathédrale de Bangui, il faut « arrêter le cycle de violence », car les centrafricains « ont déjà trop souffert ».

Les forces du mal opposées à toute réconciliation se mettent toujours en travers des initiatives salutaires à l’exemple de la grenade lancée en novembre dans la foule lors de la fête organisée dans un bar de Bangui pour réunir les communautés chrétienne et musulmane. Emmanuel Ngallos, musicien de 35 ans, blessé au ventre et aux bras par des éclats de grenade, s’inquiète tout en déplorant : « Je ne veux que les gens retombent dans la violence à cause de ce qui s’est passé samedi. Je suis un artiste, un martyr de la paix. Mais mon seul regret est que les autorités ne viennent me visiter qu’au moment où il y a eu un incident, et pas avant, pour participer à des initiatives de paix.». Les rumeurs alimentent le quotidien des populations de la capitale, ce qui contribue à raviver à toute vitesse les violences sectaires, le moindre incident peut vite dégénérer comme ce fut le bilan de 5 morts et 20 blessés enregistré suite à la grenade lancée pendant la soirée du concert et les représailles perpétrées le lendemain. Depuis le coup d’Etat qui a renversé le président Bozizé en 2013, les violences armées ont contraint un centrafricain sur cinq à aller en exil, à l’intérieur de la RCA ou dans les pays limitrophes. Le conflit centrafricain s’est muté de la crise identitaire et politique en conflit confessionnel entretenu et exacerbé par deux camps bien identifiés : les Anti-Balakas et les ex-Sélékas. C’est bien aussi l’avis d’Ali Ousman, le coordinateur des Association musulmanes de Centrafrique (COMUC) : « La Centrafrique vit une crise identitaire et politique qui a dégénéré en un conflit confessionnel. Nous sommes assis sur une bombe, car on ne veut pas régler le problème de fond. Là où on voile le problème, c’est l’endroit où il faut creuser. Il y a un manque de prise de conscience de la part de l’élite, des intellectuels, des politiciens. Les gens sont manipulés.»

Moussa T. Yowanga

 

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