Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
20 Novembre 2017
Depuis que la CNN relayée par France 2 et par Claudy Siar ont « révélé l'énormité du scandale » des trafics des Noirs par les Libyens, tout le monde y va de sa partition sur les réseaux sociaux et, c'est à celui qui crierait le plus fort son indignation face à la « découverte » pour un grand nombre, de ce scandaleux et ignominieux trafic. Pour commencer, un bémol qui n'entend pas refroidir les ardeurs mais rappeler ou ouvrir les yeux de beaucoup sur ces pratiques esclavagistes modernes qu'on dénonce depuis peu, avec tant de vigueur : Tchadiens, Maliens, Soudanais, Mauritaniens, Béninois, Nigérians, Gabonais, etc.… vous, citoyens lambdas, soyez honnêtes.
L'esclavage, peu importe la forme qu'il épouse, mais cet acte d'asservissement tacite, de déni de la dignité de l'autre, de l'exploitation à outrance, au-delà des limites physiques et morales acceptables des enfants (ceux de la tante ou de l'oncle du village par exemple que vous avez fait venir chez vous pour le ou la mettre à l'école, mais qui devient le ou la nounou de fait de vos enfants) surtout mais aussi des femmes et des jeunes adultes, hein ? Dites-moi donc ! Diriez-vous que vous ne le rencontrez pas chez vous ? Chez des parents, dans la rue, au marché, dans les champs ? Mais pire, la pérennisation des pratiques esclavagistes féodaux, en Mauritanie, au Mali, au Tchad, entre autres pays, est-ce de la fiction ou de la réalité ? Et, cette hiérarchisation néfaste et rétrograde de nos sociétés sur des bases féodales de castes qui freine toute cohésion sociale et entretient des rancœurs et des haines, est-ce des choses que vous ignoriez ? Ou encore, vous Tchadiens: généraux et colonels du BET, chefs de villages et chefs de cantons du Sud, la pratique qui consisterait « à placer ou à prêter » des mineurs filles ou garçons comme domestiques ou petits bouviers, à des éleveurs et/ou à des riches familles contre des pécules dérisoires, ce n'est peut-être pas de l'esclavage puisque ceux-ci sont « placés » avec le consentement des parents après un « contrat » signé par le maître communautaire et le chef de village et garantit par le commandant de brigade!
Voilà pour le bémol ou le rappel. Venons-en aux protestations d'indignation contre la Libye, y compris de Macky Sall (dont le pays est l'un des plus grands pourvoyeurs d'immigrés économiques depuis des décennies...) ou de Alpha Condé. Non, mais soyons sérieux ! Contre quel État Libyen protestez-vous ? Celui de Tripoli ? De Benghazi ? De Khalifa Aftar, le transfuge des services secrets américains, des Toubous ou des Khadafistes ? Si, les Français et les Américains sont reconnus comme étant les responsables de ce désordre conséquent à l'assassinat de Khadafi pour éviter le scandale à Sarkozy, ne vaut-il pas mieux protester contre les gouvernements de ces pays et leurs chancelleries ? Mais l'origine du mal, en réalité, ne se trouve-t-elle pas dans cette paupérisation programmée des peuples d'Afrique avec le soutien des gouvernements occidentaux, par des dictateurs fossoyeurs de leurs concitoyens ? Au Tchad, Idriss Deby Itno, après Hissein Habré, c’est un secret de Polichinelle, ne sont-ils pas des fabrications des « régimes » français de Mitterrand à Sarkozy, en passant par tous les autres présidents françafricains, sans oublier le plus grand stratège politique français antis africains de tous les temps qu'était Charles De Gaulle ? Cette agitation fort médiatisée de ces derniers jours appelle chez nous, Africains, un peu de recul. Pour une petite analyse. Il y a peu, monsieur Macron, le jeune prodige français, voulait vendre aux Africains, à Deby, Tandja et BBK, une formule magique de rétention des Africains sur leurs territoires.
Dans des sortes de Guantanamo préventifs, pour que ceux-ci n'arrivent pas aux côtes libyennes et, déferlent, malgré tout, sur l'Europe. Oui, la Forteresse Europe où, l'opinion, la vraie, la seule qui compte, puisque la leur, parce que déterminante dans les élections ; parce que cette opinion-là, ne peut, conscience humaniste oblige, accepter que des humains (c’est rendu sur les côtes européennes que cet attribut d'humain, peut enfin, leur être reconnu...), périssent, sans secours. C'est inhumain. Et, c'est à partir de ce moment, quand les migrants survivants à toutes les catastrophes : le Sahara, les coupeurs de route et les vipères qui y pullulent, les marchands d'esclaves de Libye, les passeurs assassins des deux côtes de la Méditerranée, etc., que, sauvés des eaux et des requins par les humanistes européens, les Africains, devenus Humains, commencent à constituer un problème, le problème des politiques occidentaux, confrontés à leurs opinions. Celle des humanistes et celle des racistes. Alors, ce recul, à quoi nous oblige-t-il ? À mon avis, à discerner. Ne pas nous engouffrer vers et dans le trou ouvert pour nous par, peut-être Macron, peut-être, peut-être pourquoi pas les mafieux membres du Club UA, pour nous détourner des véritables responsables de ce calvaire des jeunes Africains : La France, les Chefs d'États africains, les intérêts financiers occidentaux. Pour toute cette catégorie, la personne humaine, et surtout, celle des ressortissants des pays pauvres comme ceux du Continent Africain, reste quantité négligeable.
Nadjikimo Benoudjita, correspondant spécial au Canada