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25 Décembre 2017
Le pape François a invité lors de son homélie de la veillée de Noël, les 1,3 milliard de catholiques de la terre entière de ne pas méconnaître le drame des migrants souvent victimes d’expulsion de leurs terres par des dirigeants prompts à verser du sang innocent en appelant à « l’hospitalité ». Petit-fils de migrants italiens, le pape argentin Jorge Bergoglio se montre très sensible au sort réservé aux réfugiés. « Personne ne doit sentir qu’il n’a pas sa place sur cette Terre », a-t-il souligné dans sa traditionnelle homélie de célébration de la naissance de Jésus de Nazareth. L’archevêque Pierbattista Pizzaballa, vice-président de la Conférence des évêques latins des régions arabes a regretté l’annonce du président américain suscitant des tensions autour de Jérusalem, ce qui a détourné l’attention de Noël.
L’ambiance n’était pas à la fête sur la place de la Mangeoire à Bethléem, malgré les chants de Noël amplifiés par les haut-parleurs. Seuls quelques centaines de Palestiniens et de touristes étrangers ont défié le froid pour regarder un défilé de scouts, près de l’église de Nativité installée sur le site où Marie donna naissance à Jésus. La situation s’est complètement dégradée dans la partie palestinienne. On enregistre la montée des tensions liée à la récente décision des autorités américaines de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. « C’est triste », « les gens sortent peu », s’est confié à l’AFP Nahil Banoura, un Palestinien de confession chrétienne originaire de Beit Sahour. Mgr Pizzaballa a indiqué que des dizaines de groupes ont annulé leur voyage, et les touristes étrangers, habituellement nombreux à Noël, en temps favorable, se sont faits rares à Bethléem. Cela n’a pas empêché la police israélienne de déployer des unités supplémentaires à Jérusalem et aux points de passage pour accéder à Bethléem en vue de faciliter les mouvements des touristes et des visiteurs.
Pour les Palestiniens toutes tendances religieuses confondues, la décision de Trump ne présage pas seulement sur l’issue des négociations concernant le statut de Jérusalem mais elle nie l’identité arabe de Jérusalem-Est, sous l’occupation israélienne. Le président palestinien s’est fendu d’un communiqué dans lequel il appelle « les chrétiens du monde à écouter les (…) voix des chrétiens de la Terre sainte qui rejettent catégoriquement la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ». De son côté, le président Turc s’est exprimé dimanche lors d’une conférence de presse à Khartoum avoir discuté de Jérusalem avec le pape. « Ce n’est pas qu’une affaire concernant les musulmans, mais aussi les chrétiens et l’humanité entière », a-t-il affirmé, insistant qu’il fallait œuvrer à de nouvelles démarches après les votes au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU. Les minorités chrétiennes de l’Irak et de la Syrie renouent cette année avec les célébrations de Noël après la débâcle des Djihadistes de l’Etat Islamique. C’est le cas de la deuxième ville d’Irak, Mossoul conquise en juillet par les forces gouvernementales appuyées par la coalition internationale.
Les chants de Noël ont été entendus quoique la communauté chrétienne est encore faible numériquement et marquée par les exactions dont elle a subi durant l’occupation terroriste. Mgr Louis Sako a profité de l’opportunité pour appeler les dizaines de fidèles assistants à l’office religieux à prier pour « la paix et la stabilité à Mossoul, en Irak et dans le monde ». L’esprit de Noël n’est pas encore au rendez-vous à Raqa en Syrie, une autre ex bastion de l’EI reprise en octobre par une coalition de forces kurdes et arabes. A Homs, la communauté chrétienne a pu célébrer Noël pour la première fois depuis la reprise totale de cette ville par les forces loyalistes au pouvoir de Damas. Des récitals, des spectacles pour enfants et une procession ont ponctuée la nuit de veillée. Justement à Damas, on perçoit même des décorations de sapins miniatures ornés de paillettes dorées ou argentées dans les rues des quartiers en majorité chrétiens comme Bab Touma. Ce retour progressif à la normale ne doit pas occulter la situation encore précaire des chrétiens d’Orient, comme en Egypte, où les coptes appelés à fêter Noël le 6 janvier, sont régulièrement attaqués par des extrémistes musulmans. Le cas le plus récent, c’est l’attaque vendredi d’une église du sud du Caire où des dizaines de personnes ont saccagé le mobilier et s’en sont pris aux fidèles avant l’arrivée des forces de sécurité, selon l’archevêché d’Atfih. La sécurité a été renforcée en Europe, notamment en France où 100 000 agents de forces de sécurité ont été requis dimanche et lundi pour assurer la sécurité des citoyens et des lieux touristiques et des églises afin de parer à toutes éventualités liées aux menaces djihadistes.
Moussa T. Yowanga