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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

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Tchad : Le Chef de l’Etat et son gouvernement laissent pourrir la situation par pur cynisme

Après leur rencontre infructueuse le vendredi 23 février avec le premier ministre Pahimi Padacké Albert, les leaders syndicaux ont été reçus hier jeudi 1er mars par le chef de l’Etat au Palais présidentiel. L’initiative du président Idriss Deby Itno vient mettre un terme à son silence assourdissant et incompréhensible observé depuis le déclenchement de la grève illimitée par les travailleurs du secteur public. Il a décidé de s’impliquer personnellement face à l’enlisement et surtout le manque de résultats tangibles du gouvernement par rapport au règlement de la crise sociale qui contribue à ruiner davantage l’économie déjà durablement éprouvée par la chute des cours du pétrole, l’engagement du pays dans la lutte contre le terrorisme et surtout la mauvaise gouvernance. La rencontre avec le président Idriss Deby Itno a accouché d’une souris. Aucune proposition sérieuse et concrète n’a été faite aux visiteurs, à l’exception d’une promesse de rétablissement des salaires une fois que les choses iront mieux. Rien de raisonnable ni de sincère de la part du chef de l’Etat. Les syndicats ne font pas la même lecture de la situation et les solutions envisagées par le président de la République et son gouvernement sont insuffisantes voire complètement inadaptées. A la sortie de la rencontre, les leaders syndicaux se sont gardés de tout commentaire et ont préféré consulter au préalable leurs bases. Les propos du Chef de l’Etat seront disséqués et évalués lors de la rencontre des syndicats ce vendredi 2 mars dans les locaux de la Bourse du travail. Selon Idriss Deby Itno : « Les mesures d’austérité ont été prises en conformité avec les bailleurs de fonds», a indiqué une source proche de la Confédération libre de travailleurs tchadiens (CLTT).

 

Dans la même veine, le syndicat des transporteurs urbains et interurbains a lancé un ultimatum aux autorités afin d’exiger la suppression de la taxe supplémentaire sur le carburant. Le syndicat de transporteurs fera une communication vendredi 2 mars, si les revendications n’ont pas été satisfaites, les transporteurs menacent de reprendre la grève interrompue en janvier pour donner la chance aux négociations. Vu la nonchalance du pouvoir à trouver des solutions idoines et satisfaisantes, la grève illimitée s’étendra probablement à d’autres acteurs de la société tchadienne. Les arguments de conformité avec les bailleurs de fonds pour justifier l’austérité n’est pas digne d’un président affublé du qualificatif de Panafricaniste. Un pays souverain décide en fonction de l’intérêt de son peuple d’abord avant de conclure des accords de partenariat avec d’autres institutions. On devient vulnérable lorsque l’on tend la sébile tel un élève de l’école coranique à la recherche de sa pitance.

 

La dette de Glencore, le financement du Plan National de développent (PND) et l’accord triennal du FMI sont autant des pièges pour assujettir le pays aux puissances de l’argent. Le président Idriss Deby Itno et son gouvernement sont les seuls responsables à avoir conclu des accords avec les uns et les autres sans demander l’avis de personne. Ils avaient probablement dans un coin de la tête espéré tirer de bénéfices astronomiques au détriment du peuple tchadien. Mais la conjoncture en a décidé autrement. Dans un Etat véritablement de droit, il sera demandé des comptes à tous ceux qui ont conduit le pays dans cette crise financière et économique sans précédent. Au lieu d’être les premiers à donner l’exemple en réduisant drastiquement leur train de vie en vue d’une sortie rapide de cet imbroglio, les gouvernants s’acharnent cruellement à dépouiller les salaires modestes des fonctionnaires et s’érigent même en donneurs de leçons alors qu’ils sont très mal placés pour le faire. Incapables de traquer les voleurs de la République, de saisir les biens mal acquis pour renflouer les caisses de l’Etat, le président Idriss Deby Itno et son gouvernement font dans la diversion et laissent la situation pourrir par pur cynisme. Ils partagent probablement l’une des meilleures citations du diplomate américain Henry Kissinger : «Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays, mais si vous contrôlez les semences, vous contrôlez l’alimentation. Et celui qui contrôle l’alimentation tient la population en son pouvoir ».

Moussa T. Yowanga/Ahmat Zéïdane Bichara

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