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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Sans rancune : « Au Tchad, une immigration centrafricaine assimilée », constat assumé par Célian Macé

Envoyé spécial au Tchad, Célian Macé est bien l’auteur de cet article qui se partage évidement pas comme du pain, mais qui circule bien depuis mardi 03 juillet 2018 tant chez les utilisateurs internautes Tchadiens que Centrafricains ou autres. Quelle est la particularité de cet article-reportage ? Et quel message le reporteur a tenu adresser aux Tchadiens, aux Centrafricains et surtout à l’opinion internationale ? Les réponses à ces deux questions se trouvent au cœur de son reportage :« Le pays, l’un des plus pauvres au monde, a accueilli 27 000 réfugiés cette année et tente une intégration basée sur l’autonomie économique. Mais l’équilibre est fragile. Les cochons sont en laisse. Accrochés aux branches des manguiers, aux poteaux des buts du terrain de football, aux piquets des auvents en paille. C’est le signe que la saison agricole a débuté. Détachés, les porcins risqueraient de déterrer les graines qui viennent d’être plantées. Dans tout le sud du Tchad - la région forestière du pays, à la frontière de la Centrafrique -, on trace des sillons dans les champs. Les enfants ne vont plus à l’école, d’ailleurs fermée pour cause de grève nationale, ils sont mobilisés pour le labour : les plus jeunes conduisent les maigres bœufs, les aînés, un peu plus lourds, pèsent sur la houe. Des dizaines de milliers de cultivateurs rongent pourtant leur frein. Les réfugiés centrafricains qui ont traversé la frontière en début d’année, chassés par la guerre, attendent de recevoir des semences pour rejoindre le mouvement général. «Il faut planter maintenant ! Avec la sécheresse, la saison a été un peu repoussée, mais les pluies ont commencé, on ne peut pas différer plus longtemps. Pour les arachides et le sorgho, notamment, nous allons arriver trop tard», s’impatiente Léon Benone Mahamat, 45 ans. L’homme flotte dans une grande blouse de travail bleue. Il est le représentant des 2 300 réfugiés établis au village de Dilingala, qui compte 2 500 habitants ».

Toujours dans le même ordre d’idées, Célian Macé qui a voulu signé son article sous le titre d’Envoyé Spécial au Tchad, tient aussi par son reportage que les lecteurs ou autres personnes sachent les raisons pour lesquelles le HCR a choisi d’installer des centres d’accueil des réfugiés centrafricains dans cette partie sud du Tchad.Il l’explique avec une façon simple, mais normalement assez compréhensible : « Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies les a installés ici le 5 juin, en vertu d’une nouvelle doctrine baptisée «approche hors camp», qui préfère relocaliser les Centrafricains à proximité immédiate des villages tchadiens plutôt que de construire des sites isolés. Ceux-ci avaient tendance à maintenir les réfugiés dans un état de dépendance vis-à-vis de l’aide humanitaire pendant de longues années, juge le HCR. «Etant donné la situation en République centrafricaine, leur retour à moyen terme est très peu probable. La solution est donc l’intégration, explique Olivier Brouant, chef de bureau d’Echo, l’agence de protection civile et d’aide humanitaire de la Commission européenne, qui a organisé et financé la visite des camps de réfugiés centrafricains pour huit médias européens, dont Libération. Depuis trois ans, nous avons élaboré une nouvelle stratégie. Sur les 27 000 personnes qui ont franchi la frontière en 2018, 20 000 vivent hors camp. Plutôt que de construire une école pour les réfugiés, nous agrandissons l’école du village, par exemple. De même pour les centres de santé.»

Plus on avance vers le fond de son article-reportage, plus apparaissent d’autres raisons ayant poussé  cet envoyé spécial au Tchad a titré son travail d’observation : « Au Tchad, une immigration centrafricaine assimilée ». Dans cette partie sous-titrée : « Ceinture de sécurité », Célian Macé eut pris des exemples assez concrets pour montrer à l’opinion internationale ou nationale les conditions dans lesquelles vivent ces réfugiés centrafricains : « Léon Benone Mahamat ne dispose pas encore d’un abri du HCR - il vit dans une tente collective, tout comme ses deux femmes et ses sept enfants - mais il a négocié un lopin de terre cultivable de 2 hectares avec un habitant de Dilingala. Son champ est là-bas, quelque part dans la forêt, il suffit de défricher. Cet ancien pharmacien est un débrouillard : il y a deux jours, il a monté un petit atelier de menuiserie et vend déjà tables et sièges à 2 000 francs CFA (3 euros). «Si je fais de la qualité, les gens du village aussi viendront acheter ici», espère-t-il. La greffe du site de réfugiés est scrutée de près par les humanitaires, qui font leur possible pour éviter un rejet. Leur tâche est facilitée par le fait que les deux «tissus» partagent un ADN commun : de part et d’autre de la frontière, les communautés parlent la même langue, appartiennent aux mêmes ethnies, ont parfois des liens familiaux. «L’autre point positif est l’attitude des autorités tchadiennes. Ce pays, l’un des plus pauvres du monde, a accueilli ces dernières années des centaines de milliers de personnes du Darfour, du Nigeria, de Centrafrique, sans que jamais leur arrivée n’ait été instrumentalisée sur le plan politique, précise Olivier Brouant. Contrairement à ce que l’on redoutait, l’accès à la terre a été relativement aisé car des consignes nationales ont été données.»

Célian Macé se tourne vers certains responsables chargés veiller sur la vie de ces misérables populations ayant été obligées par ce meurtrier conflit centrafricain de tout abandonner afin de trouver refuge au Tchad. Un reportage  qui n’épargne positivement personne dans ces camps des refugiés : « Le préfet du département frontalier de Bahr-Sara porte un épais costume trois-pièces malgré la chaleur moite. C’est un ancien officier. Il fait servir à ses invités des sodas, disposés sur un immense plateau porté par deux adolescents silencieux. Des drapeaux du Tchad sont dispersés un peu partout autour de la pièce nue. «Idriss Déby Itno n’a jamais cessé de nous protéger depuis vingt-huit ans. Le Président a créé une ceinture de sécurité autour du pays, récite le représentant de l’Etat, dans un français laborieux. Il a exigé de la solidarité, demandé que les réfugiés soient accueillis, et ils le seront. Nous n’avons pas attendu les humanitaires : les autochtones ont vidé leurs greniers pour partager avec les Centrafricains dès le premier jour.»Les deux pays sont séparés par une rivière boueuse, la Pendé. A Doumou, où des milliers de personnes l’ont traversée en début d’année, des militaires tchadiens sont postés à la sortie du gué, franchissable à pied pendant la saison sèche. La frontière est théoriquement fermée depuis trois ans. Ce jour-là, le commandant arabophone porte un jogging vert et pas de ceinturon : il tient son pistolet à la main. De l’autre côté de l’eau, des épis de maïs attendent d’être récoltés. «Les femmes et les enfants y retournent parfois dans la journée pour grappiller des aliments, mais pas pour cultiver, explique un réfugié, dont le village se trouve à 7 km de la frontière. Les hommes, eux, n’y vont pas. Si les Séléka les aperçoivent, ils les tuent. Ils patrouillent à moto ou à cheval.»Coalition de groupes armés qui a renversé le président centrafricain François Bozizé en 2013 avant d’être chassée de Bangui, la capitale, l’année suivante, la Séléka n’existe plus en tant que telle. Mais ses combattants se sont éparpillés à travers le pays et, sous la houlette de chefs de guerre, ont donné naissance à de nouveaux mouvements, alliés ou rivaux au gré des circonstances et des opportunités de pillage. Rares sont les réfugiés capables de comprendre les ressorts de la guerre civile qui ravage leur pays et à même d’identifier les groupes qui ont brûlé ou volé tout ce qu’ils possédaient. Josué Ningajoum était aux champs quand son village de Mayanojo a été attaqué : «J’ai entendu les balles et j’ai vu les fumées des incendies, c’était le 25 mars. J’ai pris mes trois enfants et j’ai fui dans la brousse. Trois jours plus tard, je passais le fleuve. Je n’ai pas de nouvelles de ma femme et je prie Dieu pour qu’il me la ramène, on m’a dit qu’elle était en vie», raconte lentement le réfugié de 32 ans ».

Encore un autre sous-titré : « Cases de briques ». Célian Macé attrape encore un autre exemple. En le lisant on dirait qu’on est au cœur de ces centres des réfugiés centrafricains installés au Tchad. Finalement n’a-t-il pas raison de titrer son reportage: « Au Tchad, une immigration centrafricaine assimilée » ? Pas de réponse pour l’instant,car Célian Macé continue d’observer : « Josué a été installé dans le village de Silambi. Il a sous le bras un Bescherelle, prêté par un habitant. Il aimerait devenir enseignant. Il est arrivé au Tchad sans aucun argent. «Cette année, avec la guerre, personne n’était venu nous acheter nos sacs de mil et d’arachide», explique-t-il simplement, en marchant entre les frêles abris du HCR. Les bâches l’inquiètent : elles ne sont pas tout à fait étanches, il y fait chaud la journée et humide la nuit. Il s’arrête au niveau de l’«église» du site, cinq bancs sous un manguier, face à une planche symbolisant l’autel. Les enfants des réfugiés ont été autorisés à récolter des noix de karité pour se nourrir. Josué en décortique une avec son ongle. «Nous sommes tous des agriculteurs ici, nous ne savons faire que ça, nous n’avons fait que ça toute notre vie, si on nous donne des graines pour démarrer, on s’en sortira.»Si l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) échoue à distribuer rapidement les semences - un «gap», dans le langage euphémisé de l’ONU -, les réfugiés seront dépendants des distributions de nourriture du Programme alimentaire mondial pour une autre année complète. Leur intégration, qui passe par une autonomisation économique, risque alors de se compliquer.Dans le village de Doholo, dans le sud du Tchad, l’expérience est menée depuis trois ans. Malgré les apparences, elle est loin d’être concluante. Certes, les abris et les bâches siglés du HCR ont disparu et le site ressemble désormais à n’importe quelle localité de la région, faite de cases de briques séchées avec des toits de paille. Des chèvres circulent entre les maisons et quelques boutiques ont ouvert au bord de la piste. On ne distingue plus la couture entre l’ancien village et le nouveau. Mais trois ans après leur arrivée, les réfugiés reçoivent toujours des rations alimentaires, et très peu ont retrouvé une activité ».

Enfin et pour finir, Célian Macé l’Envoyé spécial au Tchad avec son reportage titré : « Au Tchad, une immigration centrafricaine assimilée », fait un dernier tour dans un autre camp de réfugiés en faisant ressortir le cas de Doholo qu’il considère de particulier. Il a bien su l’expliquer ou on peut même dire qu’il s’est bien défendu : « A la différence des autres sites, les réfugiés sont ici en majorité des Peuls, musulmans, souvent éleveurs. Trois obstacles pour l’intégration dans le sud du pays. Mahamat Barka Cheville, 29 ans, était mécanicien à Bangui. Le jeune homme est arrivé au Tchad sans aucun membre de sa famille. A Doholo, où parfois aucun véhicule ne passe de la journée, il ne travaille pas. «En décembre 2013, le quartier où je vivais à Bangui a été envahi par les anti-balaka[des groupes d’autodéfense qui ont attaqué les musulmans pour se venger des exactions commises par la Séléka, ndlr].Les Casques bleus nous ont amenés à l’aéroport et nous sommes partis en avion-cargo pour N’Djamena le jour de Noël, raconte-t-il. En temps de guerre, les chrétiens tuent les musulmans : on a grandi ensemble mais ils ont la haine cachée dans leur cœur. Cela fait quatre générations que ma famille est en Centrafrique et ils nous considèrent encore comme des étrangers.»Par miracle, les tensions intercommunautaires restent jusqu’à présent très limitées au Tchad : le conflit en République centrafricaine ne semble pas avoir débordé de ce côté de la Pendé. Mais cette troisième vague d’arrivée de réfugiés centrafricains (après 2003 et 2014) porte désormais leur nombre à plus de 100 000, rendant la situation explosive sur le plan humanitaire. Malgré son extrême pauvreté, le Tchad, entouré de pays en crise (Nigeria, République centrafricaine, Libye, Soudan), est devenu celui vers lequel on fuit. Avec 28 réfugiés pour 1 000 habitants, il est le deuxième Etat africain d’accueil après l’Ouganda (32 pour 1 000). La France, à titre de comparaison, compte cinq réfugiés pour 1 000 habitants. Pour un PIB 250 fois supérieur ».

La Rédaction

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