Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
30 Novembre 2019
Après 40 jours de contestation populaire, le gouvernement chilien a rencontré jeudi 28 novembre 2019 pour la première les syndicats afin de trouver ensemble une issue favorable à l’interminable et grave crise qui suscite déjà l’inquiète des marchés, renseigne vendredi 29 novembre la RTBF citant l’AFP. Le gouvernement libéral et « la plateforme d’unité sociale », un collectif d’organisations sociales et syndicales ont décidé de se réunir autour d’une table de négociation pour la première fois depuis le déclenchement de la crise le vendredi 18 octobre 2019 . Le Collectif comprend en son sein la centrale unitaire des travailleurs (CUT), le plus puissant syndicat du pays, l’organisation professionnelle des professeurs ou encore le collectif « No+AFP » qui exige la fin du système de retraite privatisé chilien, une revendication majeure des contestataires. «Nous avons dit très clairement que nous n’étions pas prêts à négocier dans le dos des gens, que ce n’est pas notre état d’esprit, que ce sont eux (le gouvernement) qui doivent maintenant apporter des réponses aux propositions qui ont été faites », a affirmé au terme de la réunion, le président du collège des professeurs, Mario Aguilar. Malgré une série de mesures sociales annoncées en octobre par le gouvernement pour tenter de résoudre la crise, les organisations syndicales et nombre des manifestant réclament au gouvernement d’aller plus loin, avec notamment une hausse de 50% du salaire minimum (301 000 pesos, 400 dollars) et le remplacement du système de retraites par capitalisation individuelle, hérité du régime dictatorial d’Augusto Pinochet (1973-1990), par un système par répartition.
Le ministre de l’Intérieur Gonzalo Blumel, qui est en première ligne dans la gestion de la crise, s’est félicité que les parties se soient tombées « d’accord pour lancer un dialogue sur les questions prioritaires de l’agenda social » telles que les salaires, l’accès à des services de santé de qualité, ainsi que les retraites. Au même moment, le Parlement discute à l’hémicycle plusieurs projets de loi présentés par le gouvernement pour renforcer le maintien de l’ordre public, comme une loi anti-casseurs et une autre permettant aux militaires de protéger les infrastructures publiques sans avoir besoin de décréter l’état d’urgence. Les élus débattent également d’une « accusation constitutionnelle » contre l’ex-ministre de l’Intérieur, Andrés Chadwick, qui avait été poussé à la démission lors du remaniement de l’équipe gouvernementale du 28 octobre décidé par le président chilien, dans une autre tentative pour ramener la paix. Les parties en présence sont parvenues le vendredi 15 novembre 2019 à la signature d’un accord historique sur l’organisation d’un référendum en avril prochain pour remplacer la Constitution héritée du pouvoir militaire qui n’a pas arrêté la mobilisation populaire. Le bilan du mouvement indique 23 morts, dont cinq après l’intervention des forces de l’ordre, et plus de 2 000 blessés. On y dénombre près de 3 00 personnes grièvement touchées aux yeux par les tirs de chevrotine de la police contre les manifestants. Plusieurs de ces blessés se sont attroupées jeudi devant le palais présidentiel de La Moneda. «Jeudi dernier, on m’a enlevé la chevrotine, on a dû aussi me retirer l’œil et je vais devoir porter une prothèse à vie », a expliqué Diego Jara à l’AFP. Les manifestations se sont poursuivies à Santiago et d’autres villes du pays, après la mobilisation historique du 25 novembre. Des échauffourées avec la police sont récurrentes. Les violences, les incendies et les pillages sont le lot quotidien des manifestants. «Nous faisons face à un ennemi puissant et impeccable qui ne respecte rien, ni personne », a déclaré le président chilien, face à la persistance des troubles. Les marchés se sont montrés fébriles à cause de la situation tenue. La monnaie chilienne a plongé jeudi, pour la deuxième journée d’affilée, un dollar s’échangeant à la clôture contre 828, 36 pesos, soit une baisse de 1,1%. Depuis l’éclatement de la crise, la monnaie s’est dépréciée d’environ 15%. Pour empêcher cette chute, la Banque centrale a annoncé l’injection de 20 milliards dans l’’économie d’ici fin mai.
Moussa S. Yowanga