Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
30 Décembre 2019
Sur le continent où, les jeunes de 15-24 ans constituent 37,3 % des usagers d'Internet, de plus en plus de marques tentent de séduire les internautes depuis les confins du net. Avec les perspectives économiques, le boom démographique et les opportunités d'urbanisation que l’Afrique affiche, certaines marques ne reculent désormais devant rien afin de s’adresser à ces jeunes. Le continent voit ainsi apparaître de nouveaux acteurs qui font preuve d’un appétit vorace.A l’ère du mobile et des réseaux sociaux, la firme de MenloPark , Facebook a compris que miser sur l’Afrique est important car ce continent représente l'avenir de la croissance mondiale.
A travers la publication de statuts, les commentaires laissés sur les versions traduites de son site en langues africaines telles que le Haoussa ou le Swahili, Facebook est en mesure de profiler ses 155 millions d'utilisateurs en Afrique subsaharienne. Bien souvent par exemple, les publicités se basent sur les informations du profil des internautes. En dehors du profilage, les publicités proposées se basent également sur les diverses interactions avec le célèbre bouton J’aime. Ces précieuses données sont ensuite exposées aux annonceurs qui sont alors en mesure de savoir quels utilisateurs seraient les plus réceptifs à leurs publicités. C’est dans ce contexte qu’on observe dorénavant une diversification des publicités compte tenu du fait que le réseau social a intégré une multitude de langues populaires au nombre desquelles on retrouve le Peul, le Haoussa, le Kiswahili, le Malgache et le Tamazight. En dehors de la publicité et de la traduction en langues africaines, Facebook s'investit également auprès des entrepreneurs. Le réseau social bleu a ainsi lancé son programme Boost avec Facebook. De façon pratique, ce projet offre à de jeunes chefs d'entreprise des sessions de formation gratuites. Ces sessions axées sur le marketing digital, visent à développer de futures activités commerciales sur Facebook, WhatsApp et Instagram. Le projet Boost avec Facebook repose aujourd’hui sur un partenariat avec une centaine d’entreprises et d’institutions. Il a été lancé en premier lieu dans quelques pays anglophones à savoir l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria. Par la suite, Boost avec Facebook a connu une extension au niveau de six pays d'Afrique francophone. Il s’agit du Bénin, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée Conakry,de la République Démocratique du Congo et du Sénégal. En dehors de l’entrepreneuriat, Facebook encourage également les développeurs d’applications mobiles.
Au Nigeria par exemple, l’entreprise de Mark Zuckerberg a signé un accord avec CC hub, un incubateur de Lagos. Cet accord vise à renforcé son soutien et sa présence auprès de l’écosystème des développeurs africains. Dans ce contexte, on dénombre ainsi près de 45 Cercles de développeurs qui regroupent plus de 70. 000 membres dans 17 pays africains. Malgré l’importance de ces chiffres, il semble cependant que Facebook se sert des applications mobiles qui bien souvent ne respectent pas son propre règlement concernant les données privées. Quand ces applications ne violent pas les règles prescrites, elles infectent les smartphones des utilisateurs avec des malwares.En Ouganda par exemple, la lumière vient d’être faite sur certaines pratiques douteuses de Facebook. Ces pratiques concernent la collecte des informations de nombreux utilisateurs au travers de l’application mobile Safeboda. Cette application fonctionnant sur tout type d'appareil mobile, permet à son utilisateur de solliciter les services d’un conducteur de taxi-moto. Sur Safeboda,le requérant entre son emplacement dans l’application qui permet ensuite la mise en relation avec le conducteur le plus proche de l'emplacement indiqué.Avec l’application mobile Safeboda, l'utilisateur peut payer le service une fois à destination. Toutefois, l’application Safeboda siphonne une importante quantité de données au profit de Facebook, à l’insu de ses utilisateurs.A titre d’exemple, pendant et après l’installation de Safeboda, l’application envoie automatiquement une impressionnante quantité de données sur les serveurs du réseau social californien.
Les données qui sont envoyées sur les serveurs de Facebook comprennent entre autres, l’heure en se basant sur le fuseau horaire, la taille de l’écran du téléphone utilisé, la version Android du téléphone utilisé et l’emplacement géographique de l’utilisateur.A ce sujet, le Dr Qemal Affagnon, responsable Afrique de l’Ouest d’Internet Sans Frontières, déclare: « Facebook permet aux développeurs d'exploiter une partie de sa plateforme, grâce à des interfaces de programmation. Mais, en procédant de la sorte, le réseau social en profite pour récolter un maximum de données dont les plates-formes publicitaires raffolent ». Le Dr Qemal Affagnon ajoute que si l’application mobile Safeboda envoie la taille de l’écran du téléphone utilisé par son utilisateur, c’est parce qu’en Afrique, le mobile est roi et Facebook compte mettre en place des partenariats avec des opérateurs mobiles et des agences publicitaires afin de déployer des offres ciblées. De plus, le responsable Afrique de l’Ouest d’Internet Sans Frontières estime que ce projet publicitaire démontre la capacité de Facebook à s’entourer d’acteurs complémentaires tout en renforçant sa puissance financière dans une opacité totale. Il y a quelques mois de cela, en Octobre plus précisément, l’entreprise au logo bleu a dû faire face à la colère de plusieurs élus américains.Sur le continent Africain, Facebook est également sous le feu de nombreuses critiques depuis les révélations de l’affaire Cambridge Analytica. Depuis ses révélations , il est de plus en plus reproché au réseau social de faire preuve de légèreté face à la sécurité des données des utilisateurs Africains, d’œuvrer à la diffusion de fausses nouvelles, de mener des pratiques d’évasion fiscale, et d’influencer des élections au Nigéria, Kenya et en Afrique du sud.
Laurent Batonga