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5 Janvier 2020
L’année commence mal chez Emmaüs France, où l’un des responsables de cette association fondée par l’Abbé Pierre est soupçonné d’actes de violence et d’attouchements à caractère sexuel, selon l’information rapportée par le journal Le Parisien datée du 02 janvier 2020. C’est un autre média en l’occurrence le site Médiapart qui a révélé jeudi dernier, qu’il est reproché à Jacquy Conderolle des coups, des brimades, mais également des baisers forcés. Ce responsable fait partie de la communauté Emmaüs de Bougival, de Chatou et te Nanterre en Hauts-de-Seine. C’est grâce à deux plaintes d’anciens compagnons dorénavant exclus que l’affaire a été révélée au grand public. Les deux plaignants ont dénoncé le traitement que leur aurait fait subir le responsable ces derniers mois. Le premier est un homme d’une trentaine d’années ressortissant malien, qui parle des brutalités à son encontre et dit avoir été embrassé sur la bouche contre son gré. Ces allégations n’ont pas encore été confirmées par son avocate qui ne souhaitait pas s’exprimer dans l’immédiat. Les faits se seraient produits dans les locaux de Chatou où une trentaine de compagnons sont accueillis en permanence. L’homme a intégré l’antenne de Chatou en avril 2018 et sa plainte, portant uniquement sur des violences physiques, a été déposée le 27 juillet 2019. Elle s’accompagne d’un courrier détaillé et envoyé au parquet de Versailles courant novembre dans lequel il évoque des agressions sexuelles. C’est le même moment choisi par le deuxième homme âgé de 35 ans pour déposer sa plainte. Celui-ci accable également Jacquy Conderolle des agissements qui se seraient déroulés entre 2014 et 2018. Il dit avoir été caressé sur la cuisse et parle aussi de baisers.
Le parquet de Versailles confirme avoir mené une enquête après le dépôt de la première plainte contre Jacquy Conderolle. Le dossier suit son cours normal auprès des services compétents du procureur. Les policiers de Saint-Germain-en-Laye sont appuyés d’œuvre pour étudier la seconde plainte déposée fin novembre. Les responsables hiérarchiques du suspects, le président de la communauté de Bougival monsieur Alain Capmas et sa vice-présidente, avouent avoir mené une enquête interne. «On a parlé avec Jacquy droit dans les yeux, assure-t-il. On a aussi rencontré les autres responsables et compagnons». A l’issue de ladite enquête interne, le président dit avoir rien à reprocher à celui qu’il côtoie depuis une vingtaine d’années. Toutefois, l’enquête a eu le mérite de prouver que ces compagnons présentaient des problèmes de comportement et d’intégration. Des mesures d’exclusion ont été prises à leur encontre à la demande du groupe de la communauté Emmaüs. Alain Capmas dit avoir entendu parler «d’une rumeur» qui aurait pu motiver ces dépôts de plainte : «Il se disait à un moment qu’il était plus facile d’obtenir des papiers si on démontrait qu’on avait été maltraité». Selon lui, les accusateurs de Jacquy Conderolle auraient tenté de « saisir leur chance». Cependant, le président est loin d’exclure une réalité au sein de la communauté des compagnons à savoir «Le risque d’abus de faiblesse est une réalité, on en est parfaitement conscients». Mais il affirme avoir mis en place tout un mode de fonctionnement : « Il n’y a pas de rapport hiérarchique entre les différents responsables, si bien que n’importe lequel d’entre eux peut noter un problème de comportement chez ses collègues. Les quinze salariés n’ont pas non plus de rapport hiérarchique. Et puis il y a les bénévoles, qui sont là en permanence et qui peuvent eux aussi constater n’importe quel type de curiosité ». Sur le site de Bougival, c’est le silence radio.
Personne n’évoque le sujet. «On est tous un peu sous le choc, réagit simplement l’un des responsables. C’est évidemment perturbant mais on a une communauté à faire fonctionner et des gens vulnérables à protéger. Notre priorité est là ». L’intéressé quant à lui, se dit « complètement déglingué » par cette affaire. Il semble totalement dépassé par les proportions que prend cette affaire mais il n’a toujours pas pris d’avocat. « Quand j’ai été convoqué, je me suis dit que c’était juste une connerie. Je n’ai même pas demandé le double de la plainte », explique-t-il. Selon lui, les plaignants se connaissent bien et auraient agi de concert. Il apparait chez eux un problème de personnalité, notamment de troubles psychologiques pour l’un des deux. «C’est même la communauté qui lui a payé le psy pendant un an et demi. Il avait un problème et c’est moi qui en fait les frais », s’indigne-t-il. Selon toujours Jacquy Condorelle, l’autre l’accusateur « fait preuve d’une ingratitude » après avoir obtenu sa régularisation. «On fait toutes les démarches pour lui. Il revient de la Préfecture avec ses papiers, ne dit pas merci et veut qu’on accueille sa copine. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il laisse la place », se justifie le responsable. «Je suis un gueulard et en même temps, j’essaie d’être dans l’affection, poursuit-il. Tout le monde sait comment je fonctionne. Certains m’appellent tonton, d’autres papa, d’autres Jacquy. Je suis comme ça, et cela fait partie du climat familial qu’on essaye d’instaurer à Emmaüs. Mais c’est la première fois qu’on s’attaque ainsi à moi ». Et même s’il a « le soutien entier » de son président, Jacquy Conderolle préfère quitter la communauté : «Je ne veux pas faire porter ce truc-là à Emmaüs ».
Moussa S. Yowanga