Tchad : « Cette pratique à vouloir privilégier une catégorie de Tchadiens n’est certainement pas de nature à soutenir les discours appelant au vivre ensemble. Bien au contraire elle fragilise  le vivre ensemble et lorsqu’on dit que le clivage Nord/Sud est d’origine politique et politiquement entretenu les faits politiques nous donnent chaque jour raison », réagit Djoret Biaka Tedang

Le Tchadien Djoret Biaka Tedang a réagi depuis hier samedi 25 janvier 2020  contre l’arrêté n° 10241 du 26 décembre 2019 portant recrutement à titre exceptionnel de 218 lauréats, dont la liste des nouveaux recrus est publiée ci-dessous par la Rédaction. Cet arrêté n° 10241 fut  conjointement signé par le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, Ali Mbodou Mbodoumi, et du ministre secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, Hissein Brahim Taha (par délégation du Président de la République). Qui du ministre des Finances et du Budget dont dépendent les douanes? Ainsi dans sa réaction du samedi 25 janvier 2020  que l’on retrouve aussi sur sa page Facebook, monsieur Djoret Biaka Tedang pense que c’est un : «Recrutement à titre exceptionnel aux Douanes tchadiennes : qui a merdé ?» Il  dénonce cette intenable situation en s’appuyant sur la liste d’un site tchadien Al-Whida info, qui d’ailleurs pour sa part eut publié la liste de plus de 218 agents intégrés à titre exceptionnel à la fonction publique. Selon donc Djoret Biaka Tedang : « Ce qui attire l’attention et fait réagir tous les milieux sur la toile c’est le caractère hautement discriminatoire de ce recrutement exceptionnel. Une pratique qui a tendance à devenir non pas exceptionnel mais normal dans un pays qui tente de soigner les plaies nées de pratiques discriminatoires et qui nous mettent à la queue de tous les classements internationaux. Ces derniers temps on entend beaucoup de discours de la part du pouvoir appelant à l’union, à la cohésion sociale, comme pour emboîter les pas de bonnes volontés qui prône le vivre ensemble sur la base des valeurs humanistes ».

Il enchaîne son constat amer avec une série de questionnement : « Mais il faut le dire: cette pratique à vouloir privilégier une catégorie de Tchadiens n’est certainement pas de nature à soutenir les discours appelant au vivre ensemble. Bien au contraire elles fragilise le vivre ensemble et lorsqu’on dit que le clivage Nord/Sud est d’origine politique et politiquement entretenu les faits politiques nous donnent malheureusement chaque jour raison. Qu’y a-t-il à intégrer à titre exceptionnel ? Quels sont les mobiles? Comment cette liste a-t-elle été constituée ? S’agit-il de Bogo Bogo qu’on est en train de régulariser ? Quelque soit le motif, est-il possible pour un pouvoir qui gère un pays et donc son opinion publique, de procéder à un tel recrutement sans se poser la question de ses impacts? Le pouvoir est-il si sûr de la docilité dune partie du peuple Tchadien ou du soutien indéfectible d’une autre partie? Que le pouvoir se trompe ! Car si nous disons que le Tchad est un et indivisible jusqu’à ce qu’il soit divisé nous sommes également en mesure de démontrer la volonté de la jeunesse Tchadienne de tout horizon à tourner les pages sombres pour embrasser une nouvelle ère où chacun contribue au bonheur collectif sur de nouvelles bases ».

Et il termine toujours son analyse politiques avec des questions très pertinentes : « Alors qui a merdé dans cette situation ? S’agit-il du brillant et expérimenté ex-Ambassadeur du Tchad en France agissant par délégation du Président de la République ?S’agit-il du brillant ministre des finances et du budget au parcours exceptionnel ?S’agit-il du Ministre de la fonction publique, ministre de tous les fonctionnaires Tchadiens et qui joue un rôle important dans le dialogue social avec les partenaires sociaux qui n’ont jamais cessé d’indexer la mauvaise gouvernance économique ?Quel que soit l’éminence grise derrière ce décret il n’est ni digne des signataires, ni cohérent avec leur serment confessionnel, ni en adéquation avec le vivre ensemble que nous appelons tous les jours de nos vœux, ni à la hauteur des réformes que nous attendons pour redresser la barre des finances publiques Tchadiennes. Dirons-nous, ce décret a certainement pour seul géniteur la IVeme République, ce qui n’étonne personne. Il doit purement et simplement être annulé. Que le pouvoir ne se trompe point: la jeunesse a compris son jeu et se lèvera un jour comme un seul homme pour dire :Stop ».

La Rédaction