Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
21 Avril 2020
En Algérie comme ailleurs, la crise sanitaire sert de prétexte aux autorités pour entraver la liberté de la presse. C’est l’AFP qui rapporte une information dévoilée le lundi 20 avril par le journal Le Temps, selon laquelle le site d’information en ligne algérien Interlignes a été censuré, dimanche soir, selon une annonce faite par son fondateur et directeur de publication, Bouzid Tchalalene. Le site est inaccessible depuis la fin de la matinée, en Algérie, selon le responsable de ce média en ligne. Le site Interlignes rejoint ainsi deux autres sites du groupe Interface Médias, Maghreb Emergent et Radio M, qui ont également été censurés par les autorités depuis le 10 avril. «Les utilisateurs de l’ADSL et de l’internet mobile ne peuvent plus y accéder sans le recours à l’application VPN. Il s’agit d’une nouvelle mesure de censure qui cible notre média », a dénoncé le fondateur du site dans un communiqué. Interlignes a été lancé début 2018 par Bouzid Tchalalene, un professionnel issu de la presse papier. C’est un média en ligne généraliste composé d’une équipe essentiellement de jeunes journalistes. «Le pouvoir veut pousser les médias sérieux à la fermeture et laisser la médiocrité régner sur ce noble métier », dénonce Bouzid Tchalalene.
Il rappelle que ce n’est pas la première fois qu’Interlignes soit visé les autorités. Déjà en juillet 2019, le site avait été censuré à cause de sa couverture des marches du « Hirak », le mouvement populaire anti-régime qui a ébranlé le pouvoir pendant plus d’un an jusqu’à sa récente suspension en raison de la crise sanitaire mondiale. Le ministre algérien de la Communication s’est montré récemment très critique envers les médias nationaux –comme Radio M- qu’il accuse de bénéficier de financements étrangers, ce qui est interdit par la loi. Le fondateur du site Interlignes a balayé d’un revers de la main ces accusations gratuites car il a assuré sur les antennes de RFI qu’Interlignes tirait son financement à 100% de la publicité en ligne en Algérie. «Nous défions quiconque, des autorités, des institutions, et personnalités, de nous apporter un écrit dans lequel nous pratiquons la diffamation, ou la diffusion de fausses informations », a écrit M. Tchalalene dans un communiqué. «Cette série de censures dont sont victimes aussi nos confrères intervient au moment où les Algériens ont plus que jamais besoin des médias pour s’informer et faire face à la pandémie de Covid-19 qui ravage le monde entier ». Pour ne pas arranger les choses, de dispositions plus restrictives ont été adoptées dimanche par le Conseil des ministres qui propose désormais de « criminaliser (…) notamment la diffusion de « fakenews » pour porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publique, l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale, la falsification en vue de l’obtention d’aides publiques, financières, matérielles et en nature, ainsi que d’exonérations fiscales ».
Moussa S. Yowanga