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4 Avril 2020
La lute contre la pandémie du coronavirus fait naître des idées machiavéliques comme celles émissent par un chercheur et un médecin, tous deux français, suggérant de faire tester en Afrique un vaccin contre le coronavirus. C’est le journal canadien Le Devoir qui fait écho de cette information rapportée hier vendredi 3 avril par l’AFP. Après avoir eu la mauvaise idée en s’interrogeant sur l’opportunité de tester un vaccin en Afrique contre le coronavirus, un chercheur de l’Institut français de la recherche médicale (Inerm) et un chef de service d’un hôpital parisien ont fait leur mea-culpa en présentant vendredi leurs excuses. Cette polémique est née à la suite des propos tenus sur la chaine LCI par Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille, répondant à une question relative aux recherches menées autour du vaccin BCG contre le COVID-19. Sur le plateau se trouvait également Jean-Paul Mira, chef de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cohen, qui a intervenu en lui demandant : «Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme se fait d’ailleurs, sur certaines études avec le Sida ou chez les Prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez ? ».Aussitôt, le chercheur a repris la parole en lui disant : « Vous avez raison, d’ailleurs. On est entrain de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche, ça n’empêche pas qu’on puisse réfléchir en parallèle à une étude en Europe et en Australie ». SOS Raciste n’a pas tardé pour exprimer son indignation à travers un communiqué, dénonçant « à l’endroit des corps noirs un mépris » et comparaison avec le sida et les prostituées «problématique et malvenue ».
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a immédiatement été saisi par l’association. Le parti socialiste a désapprouvé également ces propos : Nous attendons de la part de LCI une condamnation sans appel de ces propos inacceptables ». De nombreux internautes se sont emparés de cette polémique pour exprimer leur colère, tant en France qu’en Afrique. «L’Afrique n’est pas un laboratoire », s’est insurgé la star ivoirienne de football Didier Drogba en fustigeant « des propos graves, racistes et méprisants ». Le Club des avocats au Maroc envisagerait de porter plainte pour diffamation raciale, selon un message publié sur sa page Facebook. La chaîne LCI n’a pas souhaité répondre à l’APF et a renvoyé l’agence aux réponses de l’Inserm et de Jean-Paul Mira. L’Inserm a répondu qu’ L’Inserm a répondu qu’une « vidéo tronquée faisait l’objet d’interprétations erronées sur les réseaux sociaux ». Rappelant que les tests seraient lancés dans plusieurs pays européens et en Australie, l’Institut a indiqué sur Twitter que «l’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches, car la pandémie est globale ». L’Inserm a précisé dans un message transmis à l’AFP que « les conditions dans lesquelles cette interview a été menée n’ont pas permis à Camille Locht de réagir correctement, il s’en excuse et tient à préciser qu’il n’a tenu aucun propos raciste ». Dans un communiqué des hôpitaux de Paris, Jean-Paul Mira a également présenté ses « excuses les plus sincères » à « celles et à ceux qui ont été heurtés, choqués, qui se sont sentis insultés par des propos que j’ai maladroitement prononcés sur LCI cette semaine ». Selon ses avocats, depuis hier, il subit ainsi que sa famille des menaces de mort réitérées et très inquiétantes. Il a été contraint de déposer plainte pour menaces de mort sur personnel soignant et appels téléphoniques malveillants.
Yowanga S. Moussa