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21 Juin 2020
A.Lechien, c'est le confrère ayant signé cette information publiée le vendredi 19 juin 2020 pour le compte de la RTBF et d’autres médias européens. Selon lui, aux Etats-Unis, l'abolition de l'esclavage est commémorée le 19 juin : cette journée est appelée le « Juneteenth » (contraction de « juin » et de « 19 » en anglais). Cette date a été choisie parce que, le 19 juin 1865, le général Gordon Granger des forces de l'Union a annoncé la fin de la guerre civile et a lu la Proclamation de l’Émancipation à des esclaves afro-américains au Texas, le dernier Etat confédéré à avoir libéré les esclaves après la fin de la Guerre de Sécession. Cette Proclamation de l’Émancipation devait libérer tous les esclaves Afro-Américain de la Confédération grâce à deux amendements à la Constitution américaine. La problématique de l'esclavage est revenue dans l'actualité aux Etats-Unis et dans le monde, notamment après le déboulonnage de statues de personnages emblématiques. Le débat sur la responsabilité des Etats colonisateurs en matière d'esclavage resurgit, notamment en Belgique. Mais tout cela ne doit pas occulter le fait que, actuellement, l'esclavage existe toujours dans de nombreuses régions du monde. Des dizaines de millions de personnes sont forcées de travailler. Et, en ce qui concerne le travail des enfants, la situation va empirer suite à la crise du Covid-19.La plus récente étude réalisée par l’OIT (Organisation internationale du travail), l’OIM (Organisation internationale pour les migrations de l’ONU) et l’ONG Walk Free a été publiée en 2017. Elle révélait que la traite des êtres humains touchait 40 millions de personnes dans le monde, et que 25 millions de personnes étaient victimes de travail forcé.
Notre confrère de la RTBF enchaîne son article en indiquant que la Corée du Nord tient la première place de ce classement de 167 pays. Plus de 2,6 millions de personnes y sont soumises au travail forcé. Mais l'esclavage moderne est le plus répandu sur le continent africain. Parmi les pays les plus touchés, il y a l’Érythrée, la République Centrafricaine, la Mauritanie et le Sud-Soudan. L'OIM a dénoncé l'existence de véritables « marchés d'esclaves » en Libye, où les migrants sont vendus entre 200 et 500 dollars. Ces personnes sont notamment vendues sur des places publiques ou dans des garages. Les trafiquants s'emparent de ces migrants, les femmes deviennent des esclaves sexuelles. En Asie, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Ouzbékistan, le Bangladesh, le Cambodge et l'Iran sont parmi les mauvais élèves. Rien qu'en Inde, près de 8 millions de personnes sont contraintes au travail forcé. L’Europe n'est pas épargnée par le phénomène : la traite des êtres humains s'accompagne de « l'esclavage moderne ». En 2016 il y avait plus de 1,2 million d'esclaves, souvent dans le milieu de la prostitution. De nombreux bars à ongles qui se sont installés dans nos grandes villes exploitent des femmes asiatiques, qui sont en séjour illégal et qui ne portent pas plainte, de peur d'être expulsées du pays.L'OIT et l'Unicef ont récemment tiré la sonnette d'alarme, attirant l'attention sur une conséquence inattendue de la pandémie de Covid-19. En effet, pour la première fois en 20 ans, le travail des enfants pourrait augmenter. Selon ces deux organisations, alors que le nombre d'enfants qui travaillent a diminué de 94 millions depuis 2000, la pandémie pourrait accroître la pauvreté et augmenter le travail des enfants. En effet, de plus en plus de familles se trouvent obligées de recourir à tous les moyens pour survivre. Plusieurs études montrent qu'une hausse d'un point de pourcentage de la pauvreté fait augmenter le travail des enfants d'au moins 0,7%. Les enfants déjà obligés de travailler pourraient devoir faire plus d'heures. Et leurs conditions de travail pourraient aussi se dégrader. Ils pourraient se retrouver plus nombreux à s'engager dans des emplois dangereux où ils sont exploités. Les inégalités de genre pourraient également se renforcer, les filles étant particulièrement susceptibles d'être exploitées dans l'agriculture et le travail domestique.
Ahmat Zéïdane Bichara