Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
6 Février 2021
Propos recueillis par Déli Sainzoumi Nestor pour Eclairages
Mme Bevia Respa, est la présidente de l’antenne régionale de la Cellule de liaison et d’information des associations féminines (CELIAF) du Lac. Membre de la plateforme des femmes du G5 Sahel, représentante du monde rural, cette dame originaire du Mayo-Kebbi a épousé depuis une vingtaine d’années la cause des populations du Lac. Bevia Respa vit à Bol et ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle affectueusement : « la femme du Lac ». Promotrice de la filière « Dihé », elle demeure convaincue que la spiruline peut contribuer à la réduction de la pauvreté et à lutter contre la malnutrition dont le problème se pose avec acuité dans la province du Lac.
Selon les témoignages, la spiruline du Tchad est fortement appréciée sur le marché mondial à cause de ses vertus nutritives. C’est une algue qui se développe dans les nappes d’eau du lac et est récoltée et transformée en vue de la consommation. Depuis un certain temps, le projet BIOPALT (Biosphère et Patrimoines du Lac Tchad) travaille pour sa labellisation. De son côté, Bevia Respa ne cesse de valoriser les vertus de cette algue, riche en protéine. Voilà pourquoi, elle estime que la bonne exploitation et la consommation de la spiruline peut contribuer à la lutte contre la malnutrition. Nous l’avons rencontré en marge du 2ème atelier de renforcement de capacités sur la nutrition, l’accès à la Terre/Plaidoyer, organisé du 02 au 04 février 2021 à Bol par Care international, à travers le projet RESTE-Trust-Fund. L’atelier dont l’un des objectifs généraux est de réduire de façon significative et durable la mortalité et la morbidité liées aux problèmes de nutrition et d’alimentation par la prévention et la prise en charge des enfants malnutris.
Bevia Respa : Dans un passé récent, la CELIAF a fait un plaidoyer auprès de l’Unicef et a pu obtenir un partenariat pour la lutte contre la malnutrition. Grâce à ce partenariat, nous avons étendu nos activités à dix (10) sites de réfugiés en faisant la promotion des produits locaux. Nous avons appris aux femmes réfugiés comment produire et préparer la farine enrichie pour la prise en charge des enfants malnutris et non malnutris. Nos interventions ne se limitent pas seulement aux soins. En même temps que nous prenons en charge les enfants malnutris, nous menons des activités de prévention.
Est-il facile qu’un projet de plaidoyer aboutisse en faveur des populations de la province du Lac ?
Dans la province du Lac, beaucoup d’ONG (locales et internationales) et agences du système des Nations-Unies mènent des activités sur le terrain dans le cadre humanitaire. Certains interviennent dans le domaine des urgences, d’autres dans le domaine sanitaire, de l’éducation et d’autres aussi s’intéressent à la question de la nutrition et de la malnutrition. Voilà pourquoi, nous estimons qu’il est plus facile de faire un plaidoyer pour le Lac. Il suffit de produire un bon projet et de frapper à la bonne porte pour trouver un financement adéquat.
Nous voyons que vous êtes optimistes et vous pensez qu’on peut combattre la malnutrition dans la province du Lac.
Toutes les opportunités sont disponibles au Lac pour combattre la malnutrition. Seulement, les gens n’ont pas une bonne éducation nutritionnelle et alimentaire. Il suffit de travailler leur mentalité à travers une éducation nutritionnelle et alimentaire pour qu’une amélioration s’opère dans leurs conditions de vie. La malnutrition dans la province du Lac est une question de mentalité. Pour se faire, nous devons attaquer le problème à la base en éduquant la communauté et en l’orientant vers la consommation des produits locaux. Le véritable problème ici c’est que nous avons des producteurs qui ne produisent que pour la vente ; ils ne savent pas tirer profit du fruit de leur labeur pour bien se nourrir. Au Lac, beaucoup de producteurs sont à la fois des pêcheurs et éleveurs ; ils pratiquent deux ou trois campagnes dans le polder, mais chez eux, il y a des enfants malnutris ! Comment peut-on comprendre cela ?
Collaboration Journal Eclairages/Regards d’Africains de France