Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
13 Février 2021
Déli Sainzoumi Nestor
Le maréchal du Tchad fait désormais de la nomination du vice-président de la République, un enjeu d’ordre successoral. Le décret tarde à être signé et Idriss Déby Itno joue au ralenti, faisant tirer en longueur cette décision tant attendue par les Tchadiens. A lire entre les lignes, le chef de l’Etat utilise ce poste (encore vacant) pour créer des relations clientélaires avec autant d’hommes politiques, des partis politiques et des provinces qui ne connaissent que le malheur et la misère depuis son accession à la magistrature suprême en 1990.
Le désir d’empire du maréchal du Tchad
C’est ainsi que lors de ses tournées dans le Tchad profond, nous avons assisté à de grandes mobilisations des cadres des provinces visitées. Les petits plats sont mis dans les grands pour attirer la sympathie et les faveurs du président de la République. A Doba, c’est Emmanuel Nadingar et consorts qui se sont pliés en quatre dans l’intention de frapper l’œil du maréchal et de trouver grâce aux yeux d’Idriss Déby Itno. Mais c’est sans savoir que c’est depuis 2016 qu’Idriss Déby Itno préparait sa propre succession pour un long règne. L’empire des Itno sera effectif avec la nomination du vice-président qui ne pourrait être que son propre fils. Il n’aura rien inventé ; Ali Bongo Ondimba (Gabon), Faure Gnassingbé (Togo), Joseph Kabila (Congo RDC) sont des exemples qui inspirent de nombreux présidents. Idriss Déby Itno en bon stratège, joue sur le nerf des prétendants au poste de vice-président en jouant les prolongations. Finalement, la personnalité sur qui le maréchal du Tchad portera son choix et nommera à ce poste ne sera pas un homme qui a les bases d’une culture stratégique nationale, il ne sera pas non plus un homme capable de maîtriser les enjeux relatifs à l’histoire politique du Tchad. Le prochain vice-président de la République ne sera pas un leader politique qui a une vue claire des problèmes politiques, économiques, sociaux, éducatifs, sécuritaires et diplomatiques du Tchad comme on l’aura souhaité. Les murmures qui sortent d’Amdjarass nous renseignent que le Chef de l’Etat jettera son dévolu sur l’un de ses fils. Ce qui, à tout égard, n’est pas surprenant pour l’opinion nationale. La nomination des filles et fils à papa ces dernières années aux postes ministériels sont autant de signes précurseurs. Pour avoir donné la chance aux enfants de ses collaborateurs d’être ministres de la République, Idriss Déby Itno, ne regardera pas en dehors de son enclos pour se tailler lui aussi la part du lion en imposant aux Tchadiens un vice-président issu de sa propre famille. C’est cela, ce qu’on appelle le régime présidentiel intégral au pays de Toumaï ! Une ambition rendue manifeste depuis le début du cinquième mandat, à travers le népotisme ambiant dans l’administration publique.
Qui de Zakaria ou d’Abdelkerim sera l’élu ?
Ils sont nombreux les fils du maréchal du Tchad, mais les noms de Zakaria Idriss Déby et Abdelkerim Idriss Déby reviennent souvent dans les pronostics. Les propositions ont été faites à Paris (France) sous l’inspiration du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et c’est à Amdjarass que la décision sera prise. La visite d’Abdelkerim Idriss Déby à Jérusalem (Israël) en septembre 2020 semble être un indice. Abdelkerim Idriss Déby sera le tout premier vice-président du Tchad. Mais il faut attendre que la nouvelle soit annoncée par le maréchal du Tchad qui aurait choisi de garder le scoop pour le lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle d’avril 2021. Idriss Déby Itno part aux élections pour gagner et c’est connu de tous qu’il gagnera face à une opposition démantelée et décapitée. Si cela se confirme, ça sera « un coup uppercut » sans une attaque en jambe, prédit par le « Brutus tchadien » Mahamat Zen Bada, lors du 9ème congrès d’investiture du candidat-unique du parti à l’oriflamme guerrière, le parti au pouvoir.
Collaboration Journal Eclairages/Regards d’Africains de France