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8 Avril 2009
La diaspora tchadienne de France
Les Tchadiens de France répondent-ils à l’attente des autorités françaises, qui ne veulent que des gens bien formés, compétents, travailleurs et surtout adaptés au marché de travail ? Sont-ils appréciés et recherchés par les patrons des grandes entreprises des banques et établissements financiers, par les compagnies pétrolières, les hôpitaux et les cliniques, les maisons de retraites, les hôtels et les restaurants, les agences immobilières, le secteur bâtiments, les aéroports, les équipes de football, les écoles et les lycées ?
Immigration choisie
Font-ils vraiment partie de ces immigrés choisis dont parle le gouvernement actuel, ou bien sont-ils contraints d’accepter n’importe quel boulot, même s’il ne répond pas à leurs attentes et dépasse leurs capacités physiques et psychiques ?
Comme disait un algérien qui a passé la plus grande partie de sa vie dans le bâtiment et qui est aujourd’hui à la retraite : « Ce n’est plus la qualification qui compte dans cette France en crise. L’essentiel est de trouver un emploi qui te permette de gagner assez d’argent pour pouvoir payer tes factures, ton loyer et nourrir ta femme et tes enfants. »
Tout travail mérite salaire
La déclaration de ce maghrébin est particulièrement instructive à une époque où beaucoup d’africains, et particulièrement de Tchadiens, ne pèsent plus les risques du métier au moment de l’embauche. Ils tombent malades sans parfois avoir de quoi se soigner, car beaucoup d’entre eux sont des clandestins qui ne bénéficient d’aucune protection sociale. Ils sont en danger permanent, en particulier en période de grand froid.
D’après des chiffres récents fournis par le ministère français de l’immigration, la diaspora tchadienne éparpillée dans les grandes villes françaises ne représente qu’une infime fraction, moins 1%, de la population africaine immigrée. Sa présence n’est visible ni en terme de qualité ni en terme de quantité dans le monde du travail, comme c’est le cas des diasporas sénégalaises, maliennes, congolaises, ivoiriennes ou camerounaises.
Ces communautés plus nombreuses sont aussi beaucoup mieux organisées, grâce à des ambassades et des consulats qui interviennent parfois directement, pour résoudre les difficultés auxquelles doivent faire face leurs ressortissants qui débarquent sans aucune qualification.
Les nouveaux venus reçoivent des informations sur la politique française d’immigration, sur les différentes conventions que leurs pays respectifs ont signées avec le pays d’accueil, sur les différents secteurs où de la main d’œuvre est encore recherchée : la Sécurité , la garde d’enfant ou de personnes âgées, le ménage chez les particuliers reprise.
Des communautés organisées:
Ces communautés africaines structurées forment de petites associations, organisent des collectes pour venir en aide à ceux de leurs membres qui traversent des difficultés majeures. Alors que les membres de la diaspora tchadienne, bien que toujours d’un bon niveau linguistique, voire titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme universitaire, ne sont soutenus ni par leur ambassade parisienne, ni par leur consulat toulousain.
Aucun diplomate tchadien ne se préoccupe des conditions parfois très précaires dans lesquelles vivent leurs compatriotes.
C’est ainsi que l’on voit de plus en plus de jeunes tchadiens se lancer dans des métiers dont ils ignorent tout. Où bien se rabattre sur les emplois de gardiennage et de sécurité, où souvent leur grande taille et leur gabarit impressionnant font merveille ; ce qui implique pourtant de rester debout toute la journée et d’être exposé au froid de l’hiver.
Travail au noir:
D’autres, moins costauds, font des petits boulots « au noir », dans de petites entreprises gérées par des africains qui ne déclarent jamais leurs employés : il n’y a pas de petites économies. Ils gagnent pour certains 3 ou 4 euros de l’heure, sont payés en retard, sans aucun recours devant la justice, puisqu’ils ne devraient même pas se trouver sur le sol français .
Ils vivent donc dans la peur d’être reconduits à la frontière par la police française. Tout finit donc par se régler à l’amiable, et les choses reprennent leur cours comme si de rien n’était. Que faire dans une telle situation ?: subir ou se révolter ? Ahmat Sékoutou, ancien chef d’état guinéen, n’a-t-il pas déclaré : « mieux vaut être pauvre et libre qu’esclave et riche ? »
A vous de juger.