Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
8 Juin 2009
Dieudonné Djonabaye, alias Bendjo, pour ceux qui conservent encore soigneusement les anciens numéros du journal Ndjamena-Hebdomadaire dont il fut un virulent Rédacteur en Chef, gardent encore en mémoire ses articles très engagés pour la défense des libertés et la protection des droits de l’Homme aux lendemains de la chute du régime du dictateur d’Hissein Habré.Très critique à l’égard du nouveau régime de Deby, au fil des années, Djonabaye a fini par succomber aux sirènes du pouvoir pour en devenir l’un des actifs zélateurs.Quel honte de voir aujourd’hui cet homme de la presse de prendre cause et effet pour Deby, celui qu’il a considéré pendant longtemps comme un prédateur de la presse tchadienne et des libertés fondamentales des citoyens. Dieudonné a simplement rangé au tiroir sa plume d’hier qui lui avait permis, à cette époque de cracher des vérités crues souvent bonnes à dire mais mal perçues par la classe politique aux affaires et tous les Zaghawas.Comment une personne comme Djonabaye, en est arrivé là en changeant le fusil d’épaule ? Est-ce à cause de la pauvreté financière ou bien à cause de la peur des représailles du régime qu’il a regagné le camp du MPS de Deby? Pourtant pendant plusieurs années, Dieudonné avait traité de malhonnêtes et de sanguinaires tous ceux qui se cachent derrière le turban, ceux qui circulent dans les rues de N’Djamèna à bord des Toyota militaire ou civil, voire ceux qui ne portent que le « Djallabas ». Il a failli devenir un xénophobe car on sentait déjà sa haine couvrir le toit des nordistes tchadiens et des musulmans au même titre que le feu de brousse. Il fut un donneur des leçons à tous ceux qu’il considère « des analphabètes aux mains souillés».Pour ceux qui l’ont entendu, un jour prendre la parole lors des conférences de presse des opposants tchadiens, des acteurs de la société civile ou des militants du parti au pouvoir, non seulement ne croiront plus à ses paroles, mais ils finiront par avoir un regard négatif des journalistes tchadiens peu importe leur qualité intellectuelle ou le prestige de l’institution de formation.
Enfin pour les sudistes tchadiens qui ont vu en lui l’image un « défenseur incontournable » de leurs droits humains pendant longtemps en peignant en noir tout ce qui vient des personnes du nord musulman ou les actions du gouvernement de Deby, lui diront aujourd’hui tout bas «pourquoi nous as-tu menti en faisant croire que tu ne boiras pas l’eau de la fontaine de Deby ? » Dieudonné était un journaliste qui empêchait au clan de Deby de dormir tranquillement. Et c’était aussi le protéger des Reporters Sans Frontières et aussi de la France politique, des Etats-Unis et de l’Union européenne. Il fut une source crédible aux yeux des « blancs » et des « sudistes » dénonçant sans cesse tous les faits divers et les actes agressifs à l’encontre de paisibles citoyens en particulier l’homme sudiste. Il est personnellement persuadé qu’il était le seul journaliste capable, très engagée pour limiter les dégâts commis par les forces de l’ordre du président actuel à l’égard des autres ethnies incapables de faire face aux brutalités et aux vols des engins qu’il attribue aux « Zaghawas soudanais » qui ont porté main forte à leur frère Idriss Deby. Dieudonné Djonobaye a su convaincre tous les intellectuels tchadiens et les opposants de Deby par ses écrits jugés crédibles qui paraissaient toutes les semaines dans les colonnes de N’Djamèna-Bi-hebdo. C’était «le monsieur politique » des journalistes tchadiens.Grâce à lui Ndjamena-Bi-hebdo se vendait comme des pains et Saleh kebzabo, le propriétaire s’en mettait plein les poches. Il était selon nos sources le seul journaliste privée qui percevait un salaire de « 200.000 FCFA » à l’époque. Cette source dit-elle la vérité ? Difficile de croire tant que nous n’avons pas sous nos yeux les raisons qui l’ont contraint à changer la veste en devenant subitement le chorégraphe politique de tous les discours d’Idriss Deby et de tous ceux qui l’entourent. Certes il n’est d’ailleurs pas, le seul journaliste à servir Deby. La liste serait longue si on se mettait à la dresser. Mais pour satisfaire la curiosité de nos lecteurs, nous citerons entre autres Mahamat Hissène, Nourradine Aliot, Hassan Sylla, Koumbo , Betel Miarom etc.
Tous, sont des journalistes formés dans des grandes écoles de journalisme et ils avaient comme intention d’informer objectivement le public, de protéger les innocents de la dictature grâce à leurs plumes. Mais hélas ! Tout ce que chacun avait déclaré au lendemain de la fin de sa formation ou même après plusieurs années de travail dans un cadre privé s’est envolé à l’air libre comme un oiseau emporté par un vent très violent. Mais la question la plus important reste posée même si nous sommes incapables d’apporter des réponses satisfaisantes ? Pourquoi tous ces journalistes ont-ils abandonnés le peuple souffrant pour servir son prédateur ? A qui croire finalement ? Donnerons-nous raison à Yusuf Zirem, journaliste et écrivain algérien qui avait titré son dernier livre « la vie est un mensonge ». Même si sous d’autres cieux, elle ne l’est pas, cela se confirme plutôt au Tchad et précisément pour certains journalistes, hommes ou femmes politiques tchadiens. Et c’est très inquiétant dans la mesure où chaque personne est appelée à jouer un rôle important dans sa société, même si elle n’a pas de grandes responsabilités. Alors si l'on est journaliste, c’est comme un miroir qui permet aux uns et aux autres d’enlever la poutre qui les empêche de mieux regarder. Et si le miroir se brise à l’aide de quel moyen pourrions-nous regarder les tâches qui salissent notre visage ? C’est le cas de Dieudonné Djonnobaye et tant d’autres journalistes tchadiens qui tiennent à deux bras la marmite du MPS de peur qu’elle se renverse. Rendons hommages aux rares journalistes qui partagent la vie très pénible de la population tchadienne en faisant leur travail au péril de leur vie sans se compromettre avec un régime qui asservit son peuple. Et à Dieudonné disons-lui simplement bon courage et continue à boire l’eau de source de Deby que tu avais pourtant refusé au départ. Comme quoi chacun choisit librement de ce qu’il veut faire de sa vie mais n’oublions pas le jour de rendre compte. Alors seul l’avenir nous jugera.
Moussa T.Yowanga / Ahmat Bichara Zeidane