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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Afrique-Rwanda:Débattre pour apprendre la tolérance

  (Syfia Rwanda) Débattre, argumenter et convaincre comme des adultes : c'est ce que font des élèves rwandais formés par des associations à développer leur esprit d'analyse au cours de compétitions inter-écoles. Leur maturité étonne les adultes qui voient déjà en eux de futurs leaders.

 

                        Jean de la Croix Tabaro et Hilarie Ntawurishira
"Pourquoi donner de l’éducation à ces enfants séropositifs qui mourront d’ici peu ?", argumente Marie-Claudine Ugiruwe, élève en troisième année secondaire. "Qui sait si, par leurs études, ils ne deviendront pas des autorités du pays ?", lui rétorque Sylvain Ndayisenga, au cours d'une compétition interscolaire de débats, organisée en mai dernier sur le thème "Tous les enfants victimes du VIH/SIDA devraient étudier et se faire soigner gratuitement."


Accompagnés de leurs encadreurs, une centaine d'élèves sont au rendez-vous dans les locaux de l’école des Sciences de Nyamagabe, au sud du Rwanda. Ces débats sont organisés par Tuvuge Twiyubaka (Parlons pour nous renforcer, en kyniarwanda), une association de la région, dont la mission est l’éducation à la paix, aux droits et au leadership. Depuis trois ans, elle organise régulièrement de telles compétitions dans les écoles du Sud. Vision jeunesse nouvelle fait de même dans l’Ouest et Never Again Rwanda dans la ville de Kigali. L’objectif est de développer chez ces jeunes la tolérance, le leadership, l’esprit critique, l’éloquence et le goût de la recherche. L’initiative est venue de l’Association internationale de l’éducation au débat (IDEA) qui, en 2003, donna les premières formations au Rwanda sur les techniques de débat.

 
Intense préparation

Pendant un mois, les membres des clubs de débat, qui existent dans chaque école, travaillent sur un thème pour préparer la compétition. Guidés par leurs encadreurs, les candidats discutent d’abord pour mieux comprendre le sujet. Ensuite, chaque groupe de trois élèves rédige les arguments tant pour que contre. "Nous avons pris du temps, mon Dieu ! Ce n’est pas si facile d’avoir des idées pour et contre et de les enrichir équitablement. Nous y sommes parvenus grâce à une riche documentation et des répétitions", se félicite Léonard, de la 6e Lettres, au terme du débat en anglais qui a permis à son équipe de gagner. Habumugisha, un des encadreurs, trouve du génie à ces enfants qui peuvent déjà comprendre et analyser un thème et arriver à convaincre l’auditoire. "Que cela ne vous étonne pas, si demain, nous avons des leaders capables de trouver des solutions à nos problèmes", ajoute-t-il.


Pendant la présentation du débat, deux équipes adverses de trois membres chacune s’assoient face à face. L’orateur parle debout durant six minutes en regardant à la fois le public et ses contradicteurs. Il est ensuite interrogé par un de ses adversaires. Des juges, généralement adultes, choisis pour leur impartialité et leur objectivité, suivent attentivement les échanges pour noter les participants selon la pertinence de leurs arguments et leur attitude face à leurs adversaires et à l’auditoire. "Nous ne sommes pas choisis au hasard : nous avons une sérieuse formation hebdomadaire, qui s’ajoute à notre niveau universitaire et à notre expérience", souligne Damien Nsabimana, un des juges des équipes francophones.

 

Parents et autorités apprécient

Ils traitent de sujets divers relatifs à la santé, à l’économie du pays, à la Justice, l’éducation, la démocratie, au genre, etc. Dans l’association Tuvuge Twiyubaka, en 2007, le sujet proposé était "Les jeunes criminels d’entre 14 et 18 ans devraient être punis comme des adultes". Le thème était d’actualité, car une semaine auparavant quatre enfants avaient été emprisonnés, accusés de propager l’idéologie du génocide. Les élèves ont ainsi compris que la Convention des droits de l’enfant interdit l’emprisonnement des moins de 18 ans.


Ces débats intéressent les élèves d'autant plus que ceux qui y participent réussissent mieux que les autres aux examens nationaux. Les parents les apprécient aussi, car ils rendent leurs enfants plus ouverts et plus éloquents. Quant aux autorités administratives, souvent conviées à ces activités, elles y voient un outil à la fois pédagogique et politique efficace. "C'est un chemin vers la réconciliation que nous visons", estime un agent chargé des Affaires sociales, au Sud, qui promet un financement du district au prochain débat.Ces associations ont vu le jour en 2005, lancées par les bénéficiaires de la formation de l’IDEA. Elles s'étendent peu à peu au Burundi, en RD Congo et en Ouganda.

 

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