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28 Août 2009
Le reliquat de la dictature du défunt président Gabonais Oumar Bongo frappe encore la presse nationale privée et internationale à la veille du scrutin présidentiel du dimanche 30 août 2009. Quel avenir pour les médias privés Gabonais ? Pourquoi les dirigeants africains sont-ils allergiques aux journalistes engagés ? Est-il un signe de malhonnêteté ou tout simplement d’incapacité à accepter les opinions contradictoires à leur stratégie politique ? Est-ce que cela ne veut dire pas que les dirigeants africains ne sont pas encore mûrs aux débats démocratiques ? Pourquoi le Gabon qui, jusqu’à aujourd’hui politiquement calme se laisse-t-il possédé par le démon des dictateurs morts ou vivants, moralement handicapés d’un bon sens qui est comme nous déclare Descartes, la chose du monde la mieux partagée ? Qu’est-ce qu’une démocratie sans démocrates? Pourquoi les Africains veulent-ils à tout prix amputer les médias engagés dans un continent qui aspire progressivement à la démocratie participative ? Pourquoi l’Afrique dite « noire » est-elle toujours synonyme d’obscurité politique et de détresse humaine ?
Pourtant le monde avance et il n’y a aucune raison pour que les pays africains se rangent sur la liste des plus en retards de la planète. Il faut que les populations africaines fabriquent désormais des bons démocratiques et des bons présidents. Avec ce scrutin présidentiel du dimanche 30 août 2009, c’est l’occasion à jamais pour que les Gabonais élisent un dirigeant de bonne foi, d’intention non-violente et juste parmi les 23 candidats dont le futur dictateur Ali Bongo. Cependant, pour que tout soit possible et se déroule dans des meilleures conditions, que le gouvernement de Rose Francine Rogombé renonce à l’arsenal de restrictions imposées aux journalistes, dénoncé avec vigueur par les Reporters Sans Frontières.
D’Après l’organisation de défense des Droits des journalistes, pour apaiser les inquiétudes et les tensions, la ministre de la communication, Laure Olga Gondjout, a cependant précisé, le 28 août, les conditions de travail des journalistes le jour du vote. « Accès restreint des journalistes aux bureaux de vote, sévères mises en garde, intimidations, refus d’accréditations pour certains médias étrangers : le pouvoir en place à Libreville utilise tous les moyens à sa disposition pour s’assurer un contrôle strict sur l’information. Les autorités gabonaises doivent comprendre que, par leur attitude, elles font elles-mêmes plané le doute sur le bon déroulement de la future élection. Nous prenons acte des promesses de la ministre de la communication et espérons que les journalistes pourront travailler librement, sans être inquiétés. Si tel n’est pas le cas, l’événement historique que constitue le scrutin présidentiel de dimanche sera partie gâché », déclaré l’organisation française.
Selon les journalistes reporters sans frontières le 27 août 2009, par un communiqué du gouvernement rédigé en conseil des ministres, puis lors des conférences de presse du ministre de l’Intérieur, Jean-François Ndongou et du président Conseil national de la Communication(CNC), Emmanuel Ondo Methogo, le pouvoir de Libreville a fait savoir que le bureau de votre ne seraient accessibles aux journalistes que de manière passagère, à l’occasion du vote de certaines personnalités. Les journalistes ne pourront pas y élire domicile sur les urnes. Reporters Sans Frontières insistent surtout la décision des autorités gabonaises qui précisent que seuls les médias publics seraient autorisés à communiquer, de façon officielle, les résultats à partir des données fournies par le ministère de l’Intérieur. Le dépouillement sera public, mais les journalistes ne pourront y assister qu’en se tenant à l’extérieur des bureaux de vote.
Les résultats de l’élection ne seront pas affichés. « On nous a notifié que tout commentaire sur des résultats qui ne proviendraient pas du ministère de l’intérieur serait considéré comme une projection ou un sondage, et entraînerait automatiquement notre expulsion du territoire », a confié un journaliste étranger à Reporters Sans Frontières. L’Observatoire gabonais des médias (OGAM), instance d’autorégulation regroupant tous les organes de presse du Gabon, a dénoncé une « décision inique du gouvernement » et s’inquiète d’agissements qui bafouent la liberté de la presse et bâillonnent le droit du peuple à l’information. Les coordonnateurs des Reporters Sans Frontières s’étonnent que Virginie Herz et Nicolas Germain, journalistes de la chaîne de télévision française France 24, Gervais Nitcheu de l’Agence internationale d’images et de télévision AITV/RFO, et Vincent Hugeux, de l’Hebdomadaire français l’Express, ont vu leurs demandes d’accréditation refusées et ne pourront donc pas couvrir le scrutin.
« Décision souveraine que nous n’avons pas à motiver », a rétorqué la ministre de la communication, Laure Olga Gondjout, à Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l’express, en quête d’explications. En conclusion générale, les Journalistes nationaux et internationaux constatent que le climat ambiant à l’approche de l’élection présidentielle est inquiétant et dénoncent les intimidations ou des menaces par téléphone sont fréquentes. Les journalistes reporters Sans Frontières considèrent non seulement que cette décision constituait une entrave à la liberté d’expression, mais rappelle surtout qu’elle équivalait à un abus de pouvoir.
Par ailleurs, l’Organisation de défense des droits des journalistes remarque aussi que si les journalistes gabonais sont avant tout victimes des restrictions que leur imposent les autorités de leur pays, le comportement des médias gabonais n’est pas toujours exempt de tout reproche. Bien trop souvent les professionnels des médias, notamment privés, se laissent instrumentaliser et servent de porte-voix à tel ou tel candidat, au détriment d’une information indépendante et équilibrée. « Nous rappelons les journalistes à leur devoir d’objectivité et de respect de l’éthique professionnelle », rappellent en note finale le communiqué des Reporters sans Frontières.