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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Coopération:Un forum agricole Chine-Afrique en demi-teinte.

 
 
 
 
 

Nabila Hamdani

Chinois et africains se sont donné rendez-vous, les 11 et 12 août à la faveur du forum sur la coopération agricole Chine-Afrique qui réunissait plus de 150 représentants du continent africain et 200 du pays hôte.

Une rencontre de grande envergure qui est surtout l’occasion pour la Chine et l’Afrique de développer leur relation économique et notamment agricole. Au centre des discussions se trouve « la coopération agricole Sino-Africaine face à la nouvelle situation : opportunités et défis de la coopération agricole Chine-Afrique dans le nouveau contexte". Un thème qui souhaite renforcer les liens sino-africains en matière agricole. Mais pas seulement. Puisque les deux parties parlent également d’un nouveau partenariat cette fois-ci stratégique. "Nous espérons que ce forum permettra aux participants d'apprendre des autres en termes de développement et de politiques agricoles et qu'il aidera également à explorer de nouveaux domaines et moyens de coopération, à renforcer la coopération pragmatique Chine-Afrique à travers des échanges entre partis et à approfondir le nouveau type de partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique", a indiqué M. Liu Jinjun, directeur adjoint du département international. Un discours qui se veut optimiste puisque M. Liu n’hésite pas à parler du forum comme d’une véritable plate-forme pour les commerçants chinois et africains.

La Chine, mécène de l’Afrique

Nul ne peut ignorer la crise alimentaire que connaît le  continent et notamment les pays de l’ouest africain. Principalement exportateurs de produits alimentaires, ceux-ci sont tributaires des aléas climatiques et vivent au rythme des chiffres qu’ils font. Et qui sont loin d’être suffisants. L’orientation du secteur agricole apparaît ainsi comme le défi à relever d’ici 2013 explique en substance Abdoulaye Biotchané président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Et cette démarche semble portée  ses fruits. La plupart des pays ont en effet  réajusté leurs politiques en matière agricole privilégiant désormais les produits vivriers et de rente. Confrontés aux manques de financements nationaux et aux réticences des donateurs et bailleurs extérieurs, les pays africains se tournent ainsi vers la Chine qui n'hésite pas à  leur accorder l'aide sollicitée. Mieux encore,  lors du Sommet de Beijing en 2006, la Chine n’a pas manqué de  prendre une série de décisions fortes et multiformes comme la construction  d’un Centre-pilote des techniques agricoles au Togo,   l’installation de plus de 14 fermes agricoles en Tanzanie, Ouganda, Zimbabwe, et Zambie.

En 2009, lors de l’ouverture du forum Chine-Afrique en Egypte, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, promit  d’accorder un prêt de 10 milliards de dollars aux pays africains. « Nous allons aider l'Afrique à développer ses capacités financières (…). «  Nous allons fournir 10 milliards de dollars à l'Afrique en prêts bonifiés", a-t-il déclaré. Trois ans plutôt, en 2006, Pékin avait également promis d’apporter 5 milliards de dollars. Des mesures préférentielles qui s’ajoutent à l’allègement voire l’annulation des dettes de certains pays africains mais aussi l’exemption de droit de douanes pour 60% de produits africains en 2010. Et ce, dans le but d’approfondir la coopération concrète entre la Chine et l'Afrique.

Vous avez dit néo-colonialisme ?

"On considère que d'ici à 2010, un million de paysans chinois pourraient être installés sur ces terres", explique l'économiste et consultant agricole au Brésil Jean-Yves Carfantan. Avant de poursuivre : "les variétés hybrides de riz créées par Pékin permettent d'améliorer les rendements de 60 % par rapport à la moyenne mondiale. Si l’objectif officiel est d’aider les pays africains  à augmenter leur production grâce aux technologies chinoises, il est clair qu’une bonne partie des récoltes seront exportées vers la Chine. Un constat qui ne fait que conforter l’idée de Gwyne Dyer, journaliste au  Droit.  « Ces deux dernières années, de nombreux pays situés hors du continent africain - Chine, Inde, Corée du Sud, Grande-Bretagne et États du Golfe arabe en tête - se sont emparés d'énormes étendues de terres agricoles en Afrique, en les louant ou en les achetant pour produire des denrées alimentaires ou des biocarburants destinés à leur propre consommation. Leurs détracteurs les appellent les «néo-colonialistes», mais ils ne connaîtront vraisemblablement pas le même succès que leurs prédécesseurs ».

 La Chine a ainsi acheté plus de 2, 8 millions d’hectares en République Démocratique du Congo et ce, pour créer la plus grande plantation de palmiers à huile au monde. Une acquisition qui jette des zones d’ombre sur le tableau sino-africain. Pékin, de son côté, ne cache pas son vif intérêt pour quelques deux millions d’hectares en Zambie. Alors néo-colonialisme ou véritables opportunités de développement ? La relation gagnant-gagnant que souhaitait développée l’Afrique semble ne plus être d’actualité. Certes, l’arrivée de nouveaux investisseurs implique l’afflux des investissements directs étrangers (IDE), une agriculture modernisée, des emplois pour les habitants, le transfert de nouvelles technologies. Cependant l’interventionnisme économique est-il légitime 50 ans après la fin du colonialisme en Afrique ?

 
 

 

 

 
 
 
 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 
 
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