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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

J' estime que c'est une chance pour moi d'être à 16 ans auteure camerounaise.

Photo du 14-08-13 à 20.57 (2)Mademoiselle Audrey Metolo Foyet, la rédaction du blog-infos : « Regards d’Africains de France » se réjouit d’avoir accepté de réaliser cette interview qu’elle a tant attendue depuis fort longtemps. C’est une interview qu’elle range dans le cadre de sa chronique littéraire réservée aux écrivains d’origine africaine et ensuite à tous ses lecteurs à travers le monde. La littérature noire en général et Africaine en particulier, ne s’arrête pas qu’avec la disparition des grands écrivains comme Léopold Sédar Senghor, Maoundoé Naïdouba, Joseph Brahim Seïd, Baba Moustapha, Aimé Césaire, Ahmadou Kourouma, Camara Laye, Ferdinand Oyono, Sembène Ousmane, etc. Parmi les plus anciens écrivains, il y a ceux qui ont encore en vie comme,Yasmina Khadra, Cheikh Hamidou Kane, Yucef Zirem, Marie N'daye, Alain Mabanckou, Camille Adébah Amouro, Koulsy Lamko, Nimrod Bena Djangrang,Calixthe Beyala,Jérôme Carlos,Barbara Akplogan et j’en passe. Et la continuité de cette littérature noire et africaine est bien assurée par des héritiers très jeunes comme Fatou Diome, Salim Bachi, Salma Khalil, Lydiane Tsague Tsayem et vous-même, mademoiselle Metolo Foyet. Des vrais alliés de la littérature francophone qui se sont lancés pour assurer la relève dans un monde où publier un seul livre ressemble une traversée d’un fleuve sans pirogue ou  à un véritable parcours de combats. Et c’est justement cet étonnement qui a poussé notre rédaction à savoir plus sur votre vie d’une jeune écrivaine camerounaise. Il semble que vous vous laissâtes emporter par les marées hautes de la littérature depuis l’âge de neuf ans.

1-C’est quand même extraordinaire, n’est-ce pas ?

Audrey Metolo Foyet-Oui Ahmat, c'est quand même extraordinaire quand j'y repense (sourire).

2-Votre biographie où des journalistes béninois nous renseignent à travers leurs beaux articles que vous avez commencés avec l’art littéraire dès l’âge de neuf ans. Mais à cet âge, qu’avez-vous fait concrètement ?

A.M.F-C' est à cet âge que m'est venue à l'idée d'écrire, pas seulement pour moi, mais d'écrire une œuvre qui sera publiée et lue par un bon nombre de personnes. C'est à cet âge que j'ai découvert mon attirance vers les choses pas toujours normales ou ordinaires. C'est à cet âge que je me suis rendu compte de mon imagination folle et des talents que je devais mettre en valeur. J'ai constaté que tous les livres que je lisais, bien qu'ils me plaisent, n'étaient pas assez, « tordus » comme j’aurai voulu. C'est pour cela que j'ai décidé écrire de nouvelles choses. Des choses auxquelles on ne s'attend pas, des cuisses de moustiques… et bien d'autres que vous lirez bientôt, par la grâce de Dieu. C'est à neuf ans que je me suis dit : « Mais dis donc Metolo, être écrivain ne t'intéresserait pas ? Partager tes écrits, ton amour pour la différence, tes idées, ta perception de la vie et de tout ce qui s'y trouve, là est une chose miam - miam ». Je me suis donc mis à écrire en espérant un jour publier mes petits trésors et enfin, être appelé écrivain. Je rends grâce à Dieu, parce que c'est bien un rêve devenu réalité.

Qu’ai-je donc fait concrètement à neuf ans ? J'ai attisé une flamme, celle des débuts d'une grande aventure !

3-Il ya-t-il du sérieux lorsque l’on commence à réaliser une chose à l’âge précoce ? Et qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la littérature ou dans la peinture à cet âge là ?

A.M.F-Je pense qu'il peut y avoir du sérieux ou non lorsque l'on commence à réaliser une chose à l'âge précoce. Cela dépend de ce à quoi on aspire, si c'est une chose à long terme ou si c'est juste pour s'amuser. Mais l'expérience a montré que d'habitude c'est du sérieux parce que les enfants qui se lancent dans ces projets sont assez conscients et donc commencent jeunes pour prouver qu'ils sont aussi capables. De quoi ? D’émettre des idées, d'avoir de bonnes réflexions, de faire de grandes choses malgré leur jeune âge. Et je ne vois pas un enfant conscient qui voudra commencer une telle chose et ne pas se battre pour obtenir le résultat recherché. Ce n'est que l'année dernière que je me suis lancée dans la peinture et soyez en sûr, je ne compte pas m'arrêter là. Quant à ce qui m'a poussé à me lancer dans la littérature, l'objectif que je me suis fixé : Écrire au moins un livre avant d'aller à l'université et figurer parmi les jeunes écrivains d'Afrique et du monde.

4– De qui vous est venu cet art d’écrire ou d’exprimer vos idées en toute liberté à travers une plume immature qui cherche à frayer un chemin dans un monde hostile ?

A.M.F-Je ne peux vous dire de qui m'est venu cet art parce que je n'en ai aucune idée. Mais je dirai bien volontiers que c'est assez familial parce que mes parents et mon grand frère ont fait des séries littéraires donc j'ai peut-être hérité du sang littéraire de la famille. Aussi, mon père est sociologue et je crois que j'ai été contaminée par sa philosophie. Bien qu'on soit différent sur  un nombre de choses. Si je me rappelle bien (je ne vous garantis pas la véracité de cette information), il a été professeur au collège, et une chose me dit qu'il a aussi écrit, bien qu'il n'ait rien publié. Il devait être un sacré poète parce j'ai lu les poèmes qu'il envoyait souvent à ma mère et vive versa. Ah l'amour des années 70 ! Quelle belle époque !

5- Vous êtes né au Cameroun en 1997 au cœur d’Afrique centrale, dans un pays des grands littéraires et écrivains comme Ferdinand Oyono avec ses deux grands livres : « le vieux nègre et la médaille », « un nègre à Paris », Calixthe Beyala, la Franco-Camerounaise avec ses multiples livres et bien d’autres écrivains que nous ne pouvons pas tout cité. Est-ce que c’est de la chance pour vous d’être née dans ce pays ?

A.M.F-J' estime que c'est une chance pour moi d'être née au  Cameroun. Ce pays regorge de tout. Je suis fière d'être une fille de l'Afrique en miniature. Le Cameroun fait partir des grands arbres qui ont produit et continuent de produire de grands écrivains ; connus en Afrique et dans le monde et dont les livres circulent aussi partout dans le monde. Mongo Beti, Leonora Miano, Eugene Ebode, Elizabeth Tsongui… La maison des éditions Clé de Yaoundé a produit plusieurs écrivains étrangers…Sans oublier la diversité culturelle, climatique, la richesse du sous-sol camerounais que cela soit en énergie et mines ou en produits vivriers. Comme l’a chanté un artiste camerounais : « Je suis fière de mes gens qui ne se laissent pas bouffer par les mots ; fière de la jeunesse prête à monter au chrono ; fière de mes origines de ma couleur de mon sang, de l’amour fraternel… fier de nos cultures de nos coutumes je t’assure ; de manger du Ndolè ou d’autres mets qui me tuent. » Tout Camerounais digne du nom reste un grand patriote. S’il y a une chose qui me fascine chez les Camerounais, c’est bien leur patriotisme. Les lions indomptables peuvent « ‘mouiller » » sur le terrain, le bon Camerounais sera déçu, mais soyez en sur, il rentrera toujours chez lui manger un bon plat de tarot sauce jaune, de Ndolè ou de Bâton de manioc poisson braisé. Ou il ira certainement s’assoir dans un bar d’à côté pour lancer des commentaires sur la politique de Biya (ce sur quoi je préfère mieux ne pas m’étaler). Je nous connais...

6- Certes vous nous diriez que l’on ne choisit pas son pays de naissance, ni sa nationalité. C’est le destin qui nous l’impose. C’est ce qui est bien vrai. Mais à supposer que l’on vous donne la chance de choisir votre pays de naissance, lequel de pays au monde, choisirez-vous ? Et pour quelles raisons ?

A.M.F-Hmm ! À supposer que l'on me donne la chance de choisir mon pays de naissance, je choisirais La Papouasie Nouvelle-Guinée (rires). J'adore les voyages, et franchement j’aurais l'embarras de choix. Il y a tellement de beaux endroits sur cette terre que je ne sais même pas ou j’aurais préféré naitre. Mais je crois qu’une ile, une cité balnéaire, une ville exotique ou Hong Kong ferait l’affaire.

7- Vous êtes actuellement au Bénin, en Afrique de l’Ouest. Un pays aussi francophone que le Cameroun. C’est certainement au Bénin que vous avez écrit votre premier roman : « Vente de cuisses de moustiques à Doubangar ». Vous êtes en classe de terminal. C’est le moment de préparer le baccalauréat, un diplôme qui boucle la fin de vos études secondaires. Si par exemple, vous tombez sur un sujet qui parle du Cameroun, un pays de liberté par rapport au Bénin, que diriez-vous ?  

A.M.F-J' aimerai tout d’abord m’appuyer sur le fait que je ne suis plus en classe de Terminale. J’ai été admise au baccalauréat A2 béninois cette année avec 15,50 de moyenne, soit à 0,50 de la mention « Très bien ». Ensuite, c’est au Cameroun que j'ai commencé à écrire « Vente de cuisses de moustiques à Doubangar » et c’est au Bénin que je l’ai terminé. Ce dernier est mon premier roman « publié » », pas mon premier roman « tout court » ». J’ai écrit des romans bien avant celui-ci. Mais ce dernier est le premier publié. Pour revenir à la question posée, si par exemple je tombe sur un sujet qui parle du Cameroun, ce que je dirai dépendra du sujet dont il est question. S’il s’agit d’une comparaison, il ya bien plus de liberté d’expression au Cameroun qu’au Bénin. Les Camerounais sont des éternels fougueux et s’il y a bien une chose qu’ils n’ont pas, c’est bien leurs langues dans leurs poches. Les Camerounais manquent très souvent des occasions de se taire et n’ont pas peur de récolter les peaux cassées. Oui, nous sommes très audacieux. C’est quand même l’Afrique centrale. Les Hommes au sang chaud. Tout ce que je sais, c’est qu’on ne donne pas le lait, n'est-ce pas M’bom ? (expression camerounaise). Rires. Mais vous savez, c’est relatif. Chaque pays a ses côtés positifs et ses côtés négatifs. Ceci dit, il y bien des domaines en lequel le Bénin est meilleur que le Cameroun et vice versa.

8-Généralement lorsque l’on parle du Bénin, on a l’impression de se plonger au cœur d’une littérature francophone et engagée. Malheureusement quand on se met à chercher de vrais auteurs d’origine béninoise, on n’en trouve pas assez. Qu’elles sont les obstacles qui freinent les plumes de Béninois dans ce sens ?

A.M.F-Certes, le système éducatif béninois fait partir des meilleurs en Afrique. Et vous avez raison quand vous dites qu’on a l’impression de s’y plonger au cœur d’une littérature francophone et engagée. Je pense que ce qui freine les plumes béninoises est le manque de maisons des éditions dans ce pays et surtout, presque aucune structure n’est mise en place pour valoriser en bonne et due forme l’écriture, la publication. Certes, il y a quelques maisons des éditions qui font de leur mieux, pour ne pas dire qui se « débrouillent », mais on sent un manque de professionnalisme, beaucoup d’hypocrisie, d’abus et d’escroquerie. Et une ruse ou espièglerie qui n’a pas de nom. On ne peut pas faire confiance dans ces conditions et je trouve bien normal que les talentueux Béninois aillent se faire publier à l’étranger. Néanmoins, je ne suis pas d’avis quand vous dites qu’on ne trouve pas assez d’auteurs d’origine béninoise. Il y en a assez Ahmat, assez. De Jean Pliya à Olympe Quenum en passant par Jérôme Carlos et Eustache Prudencio. Sans oublier les jeunes écrivains en puissance qui se font remarquer par un style tout nouveau … Daté Atavito Barnabé-Akaya écrit un livre intitulé « Quand Dieu a faim ». Ça ne donne pas envie de lire ça ? Alors ? C’est bien un Béninois qui l’a écrit. Et ce livre est fort intéressant, ma foi ! Les Béninois sont aussi fort en slam et plusieurs se sont démarqués dans le domaine artistique (musique, peinture, slam, théâtre…). Ceci n’est pas à omettre.

9-Le Sénégal, qui est également en Afrique de l’Ouest, est un grand arbre qui produit de grands écrivains. Ils sont si nombreux que nous ne pouvons pas tout citer. De toutes les manières, ils sont connus et leurs livres circulent partout dans le monde. Qu’est-ce qui empêche votre pays le Bénin à produire autant des livres romans ou autres au même titre que le pays de Léopold Sédar Senghor ?

A.M.F-Je l’ai déjà dit là haut. Manque de professionnalisme et beaucoup de coups - bas. C’est cela la source du problème. Tous ceux qui rient avec toi ne t’aiment pas forcément…

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