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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Rwanda: Le peuple batwa risque de disparaître.

(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Ces quinze dernières années au Rwanda, le nombre de Batwa a été quasiment divisé par deux ! Peu d'entre eux mangent à leur faim, se soignent correctement ou vivent dans des logements décents. Mendier ou disparaître, l'avenir de ces hommes sans terres ni moyens s'annonce sombre…

 

Lentement, mais sûrement, les Batwa disparaissent au Rwanda. Alors qu’ils étaient 45 000 en 1994, puis 35 000 en 2004, le recensement du ministère de l’Administration locale de 2010 n’en comptait plus que 25 000. "Les mauvaises conditions de vie suffiront pour exterminer ces autochtones", met en garde Zéphirin Kalimba de Coporwa (Communauté des potiers du Rwanda, qui compte bon nombre de Batwa), association pour la promotion et la défense des droits des potiers, "le groupe le plus vulnérable et le plus pauvre du pays".  Selon M. Kalimba, huit Batwa sur dix mangent à peine une fois par jour et vivent dans un habitat inadéquat. D'où une mortalité croissante.D’après une étude publiée par Coporwa en juin 2011, à peine un Batwa sur trois accède aux soins de santé à travers les mutuelles ; le ticket modérateur (contribution du patient aux services de santé) les empêche généralement de se soigner. Angélique Nireberaho, vice-maire chargée des Affaires sociales du district de Nyaruguru (Sud), une région qui abrite une importante communauté, confirme : "La mutuelle de santé est gratuite, mais cela n'empêche pas un taux élevé de mortalité infantile. Les Batwa ne participent pas aux programmes d'éducation au centre de santé. Nous voulons déployer un agent social qui s'occupe uniquement d'eux." Craignant de voir leur communauté s'éteindre à jamais, ces derniers ne limitent par ailleurs pas les naissances. Rugero, 32 ans, n’a plus que trois enfants en vie sur les six qu'il a eu au départ. "Imaginez, si j'en avais eu seulement trois, qu'est-ce qui me resterait ? Quand la mort vient en prendre un, le lendemain je mets au monde un remplaçant !"Ces communautés sont considérées par beaucoup d’historiens comme les plus anciens habitants des Grands lacs et de l’Afrique centrale. Elles se trouvent notamment au Rwanda, au Burundi et dans la partie orientale de la RD Congo. Leur intégration sociale et économique dans la société rwandaise reste cependant extrêmement limitée à cause d'une stigmatisation liée à l’histoire et à la pauvreté. On estime ainsi que, dans tout le pays, 36 Batwa seulement ont atteint l’université…

 "Vivre de la poterie"

La poterie représente pour eux une expression de leur identité, mais les terres marécageuses d'où ils tirent l’argile sont en grande partie consacrées à la riziculture collective. A cela s’ajoute la politique de conservation de l’environnement qui freine aussi leur accès à cette matière première... "Ils ont besoin d'argile pour améliorer leur poterie qui peut être un métier rentable, souligne M. Kalimba. Jusqu'à présent, 95 % des Batwa font la poterie traditionnelle, avec des produits vendus à un prix inférieur au coût de production. Une bonne politique nationale spécifique aux potiers devrait les aider à moderniser leur métier", suggère ce responsable de Coporwa.Ils n'ont guère d'autres choix… Marginalisés, près de la moitié d'entre eux n’ont aucun lopin de terre et la création des aires protégés et parcs nationaux les a chassés des forêts. Actuellement, l’exercice d’enregistrement des terres bat son plein. "S'il se termine sans que les Batwa n'accèdent à la terre, ils vont rester mendiants et dépendants à jamais"pronostique, pessimiste, un potier de Bugesera (Est). En 2007, la mendicité était la première source de revenus de 40 % des membres de cette communauté.Selon Angélique Nireberaho, "le peu de Batwa qui ont reçu des parcelles dans les villages modernes comme celui de Coko ne veulent pas y habiter ou y cultiver. Ils préfèrent faire des pots." Ce à quoi un responsable de Coporwa répond : "Ils veulent rester semi-nomades, vivre de la poterie, pas de l'élevage ou de l'agriculture. Les intégrer dans la société moderne ne veut pas dire les priver de leur identité".


 

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