Canada : Polémique autour du nombre de permis de travail délivrés aux demandeurs d’asile 

Une polémique autour du nombre de permis de travail délivrés aux demandeurs d’asile s’est emparée de la classe politique canadienne ces derniers jours. Le Journal de Montréal a annoncé mercredi, seulement 330 permis ont été octroyés depuis juillet. Et pourtant, pendant la même période, plus de 10 000 migrants ont traversé la frontière du Québec de façon irrégulière. Les partis d’opposition québécois ont réagi devant ce qui semble être un paradoxe à leurs yeux. Ils soutiennent la position que le gouvernement fédéral doit accélérer le processus d’octroi des permis de travail pour les demandeurs d’asile. Le nombre de permis de travail effectivement accordés entre juillet et 31 octobre s’élève plutôt à 2900 au lieu des chiffres 330 communiqués précédemment par le Service Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. « Le nombre 330, qui vous avait été communiqué auparavant, représentait le nombre de permis de travail délivrés aux demandeurs d’asile qui avaient franchi la frontière de façon irrégulière durant le mois de juillet 2017 seulement », a écrit jeudi le conseiller en communication d’Immigration Canada, Carl Beauchamp.

Questionné mercredi à la Chambre des communes, le ministre de l’Immigration canadien, Ahmed Hussen ne disposait pas encore ces données factuelles. Avant que les vrais chiffres ne soient connus, les adversaires politiques du gouvernement sont montés au créneau pour dénoncer le nombre très insignifiant de 330 permis de travail délivrés aux demandeurs d’asile. « Il y a quelqu’un qui se traîne les pieds quelque part, lance la porte-parole péquiste en matière d’Immigration et de communautés culturelles, Carole Poirier. Ces gens-là, quand ils ont traversé la frontière, ce n’était pas pour se ramasser à l’aide sociale ». Le chef de la CAQ abonde presque dans même sens lorsqu’il dit : « le fait que les permis de travail soient distribués au compte-gouttes vient confirmer la mauvaise gestion des gouvernements. Maintenant, je continue à penser que ça n’a pas de bon sens les délais pour avoir des réponses à savoir est-ce que leur demande comme statut de réfugié va être acceptée ou non », dit-il. Des milliers de migrants ont regagné en été le Canada, notamment des haïtiens qui craignaient de voir leur permis de séjour révoquer par l’administration Trump.

Le gouvernement fédéral a indiqué mettre les bouchées doubles pour accélérer le traitement des demandes de permis de travail et « s’engage à respecter une norme de service de 30 jours ». Le Canada s’attend à une nouvelle vague de migrants qui pourrait franchir les frontières dans les tous prochains mois, puisque le président américain envisage de ne pas renouveler le permis de résidence spéciale à 2500 ressortissants du Nicaragua, et quelque 300 000 autres ressortissants d’Amérique centrale et Haïti se verraient leur statut révoqué. Une situation qui fait moins peur aux gouvernements provincial et fédéral, mieux préparés qu’auparavant grâce à l’expérience acquise l’été dernier.

Moussa T. Yowanga