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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Article 1: Afrique: retard du continent africain

Les conflits ethniques est un virus qui ronge l'Afrique

Le plus souvent, quand on évoque des sujets relatifs au retard de l’Afrique en général et particulièrement la région située au sud du Sahara, beaucoup de gens désignent les Occidentaux comme à l’origine du mal. C’est une opinion. Leur point de vue est peut-être fondé. On ne sait jamais. Chacun est libre de dire ce qu’il pense à condition de le soutenir avec un bon nombre d’éléments fiables. Peut-être que là n’est pas le vrai débat.

Pour trouver la racine du mal qui ronge particulièrement l’Afrique noire et ainsi éviter de faire des amalgames, il faudrait faire l’inventaire de tous les maux, en prenant avec impartialité totale cas par cas les obstacles de chaque pays formant ce continent. Des milliers de choses vont peut-être apparaître parmi lesquelles les guerres tribales ou ethniques que Marie Nzigamye a mentionné dans un article intitulé « C’est le racisme qui empêche l’Afrique d’avancer » paru dans un journal belge « La Libre Belgique ».
Marie Nzigamye a lancé un débat d’une importance capitale. Son affirmation est exacte. Car, dans toute l’Afrique, les preuves tangibles ne manquent pas.


Je suis originaire du Tchad, un pays qui compte plus de 200 ethnies, un pays meurtri et fragilisé pendant des années par des guerres tribales, ensuite religieuses ou politiques. Les conséquences sont toujours présentes. Je demeure convaincu que le racisme ou le « problème ethnique » bloque le développement d’un nombre important de nos pays africains, voire la majorité. Bien avant l’arrivée des colons blancs, les multiples ethnies et sous-groupes ethniques qui habitaient ce territoire portant aujourd’hui le nom du Tchad, avaient déjà du mal à vivre ensemble.

Chacune des ethnies voulait se montrer plus forte, puissante, voire à réduire certaines ethnies en esclavage ou parias. La création des empires au Tchad (Baguirmi, Aouddaï, Kanem-Bornou) vient de là. Les ethnies qui étaient mal organisées étaient réduites en esclavage. D’autres se cachaient dans des lieux de fortune pour éviter le pire, espérant un changement prochain. La coutume de considérer autrui comme un esclave potentiel ou comme une personne impure est toujours présente dans certaines ethnies.


Aujourd’hui au Tchad, le problème de cohabitation ethnique est très aigu. C’est un volcan. Chaque jour on assiste à une bagarre ethnique opposant un groupe à un autre. Il arrive que des ressortissants d’une ethnie quelconque passent une nuit blanche pour éviter des représailles. Quelquefois pour un problème banal. Parfois des intellectuels eux-mêmes s’emballent et font la chasse à celui qui est différent. Personne ne peut démentir que les Goranes dans leur ensemble, un grand groupe ethnique qui peuple la partie Nord et l’extrême Nord tchadien, ainsi qu’une partie du Kanem, ont des difficultés à cohabiter avec les autres ethnies du Nord ou du Sud. Les Saras, population du Sud tchadien, cohabitent difficilement avec les Arabes nomades, les Zaghawas et les Goranes etc. La haine de l’autre, y compris dans l’administration, l’appartenance ethnique, prime sur les compétences à tous les niveaux.


Tous ces conflits fragilisent bien sûr le développement du Tchad. On construit, et d’autres détruisent. Des maisons entières avec l’ensemble des richesses s’envolent dans la nature. On incendie des champs de mil, on attaque les troupeaux de bœufs ou de dromadaires : la richesse de l’autre n’est pas vue comme la sienne. Le sentiment national n’existe pas au Tchad, car les gens cohabitent sur un territoire sans l’avoir voulu comme tel. Ce sont encore les haines tribales qui font que les chefs d’Etat se maintiennent coûte que coûte au pouvoir par peur des représailles, et s’entourent d’armées purement tribales. D’où les nombreuses rebellions armées, et de nombreux morts, veuves et orphelins.


Sur ces problèmes se greffent des difficultés de cohabitation des religions dans beaucoup de pays d’Afrique. On entend souvent que, quelque part en Afrique, une bagarre opposant un groupe de musulmans contre un groupe de chrétiens a occasionné la mort d’une quarantaine ou plus de personnes. Il suffit d’orienter votre boussole vers le Nigeria, le Soudan ou le Tchad etc. Ce sont surtout les guerriers ou les assoiffés de pouvoir qui se cachent derrière une religion pour gagner la confiance d’un ou de plusieurs groupes religieux ou ethnies afin d’arriver à la tête d’une République quelconque ou tout simplement de se maintenir au pouvoir.


Pour en revenir au Tchad, des chefs d’Etat se sont servis d’une religion pour arriver au pouvoir. Ils font croire aux uns et aux autres qu’ils sont de la même religion, donc raison valable pour se mettre ensemble et mater l’ennemi commun qui n’est pas de la même religion. Des marabouts ou autres personnes appellent ouvertement à voter pour tel président parce qu’il est musulman. Des responsables des Eglises conseillent tel ou tel vote à leurs fidèles. Des mots sont hélas apparus pour designer l’autre. « Doum », en Sara, une langue du Sud du Tchad, signifie à la fois musulman, assassin et criminel. « Kirdis » désigne pour ceux du Nord les impures, les païens et les esclaves.

Une lueur d’espoir chez les jeunes artistes : chrétiens et musulmans cohabitent de plus en plus. L’actuel président du Tchad, pourtant peu aimé par l’ensemble de la population, joue de sa religion (musulmane) pour garder le pouvoir : plutôt lui qu’un chrétien, dit « impur » par la majorité. Pourtant, c’est faux. C’est ce genre d’affirmation, que l’on rencontre un peu partout en Afrique, qui fait souvent perdre à l’Afrique son équilibre.

 Ce n’est pas un défaut de voir sur un même arbre des fleurs à plusieurs couleurs. Des Africains sont fiers d’aller au Canada, parce que c’est un pays qui accueille tout le monde, comme si nous étions incapables de faire la même chose. Nous sommes un continent de proverbes et de sages, mais nous sommes incapables de mettre cette richesse à profit pour éduquer et construire notre environnement. Ailleurs, on a besoin d’espace pour construire. Nous Africains, nous ne remplissons l’étendue de notre contient qu’avec les corps sans âme de nos citoyens valides. C’est triste.

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