Article 2: France:Les violences urbaines
Nul n’est pour les violences ou les crimes qui se passent quelque part dans le monde, même si certaines puissances se servent de la violence pour soi-disant mater les ennemis de la paix. Aucune personne ne goûte le plaisir de voir des pays ou des continents touchés par une catastrophe naturelle ou artificielle.La couleur de la peau n’est certainement pas une raison valable pour justifier l’indifférence d’une personne envers l’autre. Les violences urbaines qui ont eu lieu en France, causées par des personnes en colère, ne réjouissent évidemment pas tout le monde, même si cela est fait pour réclamer justice. Ce n’est absolument pas une bonne façon, du moins pas l’unique manière de se faire entendre si on veut changer son environnement ou son mode de vie. « On peut tout faire avec les baïonnettes sauf s’asseoir dessus », dit un proverbe africain.
La volonté des autorités françaises de mettre fin ou de limiter des actions fâcheuses est bien sûr à saluer, même si l’on n’a pas encore le droit de se réjouir du calme qui règne actuellement. Mais que cessent certains mots ou stratégiques politiques de certains gouvernants qui peuvent se révéler à la longue un cancer pour la dignité humaine. Des bons mots sont disponibles pour trouver des bonnes solutions. « Il n’est pas interdit à une femme de ménage de balayer la cour de sa maison tant que cela ne provoque pas un malaise au voisinage », clame un autre proverbe africain.Que le gouvernement français durcisse le ton après les émeutes ou pas, cela ne pourra en réalité pas freiner l’immigration clandestine, d’où qu’elle provienne. Les solutions ne se trouvent sûrement pas dans l’interdiction ou le blocus des « mariages blancs » et du regroupement familial. Le vrai problème se pose en terme de questions : Qu’est-ce qui explique le silence de certains chefs d’Etats de pays pauvres sur la question de l’immigration ? Que font les grandes puissances avec les chefs d’Etats de ces pays surendettés pour que cesse l’immigration clandestine ? Vers où se dirige l’argent des gros financements, des dettes et d’aides, enfin et surtout l’argent provenant des ressources naturelles comme le pétrole ou d’autres ?
La démocratie dont on parle si souvent rime-t-elle véritablement avec l’amélioration des conditions de vie de la population des pays pauvres ? Quand cessera-t-on de financer les campagnes électorales d’un sanguinaire chef d’Etat au détriment d’un projet rentable à l’ensemble des populations vivant dans ce pays ? Quand finira-t-on avec le phénomène des présidents à vie et la « nouvelle mode » qui consiste à passer le pouvoir d’un père à un fils ? Qu’est-ce qui pousse les populations d’un continent quelconque ou d’un pays à abonner le leur pour l’Europe ou les Etats-Unis, et plus particulièrement pour la France ? Que faut-il faire si on est ressortissant d’une région faisant l’objet de menaces de mort ou si son pays traverse une période de guerre incessante, mettant en danger la vie de la population tout entière ?En réalité, si on ne trouve pas de solutions durables aux actions qui révoltent et provoquent un départ en masse des populations à la recherche de la paix et du mieux-vivre, on ne limitera pas l’immigration illégale. Arrêtons donc les guerres, créons des conditions favorables et équilibrées un peu partout dans le monde, pour limiter ce phénomène de l’immigration clandestine, devenu pour quelques pays riches quasiment un fléau.
Se permettre de dire qu’il faut enrayer l’immigration illégale et favoriser l’immigration choisie, ressemble un tout petit peu à un des commandements de la colonisation qui stipule : « donne à manger aux colonisés pour ne pas qu’ils meurent de faim, mais ne les rassasient pas, de peur qu’ils ne se retournent contre toi ».Après la traite négrière et la colonisation, certains décideurs européens ne mesurent pas encore leurs mots ou actes même si cela ne vise pas directement un seul continent. Pardonnez-nous et arrêtons ainsi. Surtout, nous Africains, nous ne voulons plus entendre des mots pleins d’arrogance et de mépris venant de « l’autre ». À quoi, selon vous, ressemblent ces termes : « Immigration choisie », « Favoriser l’afflux des étudiants doués et chercheurs ». Peu importe leur continent. La France se sentira-t-elle libre de favoriser la fuite des cerveaux pour enrichir sa ressource humaine au détriment de pays pauvres qu’elle prétend aider à se rétablir ? Que deviendront ces pays sans bons chercheurs et étudiants intelligents dans les années à venir ? Les questions restent posées ! Une fois de plus, les pays pauvres s’apparentent à de véritables dépotoirs. « À vous les bonnes graines, à nous les mauvaises. » N’est-ce pas !
Ahmat Zéïdane Bichara