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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad-Libye : Aux esclavagistes arabo-musulmans

Il est vrai qu'actuellement les projecteurs sont braqués sur la Libye avec le reportage de CNN, qui a permis de mettre la lumière sur cette pratique ignoble de traites de noirs dans la péninsule libyenne. Ce problème est tellement grave qu'il s'en est suivi une vague d'indignations sans précédent dans le monde et notamment en occident, par essentiellement la diaspora noire qui a manifesté un peu partout en occident devant les représentations diplomatiques libyennes. On a pu entendre la foule des manifestants scandée en chœur : (Non à l'esclavage de nos frères). Il faut rappeler en effet, que la protestation est venue du cri de cœur émouvant de l'animateur de Rfi Claudy Siar qui s'est insurgé de voir qu'en 2017, à trois heures de Paris, des jeunes africains subsahariens sont chosifiés et marchandises comme des vulgaires objets au plus offrant. Ils sont utilisés comme des bêtes de somme dans les travaux champêtres et autres tâches domestiques par des négriers arabes, contents d'acheter des êtres humains à vil prix. Pour mieux situer le phénomène, prenons de la hauteur : Nous semblons par naïveté ou par cécité intellectuelle, circonscrire le phénomène à la seule Libye...Et pourtant l'esclavage moderne (même si cette appellation relève d'un oxymore), il n'en demeure pas moins que le phénomène existe dans d'autres pays africains notamment, la Mauritanie qui est un pays esclavagiste et ce, de façon systématiquement atavique et insidieusement entretenue par des arguments religieux.

Ainsi donc en Mauritanie, les noirs Harratines, sont esclavages de père en fils depuis que ce sombre pays existe, confortant ainsi la sécularisation de ce phénomène abject. C’est un secret de polichinelle que de parler de ça, tout le monde est au courant du phénomène mais personne n'ose interpeller vigoureusement la Mauritanie de peur de s'attirer les inimitiés de cette dernière. En dehors des frontières africaines, l'esclavage de nos sœurs est normalisé et codifié au Liban et même en Arabie saoudite. En effet, des jeunes femmes à la recherche d'une vie meilleure sont recrutées par des agences de placement au départ de leurs pays d'origines et rendues esclaves au pays du cèdre, dans l'indifférence totale. Elles y travaillent 24h/24h, pour des salaires ridicules au regard du travail qu'elles abattent pour les chanceuses et celles qui n'ont pas de chance, travaillant pour des libanais racistes en plus d'être esclavagistes, ne sont pas payées du tout, ajouter à cela, les humiliations et autres traitements dégradants, et vous obtiendrez un esclavagisme tout aussi violent que celui qui a cours actuellement en Libye. La seule différence s'il en existe une ; résiderait dans la façon dont la vente est organisée. ...En Libye cela se passe exactement comme à l'époque de la traite négrière, donc heurtant nos sensibilités, mais au Liban c'est derrière des officines qui ont pignon sur rue, avec une administration qui tient le compte.

Cependant, je ne minimise pas ce qui se passe en Libye, j'essaie de dire tout simplement que nous les noirs, sommes toujours dans la (réaction) et rarement dans l'action. Et on réagit souvent à l'action de nos bourreaux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre à nos souffrances. C'est eux qui décident de ce qu'on doit savoir ou non. C'est vraiment pathétique. ...Pour moi, le racisme n'a pas de couleurs encore moins de catégorie ethnique. Quand des êtres humains sont victimes de maltraitance, c'est l'humanité qui est touchée et ma voix ne s'époumonerait jamais, de se dresser contre toutes les formes de racismes. Je n'aime pas trop les compétitions victimaires et la hiérarchisation des racismes. Tous les actes racistes se valent, il faut tout simplement les déplorer, les dénoncer, et les condamner. La formidable mobilisation de ce week-end a permis d'impulser un mouvement de la réhabilitation de la dignité de l'Homme noir que j'espère irréversible. Cependant, la grande interrogation demeure, celle de l'implication des gouvernements africains dont les ressortissants sont captifs et esclaves en Libye, pour conforter ce formidable élan d'éveil de consciences, jamais observé par le passé. Il y a comme un vent nouveau qui souffle dans la conscience noire, vivement que cela se transforme en tempête pour muer le noir en propre défenseur de sa cause dans ce monde qui se renferme de plus en plus.

Tahirou Hisseine Dagga,correspondant permanent à Strasbourg en France 

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