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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

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Migrants Subsahariens : Amnesty accuse les Européens d’être complices d’abus contre les migrants en Libye.

Dans un communiqué de presse daté de mardi 12 décembre, Amnesty International a accusé les pouvoirs exécutifs européens d’être « complices » de la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye, leur reprochant notamment leur aide aux garde-côtes libyens impliqués, selon l’ONG, dans le trafic d’êtres humains. « Les gouvernements européens sont sciemment complices de la torture et des abus endurés par des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants détenus par les autorités libyennes de l’immigration dans des conditions « épouvantables », souligne l’ONG dans son rapport. Amnesty reproche aux Européens de soutenir « un système sophistiqué d’abus et d’exploitation des réfugiés et des migrants » de la part des garde-côtes, des responsables des centres de détention et des trafiquants, avec pour seul souci d’empêcher la traversée de la Méditerranée. « Depuis fin 2016, les Etats membres de l’UE (…) ont mis en œuvre une série de mesures visant à fermer la route migratoire via la Libye et la Méditerranée centrale, sans se soucier des conséquences », résume l’ONG. Par conséquent, « des dizaines de milliers de personnes sont détenues indéfiniment dans des centres de détention surpeuplés où elles subissent des sévices systématiques », ajoute John Dalhuisen, le directeur d’Amnesty pour l’Europe. « Les gouvernements européens ne sont pas seulement pleinement au courant de ces abus, mais (...) ils en sont complices », s’insurge-t-il.

 Dans un entretien avec l’AFP à Bruxelles, Monsieur Dalhuisen a spécifiquement montré du doigt Rome qui, selon lui, détient «la série d’arrangements la plus sophistiquée » avec le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj. « Ce système place l’Italie, en particulier, dans une situation où elle rompt ses obligations internationales », notamment en ce qui concerne l’interdiction de la torture, a estimé John Dalhuisen. Le renforcement par Rome de ses partenariats avec Tripoli a permis de limiter fortement les départs : entre juillet et décembre, le nombre de migrants débarqués en Italie a baissé de plus de 65% par rapport à la moyenne des mêmes périodes entre 2014 et 2016. Face aux nombreuses critiques, Tripoli et Rome sont tombées d’accord samedi pour former une « cellule conjointe » pour lutter contre les passeurs et les trafiquants. En attendant, Amnesty relève que les gouvernements européens ont surtout fourni une assistance au département qui gère les centres de détention en Libye, et qu’ils ont formé et fourni des équipements aux garde-côtes libyens pour qu’ils interceptent les migrants en mer. Ceux-ci sont envoyés dans des centres de détention où ils subissent des traitements horribles », insiste l’ONG.  « Jusqu’à présent, 20 000 personnes restent confinées dans ces centres (…) surpeuplés et insalubres », constate encore Amnesty. Suite à la révélation des images concernant les marchés aux esclaves en Libye, l’Union africaine (UA) a annoncé la semaine dernière son intention de rapatrier dans leur pays d’origine ces 20 000 migrants, sous six semaines.

 Ces centres sont officieusement sous le contrôle du GNA soutenu par la communauté internationale. Des milliers d’autres migrants sont cependant détenus dans d’autres centres tenus par des milices, échappant à tout contrôle. Amnesty dit avoir interrogé des dizaines de migrants et réfugiés qui se sont exprimés sur les « abus dont ils ont été victimes ou (…) témoins », citant notamment « la détention arbitraire, la torture et le travail forcé ». Les migrants témoignent avoir été torturés par les gardes dans les centres de détention pour leur extorquer de l’argent. « S’ils peuvent payer, ils sont libérés et ils peuvent également être remis aux trafiquants qui se chargent de leur départ de la Libye.» L’ONG accuse également des garde-côtes de participer au trafic. Amnesty rapporte le cas d’un migrant gambien ayant été détenu pendant trois mois qui a raconté comment il était affamé et battu dans un de ces centres. « Ils m’ont frappé avec un tuyau en caoutchouc, parce qu’ils voulaient de l’argent pour me libérer. Ils appellent la famille en te frappant pour que celle-ci envoie de l’argent », a-t-il expliqué. Les garde-côtes libyens sont également accusés de mettre en danger les migrants et d’intimider les ONG qui opèrent en Méditerranée pour leur sauvetage. Durant les onze premiers mois de l’année, près de 3 000 personnes sont mortes ou disparues en mer en cherchant à rejoindre l’Europe, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

DP Moussa T. Yowanga

 

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