25 Juillet 2018
Le vaccin contre Ebola a été un « outil fantastique » rapporte l’AFP dans sa publication de mardi 24 juillet 2018, mais il n'a joué qu'un « petit rôle » dans la lutte contre l'épidémie en RDC, dit à l'AFP Michael Ryan, sous-directeur général à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), louant la rapidité de la réponse internationale. Le gouvernement congolais a déclaré mardi « la fin de l'épidémie »de la maladie à virus Ebola officiellement annoncée le 8 mai et qui a tué 33 personnes dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo.
AFP: L'utilisation du vaccin est-elle la principale raison pour expliquer que la flambée épidémique d'Ebola en République démocratique du Congo ne soit pas devenue une épidémie à grande échelle comme ce fut le cas entre 2013 et 2016 en Afrique de l'Ouest?
Michael Ryan : Non, nous ne pouvons pas dire que le vaccin a fait la différence. Certes, le vaccin est un outil fantastique dans la lutte contre Ebola. La principale raison pour laquelle nous avons été plus rapides et plus efficaces cette fois est que nous avons lancé une réponse humanitaire très, très rapidement, nous avons enquêté très vite, nous avons réagi agressivement. Il y a eu un déploiement extrêmement rapide des équipes nationales et des intervenants internationaux sur le terrain. Nous avons isolé des cas rapidement, nous avons mis en place un excellent système de recherche des contacts des patients. Et en plus, nous avons pu vacciner les contacts, de sorte que le vaccin a joué un rôle dans la réponse globale, mais un petit rôle.
Lors de la grande épidémie en Afrique de l'Ouest, des travailleurs humanitaires avaient été attaqués. Est-ce que cette situation s'est reproduite en RDC?
Je pense certainement que les communautés (en RDC) ont été très réceptives. Cela peut être dû en partie à une meilleure compréhension, le Congo ayant connu neuf flambées d'Ebola. Mais la province affectée n'avait jamais connu de flambée. Elle a touché les communautés très traditionnelles de la forêt et les communautés urbaines. Cela aurait pu mal tourner si les communautés n'avaient pas accepté l'intervention et l'isolement des patients. D'après mon expérience sur le terrain, le vaccin a vraiment aidé par le fait que nous apportions des vaccins aux communautés: nous avons apporté l'espoir et non la mort. Dans le passé, nous allions dans les villages pour prendre des patients, les isoler, et pour prendre des corps et les enterrer. (Cette fois), les gens se précipitaient pour demander à être vaccinés et cela change la dynamique.
Le virus a-t-il évolué?
Non, il n'y a aucune preuve que le virus ait changée. Il se transmet toujours par les mêmes voies. Ce que nous avons réussi à éviter dans ce cas, c'est une amplification à grande échelle de la maladie dans les hôpitaux ou lors de funérailles. Dans le cas du fleuve Congo, il y avait un risque réel que la maladie monte ou descende le fleuve, qui est la route principale vers Kinshasa, vers Brazzaville, la République Centrafricaine et d'autres parties du Congo. Notre stratégie a été en premier d'éduquer les gens pour qu'ils comprennent que s'ils ont de la fièvre, ils doivent aller voir un médecin. Deuxièmement, il a fallu des installations pour un contrôle ciblé et stratégique dans les ports à forte densité de voyageurs. Et puis il a été très important d'avoir dans des endroits comme Kinshasa un niveau d'alerte élevée dans les hôpitaux et les centres de santé pour que les personnes arrivant d'endroits comme Mbandaka sur le fleuve et ayant de la fièvre ou des symptômes inhabituels soient immédiatement isolées. Nous avions donc un système en place, mais le système n'était pas basé sur la fermeture du fleuve.