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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Afrique francophone (Côte d’Ivoire,Bénin,Tchad,Cameroun etc): Le Fcfa (acronyme alors pour « Colonies françaises d’Afrique ») a été créé le 26 décembre 1945, une quinzaine d’années avant l’indépendance des colonies françaises. Le but était de restaurer l’autorité monétaire française.

«Dans quels pays est-il utilisé ? Depuis quand existe-t-il? Le franc CFA expliqué en 6 questions», deux questions posés par Cynthia Deschamps dans un article depuis dimanche 22 décembre 2019 par la RTBF. Dans cet article signé d’elle, notre consœur Cynthia Deschamps eut commenté la décision de Huit pays d’Afrique de l’Ouest et la France ayant décidé une réforme d’envergure du Fcfa. Cette monnaie qui remonte à l’époque coloniale qui va changer de nom selon l’annonce samedi 21 décembre 2019 du Président Ivoirien Alassane Outtara en présence d’Emmanuel Macron. Cette réforme est négociée depuis six mois entre la France et les huit pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Elle ne concerne pas pour l’instant les six pays d’Afrique centrale qui utilisent le franc CFA mais qui forment une zone monétaire distincte. Mais le  Fcfa, c’est quoi au juste ? Le Franc cfa est actuellement commun à 14 pays africains, soit quelque 150 millions d’habitants pour un produit intérieur brut (PIB) d’environ 235 milliards de dollars.

Ces pays sont répartis en deux zones selon la journaliste Cynthia Deschamps, huit en Afrique de l’Ouest, six en Afrique centrale, constituant deux unions monétaires distinctes :Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo constituent l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l’institut d’émission est la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), créée en 1962 et dont le siège est à Dakar ;Le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad constituent la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), dont l’institut d’émission est la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), créée en 1972 et dont le siège est à Yaoundé.La valeur du Fcfa, auparavant indexée sur le franc français, est indexée sur l’euro, avec une parité fixe. 1 euro = 655,96 Fcfa. La moitié des réserves de change des pays utilisant le Fcfa sont déposées auprès de la Banque de France. La France ne gagne pas d’argent avec ces dépôts. La Banque de France rémunère actuellement ces dépôts au taux planché de 0,75% par an. Les intérêts sont reversés aux pays africains chaque année. Ce dépôt garantit une convertibilité illimitée du Fcfa avec l’euro.Bien que les devises XOF et les XAF soient désignées communément par le même nom de Fcfa et aient – actuellement – la même valeur, elles ne sont pas interchangeables. Il ne s’agit donc pas d’une zone monétaire commune mais de deux zones juxtaposées. Cette coopération permet à ces pays aux économies fragiles et aux systèmes politiques assez souvent instables de bénéficier d’une monnaie stable. De plus, comme le Fcfa est indexé sur l’euro, de brusques dévaluations ne sont pas possibles. Le système permet aussi des transferts de capitaux libres et gratuits à l’intérieur de la zone monétaire. Cependant, le lien entre les cours du Fcfa et l’euro ne permet pas aux pays africains de faire varier le cours de leur monnaie en fonction des aspects économiques censés l’influer. Ils subissent donc les aléas économiques de l’Europe et de sa monnaie sans pouvoir intervenir.

Selon toujours les analyses de Cynthia Deschamps de la RTBF,ces aléas sont toutefois amortis par le mécanisme du compte d’opérations qui permet de faire varier la quantité de monnaie en circulation dans la zone en fonction de l’appréciation (ou la dépréciation) de l’ancre monétaire. Avec un euro fort, ils sont handicapés pour exporter leurs produits vers d’autres destinations que l’Europe mais peuvent importer à moindre coût les biens d’équipement hors zone. :Lorsque l’euro s’apprécie, la quantité de monnaie par rapport au DTS augmente et les Banques centrales créditent le compte d’opérations auprès du Trésor français, diminuant ainsi leurs réserves et pénalisant le mécanisme de crédit. Ce mécanisme permet de contrer l’effet inflationniste de l’euro fort ;Dans le cas de l’euro faible, c’est le Trésor français qui débite ce compte pour créditer les banques centrales, ouvrant plus fort le robinet du crédit (augmentation de la quantité de monnaie).Le franc CFA confère aussi aux pays qui l’ont adopté, grâce à son lien fort avec l’euro, une crédibilité internationale que n’ont pas de nombreux autres pays.Le Fcfa (acronyme alors pour « Colonies françaises d’Afrique ») a été créé le 26 décembre 1945, une quinzaine d’années avant l’indépendance des colonies françaises. Le but est de restaurer l’autorité monétaire française. Ces territoires, isolés de la métropole durant la seconde guerre mondiale, ont souffert de la raréfaction des échanges et ont dû parfois créer des émissions locales appuyées sur d’autres devises que le franc français (par exemple le dollar US), voire accepter des émissions fantaisistes par les troupes armées, ou encore accepter la monnaie des occupants. La règle du jeu monétaire est simple : dans tous les pays membres circuleront désormais des billets de nom et des graphismes différents mais de valeur respective fixe — la parité. Un franc cfa ou comorien vaudra donc partout et toujours 2 centimes français -1 franc français vaut donc 50 francs cfa ou comoriens. Les initiales Fcfa désignent alors la « Communauté financière africaine » pour les sept États de l’Ouest et la « Coopération financière de l’Afrique centrale » pour les six autres pays de l’Afrique centrale. Le Fcfa jouit de la « libre convertibilité », rendant l’échange constamment possible à ce cours entre toutes les monnaies.Pour mieux exercer son contrôle, la Banque de France fait centraliser les réserves de change auprès du Trésor français qui détient donc un « compte d’opération » au nom de chacune des banques centrales. Ces comptes pouvant être débiteurs ou créditeurs, ils génèrent des mouvements d’intérêts.

En conclusion, Cynthia Deschamps rappelle avec beaucoup de précision que pendant longtemps, les soldes ont toujours été à peu près équilibrés, le système ne coûtait pas beaucoup de devises à la France, d’autant plus qu’elle n’intervenait qu’en dernier recours. Les banques centrales devaient d’abord inciter les pays endettés de la zone à négocier en priorité des délais de paiements supplémentaires à leurs créanciers étrangers avant de demander de bénéficier de la couverture du parapluie monétaire français.En 1958, le Fcfa devient « franc de la communauté française d’Afrique». .L’un des débats concernait les conséquences des fluctuations du franc français. Quand le franc français était dévalué, toutes les autres grandes monnaies devenaient plus chères, leurs produits plus onéreux et leurs dettes en dollars toujours plus lourdes. En revanche, les exportations des pays de la zone franc devenaient plus compétitives. Mais comme ces exportations ne concernaient en général que des produits agricoles de base (banane, café, coton, bois…) dont la demande n’est pas élastique, l’avantage s’avérait relativement faible, excepté pour la France qui voyait ses produits industriels acquérir un avantage concurrentiel dans la zone franc, d’où la notion de chasse gardée.En 1993, la « libre convertibilité » est abolie.Les pièces et les billets sont frappés dans une imprimerie de la Banque de France à Chamalières, en banlieue de Clermont-Ferrand, dans le centre de la France.Fin 2004, des billets plus sécurisés mais aussi plus fragiles ont été mis en circulation dans les zones BEAC et BCEAO, remplaçant ainsi les anciens billets.Les 15 États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, Ecowas en anglais, incluant les 8 États de l’UEMOA) se sont mis d’accord pour adopter en 2020 une monnaie unique, baptisée « eco ». Celle-ci sonnerait le glas du franc cfa. Cela dit, de nombreux analystes sont sceptiques sur un lancement aussi proche de l’eco, soulignant les grandes disparités économiques, monétaires et budgétaires entre les pays de la zone, ainsi que les difficultés techniques inhérentes à la naissance d’une nouvelle monnaie.

Ahmat Zéïdane Bichara

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