Géopolitique et désinformation( Bénin, Guinée Conakry, Côte d'Ivoire ect..) : Grammaire d’un monde post-Covid en Afrique

Alors que l’Afrique sort peu à peu d’une crise sanitaire sans précédent, elle doit faire face à une épidémie de fièvre des coups d’Etat. Ces derniers temps par exemple, quatre Présidents ouest-africains ont été renversés par des militaires en l’espace de deux ans. En RDC aussi, la possibilité d’un coup d’Etat est prise très au sérieux. Durant ce genre de manifestations, il importe de souligner que la désinformation connait une recrudescence dans le débat public. Si ces pratiques de manipulation de l’information ont tendance à polluer les discussions politiques, elles pourraient toutefois avoir un effet dévastateur sur les politiques sanitaires des pays à faibles ressources y compris ceux d’Afrique. Alors que les putschs se suivent, à l'échelle du continent avec plus ou moins de succès, le logiciel de la communication sécuritaire semble en attente de mise à jour dans plusieurs pays de l’ouest du continent. En l’espace de deux ans, quatre Présidents de cette partie de l’Afrique ont été renversés par des militaires. L'insécurité croissante est venu mettre encore plus de tension dans des pays confrontés à d’énormes défis tels que la santé publique, la gouvernance, la démocratie, les droits humains ou encore l'éducation.

Dans un contexte socio- politique aussi tendu, il importe de souligner que les fake news connaissent une recrudescence dans le débat public. De fait, les Infox ont tendance à proliférer lorsque la croissance brandie par les gouvernants africains n'évoque rien pour le conducteur de taxi- moto de Porto-Novo (Bénin) ou pour le berger de Bamako (Mali) .Véritable fléau, les fausses informations profitent de ces couacs dans le dialogue social pour se répandre à une vitesse impressionnante. S’il convient de reconnaître que les fausses informations ont toujours existé par le passé, leur pouvoir de nuisance est cependant devenu incontrôlable depuis que le téléphone portable transforme les habitudes en Afrique. Conscient de l’ampleur des intox sur son canal de communication, le réseau social Facebook s’active en Afrique afin de freiner la pandémie des fakes news. C’est dans ce cadre que la plateforme aux 2,2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels à travers le monde s’adonne désormais à la fermeture de nombreuses pages. C’est par exemple à travers cette intention affichée, qu’un réseau de comptes basé en France a été démantelé. Selon Facebook , il fallait agir rapidement car ce réseau visait entre autre à intoxiquer les internautes de Centrafrique, du Mali, Niger, Burkina, Algérie, Côte d'Ivoire et du Tchad. Pour le Dr Qemal Affagnon, responsable Afrique de l’ouest d’Internet Sans Frontières, cette campagne de salubrité numérique montre que le cyberespace est devenu un lieu où, s’expriment de nombreux rapports de force.

Dr Qemal Affagnon précise par ailleurs que Facebook est parvenu à la conclusion que les individus à l’œuvre dans les pays ci-dessus cités, sont associés à l’armée française. En dehors des forces françaises, l’Internet Research Agency qui se trouve en Russie a également été épinglé par les révélations du réseau social au logo bleu. A travers deux réseaux, l’IRA, qui est basé à Saint-Pétersbourg, a également jeter son dévolu sur de nombreux internautes africains . Selon le responsable Afrique de l’ouest d’Internet Sans Frontières, il s’agit de manipulations stratégiques. Pour expliquer sa pensée, le Dr. Affagnon relate que la Russie cherche dorénavant à opérer un retour en force sur le continent Africain. Par ailleurs, le Dr Qemal Affagnon estime que cette intention du Kremlin permet de comprendre pourquoi, les deux réseaux russes démantelés par Facebook ont misés sur des campagnes publicitaires de masse. A ce sujet, il faut dire qu’en ce qui concerne la narration politique en ligne, la France serait en retard par rapport aux Etats-Unis ou la Russie. Cependant, le responsable Afrique de l’ouest d’Internet Sans Frontières mentionne qu’en dépit de ce retard, l’armée française s’est donné pour priorité de protéger les pays du golfe de Guinée suite à l'échec politique au Mali.

En République du Bénin où, on note une vague d'attaques organisées par des groupes djihadistes et le retour des biens culturels, l’usage de l’arme numérique fait partie de la stratégie française, face à une Russie qui se positionne sur l’axe de l’ingérence numérique. Or, le Dr. Affagnon rappelle que ces dernières années, certains pays africains ont procédé à la mise en place de la biométrie pour enregistrer les votants. Au Bénin, un plan de développement touristique est en cours d’élaboration avec le lancement d’une politique sans visas qui devrait faire de ce pays, l'un des pays les plus ouverts du continent africain. Toutefois, la modernisation des documents ayant trait à l’identité des votants ou des voyageurs en Afrique, reste un procédé très sensible. A titre d’exemple, le responsable Afrique de l’ouest d’Internet Sans Frontières mentionne que le traitement d’une photo biométrique permet d’inférer une vingtaine de conditions médicales. A l’échelle mondiale, ces précieuses informations attirent la convoitise des Etats. Pendant ce temps, l’Afrique est toujours dépendante à l’égard de l’aide extérieure en matière de soins de santé et de toute une gamme d’équipements et de traitements.

Laurent Batonga, Collaboration spéciale