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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

 Union Africaine(UA) : cinq prétendants pour un poste.

Comme le titre du célèbre roman des années 60 de l’écrivain camerounais, Guillaume Oyono-Mbia: « trois prétendants, un mari », le 28ème  sommet de l’Union africaine qui se déroule du 30 au 31 janvier à Addis-Abeba en Ethiopie, opposera cinq candidats présentés par leur pays respectif pour briguer le seul poste de la présidence de la commission de l’organisation panafricaine. Le gagnant de cette élection sera connu à la suite d’un vote à bulletin secret des chefs d’Etat pour clore définitivement ce chapitre commencé lors du 27ème sommet de Kigali où l’élection n’a pu aboutir à la succession de l’actuelle présidente sortante, la sud africaine Nkosazama Dlamini-Zuma.Lors du précédent sommet en juillet à Kigali au Rwanda, aucun des trois candidats, l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l’Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe, n’avait obtenu les deux tiers des votes nécessaires. Aucun des trois n’avait visiblement l’envergure et le profil idéal pour occuper ce poste. C’est alors qu’il fut décidé de reporter cette élection prochain sommet de janvier.

Cette fois-ci, outres les deux candidats rescapés du précédent sommet, trois nouveaux candidats de poids sont venus allongés la liste des prétendants pour la conquête de ce poste prestigieux. Il s’agit d’Agapito Mba Mokuy et de Pelonomi Venson-Moitoi. Le Tchadien Moussa Faki Mahamat, le Sénégalais Abdoulaye Bathily et la Kényane Amina Mohamed Jibril. Chacun de ces candidats fait valoir à la fois son parcours, ses priorités et ses soutiens afin de convaincre un plus grand nombre même si jusqu’à présent, certains pays préfèrent garder dans l’anonymat leur soutien à tel ou tel candidat jugé plus solide pour l’emporter, contrairement au mandat de la Sud-Africaine Nkosazama Dlamini-Zuma (qui doit quitter son poste le 2 février 2017) que beaucoup d’Africains considèrent de mi-figue mi-raisin.Pour ce vote, le huit clos est requis. Et pendant ce jour, tout sera au rendez-vous comme l’embarra du choix, le clientélisme politique, la corruption, les rivalités sous-régionales ou linguistiques vu que dans cette foultitude de candidats, dont deux Francophones (Tchad,Senegal), un Lusophone(Guinée équatoriale) et deux Anglophones (Kenya, Botswana).

Heureusement dans cette course politique au poste de la présidence de l’UA, on déplore l’absence des Arabophones, même si le Royaume du Maroc 33 ans après avoir claqué la porte de l’Union africaine devrait réintégrer cette institution lundi prochain à l’issue d’un vote des chefs d’Etats africains. 54 chefs d’Etat vont devoir se pencher sur la réintégration du Maroc au sein de l’Union qui s’était retiré par la décision du roi Hassan II qui entendait à l’époque protester contre l’admission au sein de l’institution de la République arabe sahraouie démocratique(RASD), autoproclamée par le Front Polisario. C'est la première fois que la Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) siégeront dans la même assemblée. Ce retour remet au premier plan la question épineuse du Sahara occidental, qui dure depuis trois décennies. On se pose justement la question de savoir si celui qui sera désigné à la tête de cette organisation pourra répondre à la bonne entente des Africains et de la communauté internationale, même si les cinq candidats possèdent respectivement de solides expériences en matière de la diplomatie au vue de leur curriculum vitae. Surtout que souvent on enregistre un grand écart entre ce que l’on sait et ce que l’on fait ou doit faire. En un mot, cela pose souvent la question de l’adéquation entre les paroles et les actes.

Tel serait-il le cas de ces cinq candidats, dont voici comment se présente le portrait de chacun d’entre eux.Amina Mohamed Jibril du Kenya la plus favorite de cinq candidats était ministre des Affaires étrangères de son pays et du Commerce international depuis 2013.Agée de 53, diplomate par expérience, elle a occupé le poste d’ambassadrice à Genève en Suisse et de représentante auprès de la Mission permanente du Kenya aux Nations unies à Genève de 2000 à 2006. Elle fut également directrice adjointe du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à Nairobi. Elle est la candidate des huit pays membres de l’Igad (Autorité intergouvernementale sur le développement) et le Rwanda, même si entre ces pays Australes et de l’Est les relations ne furent jamais au beau fixe au-delà des intérêts de tout un chacun. Elle avance comme priorités le renforcement des blocs économiques régionaux, la création des trafics interrompus par voie terrestre, aérienne et maritime, et cible les abondantes ressources naturelles du continent. Amina Mohamed Jibril déclare aussi transformer les zones rurales en centres dynamiques d’agro-alimentaire et d’activités industrielles, sans oublier le renforcement du rôle de la diaspora africaine.

Quant au candidat du Tchad Moussa Faki Mahamat, on peut dire pour l’instant avec beaucoup de prudence et de réserve qu’il est le seul de cinq candidats qu’on peut qualifier d’Afro-arabe et musulman, vu le soutien qu’il bénéficierait de l’Algérie, du Soudan, de l’Egypte, du Djibouti et de la Somalie. N’oublions pas de mentionner qu’il s’avère être aussi le candidat de la France avec autour presque l’ensemble des pays d’Afrique centrale compte tenu de la participation de son pays dans la lutte contre la secte djihadiste Boko-Haram. Moussa Faki Mahamat âgé de 56 ans exerce comme ministre des Affaires étrangères et de l’intégration africaine depuis 2008. La presse internationale le qualifie de pilier du système du président Idriss Dèby Itno, puisqu’il est l’un de ses plus anciens ministres, premier ministre de 2003 à 2005. Selon le sondage initié par l’institut camerounais des recherches, 80% des Tchadiens ne sont pas favorables à sa candidature. Malgré ce manque de soutien de la part des populations tchadiennes, le gouvernement tchadien reste persuadé qu’il est le prétendant qu’il faut pour ce continent morcelé par des divisons politiques et ethniques, miné par les dictatures, l’ingérence étrangère, les attaques répétées des terroristes, et  la mauvaise gouvernance etc. En effet, le candidat de N’Djaména fonde ses priorités sur le développement et la sécurité du continent, la bonne gouvernance économique, la jeunesse, le changement climatique, la gestion du flux migratoire etc.

Contrairement à ces deux candidats, Agapito Mba Mokuy 51 ans, de la Guinée-Equatoriale, cet ancien ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie depuis 2012, était déjà prétendant en juillet à Kigali, il a été éliminé au quatrième tour du scrutin. Il a passé par le Programme des Nations Unies pour le développement(PNUD), puis fonctionnaire à l’Unesco pendant dix-huit ans, il est membre du bureau politique du parti présidentiel et conseiller du chef de l’État pour les affaires africaines depuis 2010. Le bureau d’études et de recherches camerounais révèle que cet homme bénéficie du soutien d’une partie des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale(CEEAC). Et justement, c’est là où  on a l’air de croire que la chance de ces deux représentants d’Afrique centrale ne pourra jamais résister à celle des candidats anglophones ou celui de l’Afrique de l’Ouest, malgré qu’ils aient aussi des divisions internes. Malgré tout, Agapito Mba Mokuy reste convaincu de gagner cette élection pour mettre en application ses priorités d’adopter des méthodes plus efficaces et efficientes de travail, d’assurer une coopération et coordination plus étroites avec les Nations unies et autres organisations multilatérales, régionales et internationales d’améliorer les conditions de travail du personnel de la Commission de l'Union africaine, de renforcer la coopération avec les partenaires externes de l'organisation.

Ensuite, il y a Abdoulaye Bathily du Sénégal, 69 ans, ancien représentant de l’ex-secrétaire de l’Onu Ban Ki-moon pour l’Afrique centrale de 2014 à 2016, présente un parcours bien étoffé. Sa présence en tant que candidat à cette élection à la présidence de l’UA vient farouchement amputée sur la chance de Moussa Faki Mahamat, francophone comme lui. Après un passage à la Minusma à Bamako,le candidat du Sénégal, fut ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature (1993-1998), candidat à la présidentielle de 2007, ministre de l’Energie et de l’Hydraulique (2000-2001), vice-président de l’Assemblée nationale, puis ministre d’Etat auprès du président Macky Sall en 2012. Il a le soutien du Maroc (qui ne vote pas) et officiellement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), même si le bloc ouest-africain est plus divisé qu’il n’y paraît. Dans son programme Abdoulaye Bathily veut passer s’il est élu d’une union des États à une union des peuples,  réaffirmer le leadership de l’UA dans toutes les affaires internationales, faciliter l’intégration régionale et continentale; optimiser les ressources collectives de l’UA, rendre la Commission de l'UA plus performante.

Enfin, Pelonomi Venson-Moitoi 65 ans, la candidate de Botswana, ancienne ministre des Affaires étrangères depuis 2014,la députée est membre du parti au pouvoir, le Parti démocratique du Botswana, et fut plusieurs fois ministre (Éducation, Communication, Tourisme et Transport).Soutenue par les 15 pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), celle qui avait déjà été candidate en juillet à Kigali n'avait pas réussi à obtenir deux tiers des voix lors du dernier tour du vote. Elle tient à mettre en œuvre l’Agenda 2063, la vision sur 50 ans de l’Union africaine ; réformer les politiques d'éducation dans les États membres; harmoniser les règles et les procédures de visa; développer les infrastructures; assurer la transparence de l’exécution du budget de l’organisation.

 En définitive on peut retenir que cette élection à la tête de la présidence de l’UA fait sortir d’une part les points forts du continent Africain et d’autre part ses faiblesses.

                   Ahmat Zéïdane Bichara/Moussa T. Yowanga /Toulouse publié le 30/01/207

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