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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Parole au peuple : «Tchad, l’impossible moralisation de la vie publique ! », signé Maxwel N. Loalngar

Alors que la communauté nationale chrétienne célébrait la veillée de Noël à travers tout le pays, les Tchadiens ont appris à la surprise générale par voie télévisée, le remaniement gouvernemental voulu et décidé par le chef de l’État seul maître à bord du navire-Tchad dont il dirige d’une main de fer depuis 27 ans. Il se comporte en sorte d’un demi-dieu qui n’a des comptes à rendre à personne et agit conséquemment pour se maintenir au pouvoir contre vents et marées en faisant main basse sur toutes les richesses du pays. Peu importe le timing et les personnalités choisis pour former ce gouvernement, mais les Tchadiens ne sont plus dupes de la supercherie d’Idriss Deby Itno, tel comme le Père Noël gratifie le peuple tchadien d’un cadeau empoisonné. Ce n’est pas la réduction symbolique du nombre des membres du gouvernement qui serait la panacée pour amadouer d’une part, la communauté internationale souvent complice de ses égarements et d’autre part, régler la crise politique et socioéconomique durablement installée dans le pays. La gabegie, la corruption, la mauvaise gouvernance doivent immédiatement cesser si le Tchad veut sortir la tête hors de l’eau. Cela ne suffira pas tant que les voleurs de la République, les détourneurs des deniers publics n’auront pas été rattrapés et châtiés pour leurs crimes économiques contre le peuple tchadien.

La réforme institutionnelle ne saurait être considérée comme la seule priorité absolue de ce nouveau gouvernement. Le comité technique de cette réforme a produit un document de travail contestable et contesté qui aurait pu disqualifier Abdoulaye Sabre Fadoul d’hériter du prestigieux ministère des Finances. D’autres comme lui à qui il a été reproché certaines mauvaises décisions et du zèle entre autres, sont virés sans scrupule. On comprend aisément que les considérations d’ordre ethnique et clanique priment toujours sur les principes républicains dans ce vaste pays dirigé par le Panafricaniste Idriss Deby Itno. Le vrai Panafricaniste commence déjà par traiter ses concitoyens de façon digne et impartiale avant de prétendre l’appliquer à l’échelle du continent africain. Bien évidemment, lorsque le Zaghawa est mieux servi et passe avant tous les autres Tchadiens, cela disqualifie totalement le chantre du Panafricanisme. Le nouveau gouvernement gagnerait à changer le fusil d’épaule en tendant réellement la main à l’opposition politique, en garantissant les libertés fondamentales à tous les citoyens, en s’attaquant radicalement à toutes sortes des dérives et en assainissant l’administration publique. C’est une véritable gageure pour le gouvernement Pahimi. S’il ne veut pas succomber sous le feu des critiques acerbes des Tchadiens et jeter très vite dans les oubliettes alors il doit le prouver par des actes concrets. La Rédaction a jugé utile de donner la parole aux Tchadiens pour s’exprimer à cœur ouvert au lendemain du remaniement gouvernemental. Les impressions recueillies ci-dessous constituent le 30eme numéro  de Parole au peuple.

Le président Idriss Deby a procédé dimanche 24 décembre au remaniement de son gouvernement en maintenant à son poste le Premier ministre Pahimi Padacké Albert malgré un départ record de 21 membres de l’ancienne équipe. Il n’est pas absurde de se demander suivant quelle logique peut-on garder à son poste un chef de gouvernement dont plus de la moitié de ses membres ont été remerciés consacrant de facto l’échec de toute l’équipe gouvernementale. Désormais le gouvernement actuel compte 24 membres au lieu de 37 précédemment. Quelles sont vos impressions en tant que citoyen à l’annonce de la composition du nouveau gouvernement ? Estimez-vous la nouvelle équipe à la hauteur des défis actuels auxquels le pays est confronté ?  Le maintien du Premier ministre vous choque-t-il ? En revanche, réjouissez-vous de la double éviction du ministre de la Sécurité publique Mahamat Bachir et celle de son collègue de l’enseignement Supérieur Mackaye Hassan Taïsso ? Pourquoi ? ».

Le premier citoyen tchadien à répondre aux questions de la Rédaction se trouve être monsieur Maxwel N. Loalngar, anciennement journaliste du journal Le Temps : « Tout d’abord, l’observation que vous faites du maintien du Premier ministre, alors que l’écrasante majorité de sa précédente équipe est remercié à juste titre, n’est pas sans souligner un certain échec de l’action gouvernementale depuis le précédent remaniement ou plutôt depuis les dernières élections présidentielles. Le pays fait du surplace, l’immobilisme et le blocage sont on ne peut plus indéniables. Et ça relève un peu de l’angélisme que de se limiter à ce premier constat parce qu’en réalité le Tchad s’enfonce, chaque jour, dans la crise et touche un peu plus, au fil du temps, le fond. Ceci, à cause d’une navigation à vue totale et d’un bricolage politique permanent du sommet, et de la perdition inouïe d’une base sans repères moraux exigeants, des éléments qui alimentent en permanence des archaïsmes typiquement Tchadiens en cours depuis 27 ans et ne font que conduire le pays vers des abîmes insoupçonnés si dans un proche avenir un sursaut contraire et responsable ne vient pas annihiler ce processus. Cela dit, y a-t-il une cohérence à garder le Premier ministre tout en congédiant la majeure partie de son équipe ? Le Président, qui l’a maintenu, a sans doute ses mobiles ; peut-être estime-t-il que le capitaine soit bon, ce qui ne serait pas le cas des congédies, d’où le renouvellement de sa confiance à lui et le congédiement des autres ?

Aux nouveaux venus de lui donner raison, les mois à venir le démontreront. Toutefois, ce serait incohérent d’isoler le sujet de l’observation première que de distribuer des bons et des mauvais points. Car, tant que les archaïsmes tchadiens présidents à la gouvernance du pays, la meilleure équipe gouvernementale au monde échouera au Tchad. Cherchez l’erreur ! Après avoir dit tout ça, je vous fais l’économie de mes sentiments en vous affirmant que c’est un air de déjà vu, que ce remaniement n’a rien de surprenant et, au mieux, il me laisse impassible sans défaitisme et aigreur aucun. Estimez-vous la nouvelle équipe à la hauteur des défis actuels auxquels le pays est confronté ? M.N.L. :- Je ne lis dans la marre à café ou ne vois sous l’eau-pour reprendre une expression populaire ! Aussi ne saurais-je prédire l’efficience de la nouvelle équipe en préjugeant ses capacités à affronter les défis qui se posent à elle et au peuple tchadien dans son ensemble. C’est à son coach, le PR, et son capitaine, le PM, qui l’ont composée, de nous en dire mieux. Reste qu’elle est d'emblée au pied du mur et c’est bien à ce niveau-là que l’on reconnait le bon maçon. Aux nouveaux venus et aux rescapés de la précédente équipe de démontrer qu’ils sont les ouvriers tant attendus et espérés par les citoyens. Il ne demeure pas moins impérieux cependant que leur succès est lié au renoncement, par Idriss Déby Itno, des tares féodales et des fondements non républicains de son pouvoir, qui sont la marque de sa gouvernance. Souvenez-vous, pour un exemple qui ne dit cependant pas tout de ces tares, de la récente démission en réalité de l’ancien ministre des finances, Christian Georges Diguimbaye, et sa secrétaire d’Etat, Banata Tchalé.

 Un président de la République, qui prend fait et cause pour un parent, trésorier payeur général, au profil déjà douteux pour ce poste et fautif d’insubordination à sa hiérarchie, ceci doublée d’une discrimination de genre extrêmement grave ; et comble du ridicule, ordonne à son ministre de rétablir le fautif à son poste, c’est incompréhensible, hallucinant, inadmissible ! Voilà une petite illustration des archaïsmes évoqués plus haut qui plombent tout progrès sociétal au Tchad. C’est le lieu ici de tirer le chapeau à l’ancien ministre et à sa secrétaire d’Etat d’avoir refusé un tel opprobre à la République, le bon sens républicain s’en souviendra ! In fine, au risque de me répéter, vous aurez beau former les meilleurs gouvernements possibles au Tchad, tant que les fondements non républicains du pouvoir d’Idriss Déby Itno sont toujours en place, il ne faut rien attendre de bien et de qualitatif qui en sorte ; sauf miracle ou un chambardement systémique la sortie de la crise est un miroir aux alouettes. Idriss Deby Itno use et abuse des compétences ainsi que des Tchadiens en général pendant que lui et des incompétents tirent leurs marrons du feu des ressources du pays, la crise étant le cadet de leurs soucis parce que n’étant pas leur lot. Ma position peut sembler péremptoire ou dogmatique mais le constat est général et la situation actuelle donne de la résonance aux sons d’alarmes lancés depuis des années déjà. J’avais écrit, il y a cinq ans déjà, un article à ce sujet qui reste aujourd'hui encore d’actualité (« Tchad : L’impossible moralisation de la vie publique ! », trouvable sur le net). Le maintien du Premier ministre vous choque-t-il ? M.N.L. : - Après tout ce que j’ai dit plus haut, je n’ai aucune raison d’être coqué par le maintien de monsieur Pahimi Padacké Albert à la primature, ce n’est pas tant lui le problème.

 Le problème, c’est Idriss Déby Itno, héritier et exécuteur d’une certaine fumeuse idéologie, architecte d’une implémentation d’us et de mœurs contraires aux valeurs de la République, gardien et promoteur des archaïsmes sidérants, toutes ces tares qui ne laissent pas place à la lucidité, au droit, à la justice, au principe de l’égalité républicaine indispensables à la construction d’un État moderne au service du bien de tous. Il va sans dire que tous ceux et toutes celles qui l’accompagnent, sans aucun recul dialectique, dans cette entreprise de déchéance de la République, sont une partie du problème. Je suis plutôt choqué par l’absence de renoncement aux mauvaises pratiques que l’on sait nuisibles à la République, et la persistance de dévoiement de l’idée de celle-ci, le tout étant préjudiciable à la paix sociale, à la cohésion et à l’unité nationale nourrie par le bon vouloir vivre-ensemble ainsi menacé, et au sentiment d’appartenance à un pays de plus en plus effrité au détriment des sentiments de repli identitaire prélude à une balkanisation inéluctable si le renoncement à ces pratiques des sentiments de discriminations vécues en silence par les uns, décriées ou pas par les autres, arrive tardivement. Il faut pourtant réinventer le Tchad et c’est dommage que l’on préfère continuellement la fuite en avant à l’imagination dans ce sens ! En revanche, réjouissez-vous de la double éviction du ministre de la Sécurité publique Mahamat Bachir et celle de son collègue de l’enseignement Supérieur Mackaye Taïsso ? Pourquoi ? M.N.L. : - Pour faire court, sans exprimer une quelconque satisfaction, je vous fais remarquer qu’il n’y a que dans les Républiques bananières que des profils semblables à celui de l’ex-premier flic peuvent accéder à un maroquin de la République. Merci ! »

 Le directeur de l’Agence Tchadienne de Presse et de l’Édition (ATPE), monsieur Abba Ali Kaya répond : « Le regroupement ou la suppression de certains départements obéit beaucoup plus à la situation économique et financière que traverse le pays. Le changement ou le maintien du premier ministre ne change rien. A la donne. La crise est profonde elle est due à la mauvaise gouvernance. C’est qui vient de se passer c’est juste pour dire aux travailleurs et autres que le gouvernement consent également de sacrifice au même titre que les travailleurs. Qu’à cela ne tienne le problème reste entier. Tant que l’on ne change pas de mentalité dans la gestion de la chose publique la situation ne changera pas. NB OFF »

 Le journaliste Tchadien, Mahamat Nour Adoum Sougoumi donne aussi son avis : « Je ne suis pas économiste mais vu l’ampleur de cette crise que traverse le Tchad depuis deux ans, le nombre des membres du gouvernement devrait être revu en baisse plus que ça même si 24 est raisonnable par rapport à 37. Moi, j’ai fait une proposition de 16 membres de gouvernement le 13 décembre dernier pour décanter cette crise même si on sait que la réduction du nombre n’aura pas assez d’impact sur la résolution de la crise. Je n’attends personnellement rien de particuliers de ce gouvernement de Pahimi 4 parce qu’il est presque à l’image de tous les autres gouvernements. Tout de même, je leurs souhaite plein succès pour qu’on sorte de cette crise qui paralyse tout l’appareil de l’Etat et impacte ainsi négativement la vie des paisibles citoyen que nous sommes. Le maintien du premier ministre me choque-t-il ? Je ne pense pas. Qu’il soit performant ou non, Pahimi est en train d’exécuter le programme sur lequel le Président Deby a été élu et celui seul qui décide de la reconduction du Chef du gouvernement. Pour l’éviction de Bechir, Mackaye et les autres, ça ne me réjouit guère. Je ne souhaite jamais du malheur à autrui. Bachir est parti plusieurs fois mais revenu et si Deby fait encore appel à lui, il va revenir tout comme les autres. C’est pour vous dire que je me réjouisse ou non, du départ de Bachir et Mackaye, sachez ils n’ont fait qu’’exécuter les ordres de leur hiérarchie».

Le journaliste Makaila NGuebla, Directeur de publication du site Makaila.fr, tout en dénonçant, considère que : « Le remaniement du dimanche 24 décembre, s’inscrit dans le registre des précédents qui ont eu lieu et qui peuvent être interprétés comme un bouleversement mais non un changement structurel tant attendu par le peuple tchadien dont les préoccupations aujourd'hui, sont ailleurs. Notamment comment se nourrir, se soigner, avoir accès à l’éducation. Monsieur Idriss Deby doit admettre que les gens attendent de lui, son départ des affaires et qu’il fasse un aveu d’échec des 27 ans à la tête du pays, marqués par une gestion désastreuse, un favoritisme poussé, une prédation organisée et un enrichissement d’une minorité au détriment de la masse appauvrie. Maintien du Premier ministre : Oui ! Votre question a son sens, chers confrères de Regards d’Africains de France. Un remaniement devrait plutôt concerner le Premier ministre, chef du Gouvernement dont le bilan depuis deux ans à la tête du pays est chaotique pour les Tchadiennes et Tchadiens privés de tous leurs droits. C’est une complaisance notoire de la part d’Idriss Deby de maintenir son PM actuel. C’est une absurdité totale dans notre pays qui n’étonne pas les observateurs que nous sommes de la vie politique tchadienne.

La taille du gouvernement : On constate certes que la taille du gouvernement a diminué. Le nombre des ministres qui était de 37 est réduit aujourd'hui à 24. Selon le gouvernement cela obéit à une logique budgétaire face à la crise qui secoue le pays. Mais le problème reste entier, depuis 1990 à nos jours. Il faut chercher des solutions ailleurs qui passent par une gestion transparente des affaires publiques et d’éviter l’appropriation des deniers publics par une famille, un clan et une région du pays au détriment du reste des citoyens dépossédés et humiliés. Idriss Deby doit aussi s’interroger, pourquoi les Tchadiens sont-t-ils toujours mécontents de lui et de sa gestion lamentable du pays. Le cas Ahmat Bachir et Mackaye Hassan Taisso ; en fait, l’éviction de deux ministres, est la résultante de leur zèle et de la gestion de la crise sociale et politique que traverse le pays. En ce qui concerne Ahmat Bachir, il s’est particulièrement distingué par des mesures liberticides, interdisant de manière systématique et drastique toute initiative de manifester même pacifiquement des membres des organisations de la société civile.

Vous vous rappelez de la dernière sortie de Monsieur Mahamat Nour Ahmed Ibedou, figure militante de la société civile qui avait publié un article sur le comportement inadmissible du ministre Ahmat Bachir. Je le cite » Cette fois ci, le summum du ridicule et de l’absurdité est atteint. Le Ministre de la « Sécurité publique » s’est surpassé dans le burlesque en interdisant une marche dont la date n’avait même pas été fixée » Moi, je pense sincèrement que le Secrétaire Général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH), a eu raison sur le ministre de la sécurité. Il a obtenu son départ à travers son coup de gueule brillant. Quant au Ministre Mackaye Hassan Taïsso, je m’interroge souvent sur sa présence dans un gouvernement comme celui d’Idriss Deby. Il est un universitaire brillant qui pourrait gagner dignement sa vie sans être ministre sous ce régime. Mais, il est aussi responsable de sa turpitude au regard du bras de fer qui l’a opposé aux mouvements estudiantins qui ne font que revendiquer leurs droits légalement en tant que fils et filles du pays, force de l’avenir de la nation tchadienne. Les deux ministres doivent tirer les leçons de ce qui leur est arrivé pour éviter à l’avenir de commettre les mêmes erreurs. Merci chers confrères du site regards d’africains de France pour l’impressionnant travail journalistique que vous accomplissez et qui mérite notre admiration et attention ».

 Nara Hamtoloum, journaliste à Radio FM-Liberté ne cache pas sa déception : « On n’attend rien de spécial et de concret de cette nouvelle équipe de Pahimi Padacké Albert. Le maintien du PM aux affaires est une espèce de deal entre le président Deby et Payimi. Idriss le fera rendre son tablier après avoir organisé le fameux forum national inclusif devant déboucher sur une nouvelle constitution. C'est ce qui reste. Mais le départ de Bachir ou du professeur Mackaye Hassan Taïsso ou leur maintien ne changera rien dans la vie des Tchadiens. Car ils ont servi les intérêts d'un homme et partant de ses proches et courtisans ».

 Tchadaoubaye Migo Notolban animateur de la Radio Ras-le-bol Citoyen, lancée le 06 septembre 2017 au Canada n’est pas surpris de ce désordre organisé par le régime actuel de son pays : « Remaniement ! Est certainement le mot le plus entendu et connu au Tchad. Les Tchadiennes et les Tchadiens ont fait confiance aux différents gouvernements en espérant que leur condition soit améliorée, mais plus ça change, plus c’est pareil. Je ne suis pas surpris du comportement compulsif d’Idriss Deby. C’est un homme qui n’est pas mentalement équilibré, il est un danger majeur pour notre pays. Combien de remaniements avons-nous connus ? Combien de premiers ministres avons-nous connus ? Qu’est ce qui a véritablement changé ? Je pense que le seul vrai changement ou remaniement, c’est l’alternance. Idriss Deby doit arrêter de se moquer de nous ».

 Ancien élément de l’armée de l’air de son pays, Tededjim Ngarmaim extériorise sa déception face au régime d’Idriss Deby Itno : « La solution n’est pas de changer le gouvernement. C’est l’État qu’il faut changer. En attendant, je n’ai plus rien à ajouter dans ce débat. Le désordre a atteint sa limite maximum et il ne nous reste qu’à observer les conséquences qui en découlent avant le rétablissement souhaité. On assiste au Kermesse des Charognards. »

 Chaib Ahmat ayant également appartenu au même corps de l’armée de l’air lui emboîte aussitôt le pas pour dénoncer la mauvaise foi et l’hypocrisie du président tchadien qui n’assume rien : « Déby essaye de se dédouaner. Il pousse les membres de son gouvernement à commettre des fautes et après, il s'en débarrasse comme si c'était de leurs fautes ».

Monsieur Abakar Assileck Halata réagissant comme citoyen lambda est très en colère contre un régime autoritaire et incapable d’Idriss Deby Itno. Il se montre très critique : « Mon impression en tant que citoyen tchadien est une impression d’insatisfaction, déjà en son temps le MPS n’a jamais eu un programme politique et cette crise qui frappe ce pays était prévisible, vu la gabegie, les détournements de deniers publics, la corruption, bref la mauvaise gouvernance sont les conséquences de ce dont nous vivons aujourd'hui, la compression du gouvernement n’est pas la seule solution. La crise est structurelle On ne peut pas qu’accuser la chute du baril, le Tchad ne pas le seul pays producteur dans le monde .Et nous savons tous que Deby et sa clique qui décident à tous les échelons , donc ils sont les premiers responsables de ce que nous subissons aujourd'hui.- La nouvelle équipe n’aura pas les mains libres ni les moyens pour mener à bien sa mission , depuis 1991 le Tchad a connu 16 premiers ministres, changés par l’humeur du chef , mais jamais pour résoudre les problèmes dans leurs profondeurs. - L’éviction des ministres, n’est pas un événement pour moi, puisqu’ils exécutent le diktat du chef. Je regrette une chose que Ahmat Mahamat Bachir ministre de la République décide de casser publiquement la plume des journalistes, le Tchadien retient son souffle rien n’est éternel. Vivement le changement, Albert Einstein disait : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour le résoudre » fin de citation. Merci à toi grand frère ».

 Le dernier intervenant Ramadan Souleymane n’y va pas de main morte pour faire l’autopsie du grand corps malade qu’est le Tchad : « Croire que le Tchad irait mieux après un remaniement ministériel est un leurre. Le mal tchadien s'appelle Idriss Deby. Le pays est aujourd'hui pris en otage par la famille présidentielle et quelques sous fifres encore utiles et surtout dociles, malléables et corvéables. Pahimi est reconduit certainement par rapport à ce que je viens de souligner et peut être par rapport au contenu de leur contrat qui l'a hissé à ce poste de responsabilité. Ahamat Mahamat Bachir et le petit Makaye Hassan Taïsso ont été sacrifiés juste pour faire baisser la tension. La suppression des bourses et la séries des interdictions des manifestations pacifiques pouvaient déboucher à la longue à un soulèvement difficilement maîtrisable et Deby en est conscient. Pour ce qui est de la réduction des membres du gouvernement, c'est tant mieux même si le médecin intervient après le coma. Le genre féminin paye les frais de ce mouvement également et les tchadiens comprennent maintenant que ce n'était qu'un slogan. Deby n'a jamais rien respecté. Enfin, il faut également dire que Deby ne respecte aucune logique. Aucun bon sens. Procéder à un remaniement ministériel la veille d'une fête et surtout qu'on reçoit le lendemain un hôte de marque. Pour la première fois, un président turc foulait le sol tchadien. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, c'est au moment où la crise économique et financière crève le toit, qu'on vire un ministre maison appelé à la rescousse, pour un pseudo juriste au département des finances. Et qu'un cadre comme Ngueto à qui on a fait appel pour se réconcilier avec les institutions de Breton Woods et pour le montage du fameux PND est également viré pour une saute d'humeurs. Mme N'garbatina paye pour son franc-parler. Elle avait juré ne plus cautionner la médiocrité et le népotisme militant ».

Propos recueillis par Ahmat Zéïdane Bichara / Moussa T. Yowanga  

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