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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

RDC : Bras de fer de l'opposition isolée contre Kabila

Des opposants arrêtés, des manifestations violemment dispersées, quelques blessés : l'opposition congolaise, qui demande « une transition sans Kabila » dès la fin de l'année, a tenté un bras de fer jeudi face à un pouvoir jouant la carte du tout-sécuritaire. Seul un noyau dur de militants a répondu à l'appel du chef du Rassemblement de l'opposition (Rassop), Félix Tshisekedi, qui avait demandé à tous les Congolais de descendre dans la rue contre le calendrier électoral renvoyant les élections au 23 décembre 2018 en République démocratique du Congo. Plusieurs opposants ont été interpellés dès qu'ils ont tenté de manifester sur la voie publique pour demander le départ du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, élu en 2006 et réélu en 2011.Parmi eux, des élus et des cadres de l'opposition ont passé plusieurs heures au poste, comme le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jean-Marc Kabund, et trois députés, d’après la publication de l’AFP du jeudi 30 novembre 2017. Même M. Tshisekedi n'a pu répondre à son propre mot d'ordre.

Des policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de sympathisants rassemblés devant chez lui, a rapporté un journaliste de l'AFP.A Lubumbashi, la deuxième ville du pays, un policier a été grièvement blessé par les manifestants qu'il tentait de disperser avec des gaz lacrymogènes, selon le chef de la police du Haut-Katanga, Paulin Kyungu. A Kananga (Kasaï, centre), deux manifestants ont été blessés pendant la dispersion d'une manifestation de 50 à 300 personnes, a rapporté un correspondant de l'AFP. D'autres se sont repliés dans des installations de la Mission des Nations unies (Monusco) lors d'affrontements avec la police. Dans les deux provinces du Kivu, une vingtaine de militants du mouvement de Lutte pour le changement (Lucha) ont été arrêtés, selon cette organisation. A Bukavu, un journaliste de la radio onusienne Okapi a été « brutalisé », rapporte la radio qui fait état aussi de quelques blessés dans le Sud-Kivu. A la mi-journée, le porte-parole de la police a fait état de « quelques agitations et quelques arrestations », mais d'aucun mort. Rien à voir avec la répression des manifestations massives des 19-20 septembre 2016 et 19-20 décembre 2016. A ces deux dates, des dizaines de manifestants avaient été tués à Kinshasa en demandant le départ de M. Kabila à la fin effective de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016.

Commerces et écoles fermées, circulation fluide:à Kinshasa et dans les grandes agglomérations, la journée de jeudi a surtout de nouveau pris des allures de « ville morte », comme le 15 novembre. Les habitants ne sortent pas de chez eux soit par conviction, soit par mesure de sécurité. Même si les chancelleries suivent de près la situation en RDC, géant instable au cœur de l'Afrique, l'opposition n'a aucun soutien à l'extérieur de la RDC. A la veille de la journée de jeudi, le président français Emmanuel Macron avait repris la position de la communauté internationale : des élections « en 2018 dans le cadre constitutionnellement prévu ». A l'image de la France, l'Union européenne, les Etats-Unis, les Nations unies et même le très influent épiscopat congolais, se sont rallié bon gré, mal gré, par réalisme et sous conditions, au calendrier présenté le 5 novembre par la Commission électorale. Ce calendrier renvoie les élections au 23 décembre 2018 et prolonge de fait d'encore plus d'un an le pouvoir de Monsieur Kabila, dont le deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016 d'après l'actuelle Constitution. « Si nous attendons l'alternance avec M. Kabila, il n'y aura jamais d'élections d’ici en RD Congo », répond un militant du principal parti d'opposition UDPS, Jackson Kongolo. « Aujourd'hui c'est une marche de colère. Nous souffrons, et surtout les mamans. La crise est entrée jusque dans leur cuisine », ajoute une militante, allusion à la situation économique et sociale (dépréciation du franc congolais, hausse des prix, chômage et pauvreté chronique).

Eric Mocnga Topona, correspondant spécial à Bonn en Allemagne

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