Tchad : Ce n’est pas des trouillards qui ont inventé la démocratie. Le saviez-vous ?

Ils se foutent de notre gueule. Oui, Ils se foutent royalement de nos gueules, parce qu'ils ont réussi à nous faire réfléchir comme ils veulent. Nous, c'est-à-dire toi, lui, moi...Tous les jours ! Koulouyome ! Vous et moi, ne sommes-nous pas, en train de perdre notre temps à ratiociner, à jacasser, à tourner et retourner les mêmes réflexions, les mêmes observations, les mêmes remarques, les mêmes propositions que nous n'arrêtons pas de faire depuis 30 ans ? Ces belles paroles, ces pensées « hautement réfléchies », ces « analyses pertinentes », exprimées sur tous les tons, mais toujours avec les soucis du politiquement correct, oui ! Pourquoi n'arrivent-elles pas à changer l'ordre des choses ? Je vais vous le dire même si vous le savez déjà. Ce à quoi nous jouons; ce pari du bon sens et de la raison que nous tenons inlassablement avec le sentiment de voir pointer à l'horizon une petite lueur d'espoir; cette voie de la « lutte sur le front démocratique » qu'un certain nombre, encore beaucoup parmi les plus jeunes empruntent, pour échouer contre le mur de l'arrogance, de l'insolence et de l'humiliation et qui, année après année a vu les plus anciens, disparaître, affaiblis, écrasés, exilés s'ils ne sont simplement et impunément éliminés, est un pari des dupes. Oui, nous sommes tous des dupes, des naïfs, des rêveurs... à moins que, conscients tout de même de l'évidente inefficacité de cette forme de lutte, nous ne persistions à la mener pour avoir bonne conscience et trouver, face à la postérité des excuses à notre démission, j'allais dire, à notre lâcheté ! Ouf ! J'y suis arrivé, le mot est lâché. C'est bon d'exorciser.

Des lâches ? Oui, des lâches. Nous ? Oui ! Toi, lui, moi, sommes des pauvres lâches qui savons pertinemment que ceux-là, qui sont venus par les armes, se sont maintenus par les armes et qui ne connaissent d'autres langages que celui de la force brutale, de la violence à l'état pur et de l'oppression, n'ont à aucun moment et pour rien au monde, la moindre intention de céder le pouvoir à qui que ce soit d'autre par la voie des urnes. Non ? Mais, bon sang ! Ouvrez donc les yeux ! Qui est le plus respecté, le plus applaudi, traité comme allié, courtisé, choyé par la fameuse Opinion Internationale, à laquelle nous, partis politiques de l'opposition, société civile, presse indépendante, etc., faisons sans cesse appel ; dans nos communiqués de presse, dans nos résolutions de congrès, dans nos mémorandums ? N'est-ce pas le pouvoir ? N'est-ce pas Deby ? Nous rentrons notre queue, baissons la tête, prenons des coups de pieds dans le postérieur, tous les jours que Dieu fait. De la part de qui ? De ces foutre à rien qui se pavanent à longueur de journée dans de grosses cylindrées, se construisent non pas un seul, mais des chaines de palais, qu'ils alimentent de puissants générateurs, tandis que nos enfants, nos femmes, se piétinent sous des moustiquaires percés, dormant à même des nattes éculées, le ventre vide, avalant de la poussière à pleins poumons, pourquoi ? Et, le matin, que faisons-nous ? Au travail ! Moto, boulot et mauvais dodo, pour une misérable pitance qui plus est, tombe au compte-gouttes et dont on ose nous faire croire que si elle échoue dans notre escarcelle, c'est grâce à la miséricorde de Deby.

Comment qualifiez-vous de tels comportement si ce n'est de la lâcheté ou de la servilité ? Nous croisons les bras sur la tête, invoquons Dieu et ses saints et vidons nos corps de leurs larmes quand leurs bennes, leurs bus, écrasent comme des mouches nos enfants, nos femmes, nos frères et sœurs; Nous nous laissons harcelés et menacés de mort quand un des nôtres, par malheur, écrase l'un d'eux et trimons, la peur au ventre pour vider nos poches trouées et leur trouver les 4 à 8 millions qu'ils exigent comme prix du sang, du leur, parce qu'ils sont d'une'' race supérieure'' et partant, nous des débris, oui, nous l'acceptons docilement. Nos députés de la République y compris, ceux de l'opposition, nos magistrats, tout le monde l'accepte...c'est triste, choquant, humiliant, mais nous l'acceptons... Quant à ceux du gouvernement, pensez-en ce que vous voulez, mais bande de lampiste flagorneurs à la gueule pendante pour cueillir des miettes échappant de la table de leurs maîtres, je les prends comme les artisans de tous les satanés problèmes que nous vivons. Des scribes des temps pharaoniques. Nous mourrons comme des mouches dans des hôpitaux qui manquent de médicaments, de lits, de personnels soignants, etc., pendant que les leurs sont évacués, sur Tunis, Casablanca, Durban, JoBurg, Paris, Brussels, Londres, Montréal, Toronto, Khartoum, etc. pour un rhume, un mal de tête ou pour accoucher. Et qu'ont-ils pensé comme meilleure blague pour les cons que nous sommes ?

Hôpital de la mère et de l'enfant, Hôpital de la Renaissance. Le premier est un mouroir de la mère ou de l'enfant, le second n'est accessible qu'aux scribes, parents et associés, le prix de consolation pour les sacrifices rendus dont nous sommes les sacrifiés. L’avenir de nos jeunes, de nos femmes, est complètement obscurci, par une absence de perspective et tout ça pourquoi ? Parce que le pays est pauvre ? Non. Non ! Non ! Le Tchad, avec ses 11 millions d'habitants est un pays immensément riche ! Attendez, savez-vous seulement combien, rien que dans les dépenses pour les voyages de toutes ces gens qui ne foutent absolument rien du tout, nous pourrions économisez si seulement, ils réduisaient de moitié ou pourquoi pas au tiers le nombre de leurs missions inutiles, s'ils voyageaient, non pas en première classe mais en classe économique, s'ils dormaient dans des hôtels ordinaires ! Suffisamment d’argent pour 6 mois de salaires des fonctionnaires, chaque année ! Le Tchad a des terres fertiles. Ils empêchent les paysans de cultiver leurs champs, arrachent leurs terres, les rackettent pour un oui ou pour un non et les poussent à l'exode rural pour les cueillir comme esclaves domestiques sous-payés et maltraités ou esclaves dans leurs vergers et palmeraies; Les vastes plaines du Tchad: au Mayo-Kebbi, dans la Tandjilé, le grand Logone, le grand Moyen Chari, sont autant de terres, qui ajoutées à celles du Salamat, du Lac Tchad voire du Batha pourraient être de greniers pour toute l'Afrique Centrale. N'est-ce pas une honte que le Tchad importe des céréales ?

Le Tchad produit du pétrole, ils ont détourné à tour de bras pendant 15 ans, l'argent du pétrole qu'ils ont déposé dans des banques à l'étranger dans les paradis fiscaux ou dans les capitales occidentales où, ces ressortissants d'un pays classé pauvre parmi les plus pauvres se sont taillés, à Paris, Londres, Brussels et surtout New York, Toronto et Montréal, mais aussi, Khartoum, Dubaï, Douala, Rabat, Casablanca, Le cap, Durban, des édifices à vous donner le vertige ; des Tchadiens ? Allez donc voir à El-Djéneina au Darfour comment ils sont considérés ! Des princes vivant dans un quartier hyper chic et menant grand train, avec l'argent de qui ? Votre, notre argent ! Leurs garnements, dès petits morveux arrogants organisent des noces où la règle est de gaspiller de manière ostentatoire des liasses de devises, violent régulièrement et impunément des petites filles, gravissent sans y mettre le pieds quatre à quatre les marches des établissements scolaires et sont bombardés super directeurs, coordonnateurs, ou colonels et généraux, pendant que les vôtres, les nôtres peinent à finir des années scolaires qui ne finissent jamais faute de vraiment commencer.

 Et quand bien même ils les auront finies à 35 ans, c'est pour devenir cireurs, klandos, flics, délateurs de l'ANS ou chair à canons ! Le Tchad était un grand pays producteur de coton, pourquoi la filière coton ne marche plus, alors que le coton fait le bonheur des cotonculteurs Béninois ou Camerounais ? Pourquoi ? Le Tchad pays pétrolier, a brassé, pendant 15 ans, 3 fois plus de revenus du pétrole qu'il ne l'attendait en 2003. Où est passé tout cet argent ? Pourquoi le Tchad doit-il de l'argent à Glencore qui vend le pétrole du Tchad ? N'est-ce pas paradoxal. Le Guéra, le Tibesti, le Mayo-Kebbi Ouest produisent de l'or, et aussi, dit-on de l'uranium, où est cet argent ? Nous, payons toutes sortes de taxes qui rapportent des milliards de nos francs par moi. Rien que l'argent prélevé sur les coups de téléphone de chaque Tchadien, tous les jours, suffiraient à payer régulièrement les fonctionnaires.

L’argent des bœufs, des moutons, des chèvres, dans leurs poches; L’argent des cartes d'Identité et des passeports, dans leurs poches directs, L’argent de NGuéli, des péages pour des routes qui malmènent les véhicules et provoquent des accidents, dans leurs poches tout droit; L’argent du poisson, du bois, des paré vente, de votre bistrot, de votre boutique, même des pauvres petites marchandises que les femmes souffrent pour en tirer quelques centaines de francs par jour, dans leurs poches: Et si vous réfléchissez un peu, vous constaterez qu'ils vous prennent davantage: votre temps quand ils voyagent ou se marient; votre vie parce qu'ils accélèrent votre vieillesse. Alors, pensez-vous que tout ça là ; toutes ces misères que nous vivons, toutes ces souffrances au quotidien, l’opinion internationale l’ignore ? Si nous le pensons, c'est que nous sommes les derniers des cons, parce que, les statistiques qui classent le Tchad dernier partout, ce n’est pas l'Opinion qui les fait ? Et s'ils le savent que nous sommes les derniers bêtas du monde et ne disent rien, que pouvons-nous attendre d’eux ? Ou plutôt, que doivent-ils attendre de nous ? Et bien qu'on se bouge ? Qu'on fasse bouger, c’est à peine 5% d'empêcheurs de vivre ! Qu'on les dégage ! Parce que voyez-vous, l'opinion internationale ne respecte que ceux qui bougent, cassent et bousculent pour remettre de l'ordre. Les États Unis, la France, la Russie, la Chine, l'Angleterre, même le Ghana et le petit Rwanda là, hum, ils ne sont pas nés parce que leurs habitants ont envoyé des plaintes et des résolutions à l'opinion internationale ! Ils sont nés après des casses monumentales. Et, c'est après seulement que, la démocratie s'est installée. Bonne année !

Nadjikimo Benoudjita, correspondant spécial depuis Canada