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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Parole au peuple (seconde partie du 33ème) : « Quelle différence fait-on entre un pays musulman et un pays islamique ? », s’interroge l’économiste et analyse politique, Kébir Mahamat Abdoulaye

Le 33eme et dernier numéro de Parole au peuple marquant la fin de l’année 2017 et annonçant 2018 s’est penché sur une question relativement simple posée par Kébir Mahamat Abdoulaye à ses nombreux amis de Facebook : Quelle différence entre un pays musulman et un pays islamique ? Par ce temps qui court, les internautes ne se sont pas fait prier pour participer activement à la discussion. La question est très ouverte et ne se rapporte pas exclusivement sur le cas du Tchad mais dès l’entame du débat, grande a été la tentation de répondre à cette interrogation en se servant des réalités tchadiennes. Traversé par de nombreux conflits armés et fragilisé par des antagonismes politiques, ethniques et régionaux, le Tchad n’échappe pas aux tensions d’ordre religieux en sourdine pouvant menacer dangereusement le vivre ensemble dans la tolérance, une harmonie dans la différence. La constitution stipule de la façon la plus claire possible que le Tchad est une Républicaine souveraine indépendante, laïque, sociale, une et indivisible, fondée sur les principes de la démocratie, le règne de la loi et de la justice. Il n’existe aucune ambiguïté sur le caractère laïc du Tchad.

Pourtant des esprits retors et malveillants vont contourner la disposition de la loi fondamentale du pays pour qualifier le Tchad, d’un pays musulman se fondant sur la supériorité numérique (53-54%) des musulmans qui restent à prouver. Les autorités ont l’obligation de respecter scrupuleusement la laïcité consacrée par la constitution pour permettre à tous les Tchadiens d’exercer librement leur religion. Les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire doivent s’abstenir de tout favoritisme, de partie pris d’une religion au détriment de l’autre. On observe çà et là des gestes et pratiques qui tendent à violer les principes de la laïcité, notamment la neutralité vis-à-vis des religions. Il règne dans certains esprits des concitoyens la confusion voire l’ignorance sur la notion même de la laïcité. Une campagne de vulgarisation de ce principe capital du vivre ensemble s’impose. La stabilité et la paix en dépendent. Les hommes politiques, les leaders religieux, les responsables de la société civile et tous les citoyens sont appelés à s’investir pour faire connaître et faire vivre la laïcité au Tchad.

Mahamat Abba Oumar dit:« Selon ma compréhension, je peux dire le pays islamique est un pays où l'islam à vue jour à l'exemple de l'Arabie saoudite et un pays musulman comme les notre »

Djim Alias El Compartidor interroge Kébir : « Monsieur Kébir, avec l'expansion de l'islam en France, si le nombre des musulmans est majoritaire en France, est ce que la France sera un pays musulman ? Ce que je déplore chez lui, c’est qu'il prend sa propre opinion comme une vérité indiscutable et non une opinion qui peut être balayée d'un revers de la main. Le Tchad est une Etat laïc = vérité indiscutable. Le Tchad est un pays musulman = une opinion. Le Tchad a une population musulmane = vérité indiscutable »

Malloum Soultan veut savoir l’utilité d’un tel débat : « Qu'est-ce qu'on veut expliquer ou faire comprendre par ce débat ? En d'autres termes, quel est l'objectif ? »

Eva Souleyman est formelle : « Nous ne pouvons pas dire que le Tchad est un pays musulman car le taux de différence entre les deux groupes est faible. De plus, il suffit que le taux de natalité d'un groupe soit un peu plus élevé que l'autre et puis ça va basculer. Les pays à majorité musulmane sont les pays dont les musulmans représentent plus de 80% de la population. Le Tchad est un pays laïc avec ses différences culturelles et religieuses qui varient selon les confessions des uns et des autres »

Podo Mahamat Matar estime que : « Cette question n'a pas sa place dans notre pays du moment où nous sommes dans un pays laïc ! poser des vraies questions laissons les débats de religion religieux ! Pays musulmans ou non musulmans ça fait quoi ! Si le Tchad est un pays musulman comme l'affirment certains, dirigé par un président musulman est ce qu'on respecte les principes de l'islam sur la gestion de la cité ? »

Eva Souleyman met l’accent sur l’entente : « Les prières inter confessionnelles ont existé depuis la nuit des temps. Des musulmans ont prié dans des églises avec l'aval du prête et des chrétiens ont prié dans une mosquée avec l'aval du prophète. Quoi que l'on fasse le dogmatisme religieux existera, mais, c'est seulement une minorité. Peace »

Bakhit Ndobenane renvoie dos à dos islam et christianisme : « Cette image est très édifiante pour moi. Car à un moment donné que les fidèles des religions monothéistes sachent qu'ils prient le même Dieu. Que nous cessons de faire croire que nous sommes nombreux et que la cité nous appartient. C'est de la bassesse. Le pardon et l'acceptation de l'autre dans sa différence prend un coup violent. Donc, ceux qui traitent ces genres de sujets traînent derrière eux les accros aux religions. En définitif, il est important de comprendre que le Tchad est un pays laïc et non un "pays musulman et laïc" c'est paradoxal à mon avis ».

Hassabanebi Oumar Abdelkarim juge important le sujet : « Pour moi, le thème du débat proposé par Kébir est trop pertinent.  Les pays musulmans se sont les pays de culture et pratique majoritairement musulmanes Et les pays islamiques se sont les ceux qui ont choisis leurs modèles et loi islamiques »

Galou Tahargue Toyi donne encore son explication : « pays islamique = un pays qui applique la charia dans toutes ses formes par exemple l'Arabie Saoudite...un pays musulman = c'est un pays qui pratique la religion musulmane sans appliquer la charia par exemple Egypte, Maroc, Tunisie etc.  Quand on parle du Tchad ? Le Tchad c'est un pays laïc »

Khalid Daoud rappelle la question posée : « Mais la question de Kébir était, quelle est la différence entre un pays musulman et un pays islamique. N'est-ce pas ? Les musulmans sont majoritaires au Tchad ? Oui bien sûr. Puisqu’au nord, au centre, à l'est, à l'ouest et même une grande partie du Sud est musulman. Donc les musulmans sont majoritaires au Tchad »

Bakhit Wardougou Kougoui est affirmatif : « Le Tchad est un pays musulman. Ça c'est incontestable »

Mahamat Idris Mouhyadine soulève un paradoxe : « Le Tchad est membre de l'OCI ("Organisation de la conférence islamique), par contre il reconnaît aussi la congrégation du Vatican et notre chancellerie à Rome et aussi une accréditation auprès de sa sainteté Paolo secundo »

Kebir Mahamat Abdoulaye confirme l’existence des termes employés : « Cher frère Adam Erdi Betchi, les terminologies et notions de pays musulman et pays islamique existent. C'est beaucoup enseigné en sciences sociales comme la démographie, science politique, sociologie, sociologie politique »

Baradine Berdeï Targuio fait entendre un autre son de cloche : C’est une question de domination civilisationnelle et pas plus à mon avis »

Mahamat Idris Mouhyadine évoque l’appartenir à l’organisation islamique : « Tous les pays membres de l'OCI sont des pays musulmans ! Officiellement la Mauritanie, les Comores, l'Iran sont des républiques islamiques et d'autres comme l'Arabie saoudite et certaines monarchies sont régis par la Charia »

Saleh Adoum Abbas n’y voit pas de différence entre les deux notions : « A mon avis, il y a pas de différence entre ces deux appellations !Un pays islamique désigne un État possédant une Constitution qui dispose que l'islam est la religion officielle du pays dont la dénomination officielle comporte la dénomination d’un pays musulman »

Zakaria Garba interpelle Kébir : « Mon frère Kébir bonsoir, pour la monarchie même le pays comme l'Espagne, Angleterre et autres malgré leur démocratie ont toujours des Rois comme des présidents honorifiques »

Eva Suleyman fait de la pédagogie : « Un pays islamique stipule dans la constitution que l'islam est la religion de l'état et après les interprétations des lois différentes d'un pays à un autre ; un pays musulman est un pays qui a une grande partie de la population qui est musulmane mais le pays est laïc »

Saleh Adoum Abbas prend l’exemple de la France : « vous vivez en France et vous êtes mieux placé pour me dire Eva Suleyman, tout le monde sait que la France est en majorité chrétienne et cela suffit pour que la République de la France soit une République Chrétienne ? »

Eva Souleyman ne dit pas autre chose : « Le Tchad est un pays laïc avec une majorité qui se partage entre l'islam et le Christianisme car le taux de différence n'est pas élevé et une minorité animiste »

Saleh Adoum Abbas souligne le côté affirmatif de Kébir : « Voilà, mais le Président Kébir ne dit pas cela. Il affirme que le Tchad est un pays musulman ainsi qu'à majorité musulman »

Bakhit Ndobenane suggère une partition du Tchad : « Finalement je souhaiterais qu'on divise ce pays. Les musulmans à part les Chrétiens aussi et nous les animistes également à part. Car avec des questions stupides sans une réflexion poussée comme font prétendre aux autres supérieurs à d'aucuns. C'est par ce que les femmes sont plus nombreuses au Tchad que c'est un pays féminin. Ou c'est une République islamique ou basta »

Eva Souleyman met en garde contre les divisions : « Ce sont les tchadiens qui vont en souffrir de la balkanisation du Tchad. Le Tchad ne peut être fort que dans son unité nationale. Ceux qui souhaitent la division du Tchad, n'ont qu'à regarder le cas du Sud Soudan, qui est en guerre jusqu'à nos jours. L'économie Tchadienne ne sera forte que dans son unité »

Bakhit Ndobenane attire l’attention des uns et des autres : « S'il faut rabâcher à longueur de journée chrétien a fait ceci, musulman a fait cela. Kirdi là, Doum ci. Je ne vois pas d'unité sinon de l'hypocrisie totale »

Eva Souleyman encourage la confrontation d’idées : « C'est des discussions que jaillissent les lumières ; il faut toujours avoir une ouverture d'esprit pour discuter de tous les sujets. Sans des discussions, c'est l'enfermement et des frustrations. À l'instar des pays développés nous ne sommes pas encore habitués aux débats et à la différence des opinions. Seule le débat permet d'apprendre et donner d'autres perspectives. Nous ne lisons pas assez »

Saleh Adoum Abbas relève les vertus de débat contradictoire : « T'u as tout dis Eva Suleyman. A cela s'ajoute, il faut que le débat d'idées triomphe au sein de nos discussions. C'est vital pour un citoyen tchadien qui a beaucoup souffert. Ceux qui représentent l'élite de demain doivent apprendre à débattre et à convaincre dans le respect mutuel. Il faut être intelligent, sérieux, courtois et humble pour apprendre à diriger avec sagesse ses opinions. C'est un défi majeur à relever pour tout citoyen tchadien à quelque niveau que ce soit »

Bakhit Ndobenane fait remarquer : « Mon cher depuis Noël, les débats sur la toile ont une connotation confessionnelle. Est-ce parce que les femmes sont à 53% que le Tchad est un pays de femmes ? »

Eva Souleyman invite à débattre de tout : « Il faut bien commencer quelque part. La discussion sur noël qui est une fête de la naissance du Christ. Il faut approcher le débat avec une ouverture d'esprit même en Occident les personnes cultivées débattent de l'existence ou non de Dieu, de politique, société, économie .... Certes les femmes sont nombreuses au Tchad, c'est pourquoi il faut les inclure dans les projets de développement »

Bakhit Ndobenane s’en prend aux jeunes de banlieues : « Finalement, vous qui êtes en occident, vous les mieux cultiver avec votre ouverture d'esprit, comprenez qu’à partir de noël la question religieuse est montée d'un cran. Je fais juste allusion pour exprimer mon ras-le-bol. Merci de comprendre dans cet optique. Car, aucune des deux religions sinon religieux ne tolèrent l'autre. Cessez également de me parler de votre ouverture d'esprit en occident, on sait combien les jeunes là-bas mettent de bombes au nom d'une quelconque religion que ce soit »

Eva Suleyman satisfaite de la cohabitation religieuse : « Non, nous sommes d'abord avant tout tchadien, C'est le plus important. Le Tchadien en général n'a pas exercé assez l'esprit critique donc nul point de s'énerver car aucune société n'est pas parfaite. Faut-il ou non souhaiter joyeux noël est une question légitime, certains sont d'accord et d'autre non. Et pourtant au Tchad nous n'avons pas de conflit religieux, aucune église ou mosquée a été brûler au nom d'une religion ».

Choix et commentaire de Moussa T. Yowanga/ Ahmat Zéïdane Bichara

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