1 Janvier 2018
Bangui, le 31 décembre 2017, message de vœux 2018 du président centrafricain Faustin Archange Touadera adressé à ses compatriotes ou à son peuple. La Rédaction reviendra pour les commentaires et analyses de ce discours.
« Centrafricaines,
Centrafricains,
Mes chers compatriotes,
Dans quelques moments nous allons passer à l’année 2018 et je voudrais profiter de cette occasion pour m’adresser à vous répondant ainsi à cette tradition devenue tant familiale que Républicaine. A chacune et à chacun, je voudrais souhaiter que l’année 2018 apporte le meilleur. Qu’elle soit une année de paix, de bonheur, de prospérité pour chacun et pour notre pays la République Centrafricaine.
Mes chers compatriotes, l’année 2017 qui s’achève a été une année très difficile marquée au niveau international par des crises qui ont secoué plusieurs pays, particulièrement des actes de violence et des conflits de toutes natures qui ont endeuillé de nombreuses familles de par le monde. Le terrorisme sou tendu par la haine et le fanatisme religieux, a frappé toutes les régions du monde et marqué de manière durable les esprits tant son action est apparue aveugle et barbare. Au plan intérieur, malgré les efforts engagés par le Gouvernement pour rétablir la paix et la sécurité à travers la mise en œuvre du Programme DDRR et la signature de quelques Accords tel celui de Saint’ Egidio, nombre de nos compatriotes ont ressenti très durement les méfaits des armes qui sont encore en circulation et qui entretiennent l’insécurité à certains endroits du pays. On a dénombré de nombreuses pertes en vies humaines et un nombre encore important de déplacés tant internes qu’externes provoqués par la campagne que continue de mener certains groupuscules pour empêcher la restauration de l’autorité de l’Etat devant permettre une meilleure prise en charges des problèmes des différentes parties du pays.
Mais l’année 2017 a, aussi, été marquée par le démarrage de plusieurs actions de développement inclusif au service du plus grand nombre. Ces actions sont contenues dans notre plan de relèvement qu’est le RCPCA que nous avons commencé à mettre en œuvre pour répondre aux urgences du moment. Je puis vous assurer que nous sommes sur la bonne voie. Au plan, de la Bonne gouvernance, un des éléments importants du RCPCA, nous avons poursuivi l’assainissement de nos finances publiques. Notre pays a passé avec succès les (3) trois revues annuelles avec le Fonds Monétaire International (FMI), ce qui prouve notre sérieux à conduire à terme le programme de Facilité élargi de crédit que nous avons contracté. Les résultats de la dernière revue nous ont permis de prendre des mesures sociales à l’endroit des travailleurs du secteur public et des opérateurs économiques qui attendaient depuis une action de cette nature de la part de l’Etat. Au plan économique, nos performances sont restées stables avec un taux de croissance qui tourne autour de 4%.
Mes chers compatriotes, comme, vous pouvez le constater, nous avançons lentement mais surement. Mais, il nous faut plus que jamais, en toute responsabilité, savoir garder raison et aller de l’avant pour reconstruire ce pays meurtri et tisser le lien social et le vivre ensemble qui devront le sous-tendre. La reconstruction de notre pays requiert non seulement un climat de paix et de sécurité, mais une cordiale entente entre les filles et fils de Centrafrique. C’est pourquoi, j’encourage les facilitateurs du processus politique en cours à poursuivre les actions discrètes qu’ils ont entamées, de même que j’instruis le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de continuer à travailler pour faire aboutir ledit processus politique, surtout d’appuyer les actions du Panel des facilitateurs de l’Union Africaine chargé de la mise en œuvre de la feuille de route de paix en République Centrafricaine. Par l’aboutissement de ce processus, nous prouverons à la face du monde la maturité du peuple Centrafricain et sa capacité à résoudre ses contradictions.
Mes chers compatriotes, il est donc important pour nous de placer l’année 2018 sous le sceau de la réconciliation nationale nécessaire au relèvement du pays. La cohésion nationale est plus que nécessaire si nous voulons nous en sortir, si nous voulons sortir définitivement le pays de l’abîme où il se trouve. Nous devons pour ce faire reconquérir le sentiment d’appartenance à une même nation, à un même pays. Nous devons cultiver le vivre ensemble, cultiver l’amour de la patrie, le sentiment de reconstruire notre pays en bloc un et indivisible. Tout sentiment de rejet à relent identitaire doit être définitivement banni, de même que toute attitude qui vise la partition du pays doit être rejetée. C’est ensemble dans un pays unifié et fort que nous vaincrons les défis qui continuent de s’imposer à nous et qui bloquent d’avancer comme les autres peuples ou les autres nations. Il nous faut, ensuite, revoir notre manière de faire de la politique. Le pluralisme politique, oui ! Le débat politique constructif qui nous permet d’avancer, oui ! Mais la politique sur base de rancune, de haine, de jalousie, de démagogie, du mensonge, non ! Faisons le choix de reconnaître ce qui avance pour le bien de la collectivité nationale et de dire à travers des propositions innovantes ce qu’il convient de faire pour faire aboutir ce qui ne marche pas. Rejetons la haine et la violence car nulle part au monde, la violence n’a accouché d’un paradis. Elle ne peut donc être adoptée comme un moyen d’action politique ou de règlement des différends sociaux.
Mes chers compatriotes, j’insiste sur cette question car comme vous le savez, des forces négatives, ici et ailleurs, veulent nous empêcher de parvenir à sortir la République Centrafricaine de cette situation difficile qu’elle traverse depuis plus de (4) quatre années maintenant, car elles tirent profit des produits de ce désordre organisé qui permet le pillage systématique de nos ressources naturelles et des impôts devant être prélevés par l’Etat. Mais, je le dis et je le répète, la crise sécuritaire actuelle, aussi dure qu’elle soit, n’est pas une fatalité. Elle doit, bien au contraire, nous offrir l’opportunité de mieux nous réorganiser pour bâtir une nouvelle armée nationale apolitique, républicaine, professionnelle et lui donner les moyens de protéger les populations civiles. Grâce aux efforts que nous ne cessons de déployer et le soutien de certains partenaires que je remercie ici au passage, j’ai foi que nous réussirons le pari de restaurer l’Autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national pour permettre le redécollage économique du pays.
Mes chers compatriotes, je voudrais à ce niveau de mon intervention de ce soir vous parler de la Responsabilité de chacun dans la poursuite de notre marche vers le relèvement. Oui ! Mes chers compatriotes, je voudrais appeler chacun à plus de responsabilité en cette année nouvelle 2018.Responsabilité de faire correctement le travail pour lequel on reçoit une rémunération. Responsabilité de rendre compte de son action et d’assumer l’entièreté des actes que l’on pose. Ceci concerne autant le subalterne que le supérieur, l’instituteur que le proviseur, le planton que le directeur général d’administration ou le Ministre. En effet, la reddition des comptes est une nécessité absolue de l’action publique, et j’y veillerai. Accéder aux responsabilités ou assumer une responsabilité ne doit pas comporter que des avantages, mais aussi des contraintes ou des obligations. C’est pourquoi, pour cette nouvelle année j’exige des agents publics et autres responsables de l’Etat beaucoup de rigueur et de sens de responsabilité dans l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes car j’attends beaucoup de notre administration publique à l’action de relèvement du pays.
Mes chers compatriotes, en ce début d’année 2018, j’ai une pensée toute particulière pour les forces de défense et de sécurité qui continuent de travailler dans des conditions difficiles pour assurer l’ordre et lutter contre le grand banditisme. De même que j’éprouve affection et tendresse pour les malades et les personnes déplacées ainsi que les réfugiés. Que 2018 leur apporte plus de santé, de bonheur et la possibilité de regagner leurs lieux de résidence habituelle pour les uns et le pays pour les autres. Enfin, Mes chers compatriotes,Je demande au Tout Puissant de faire régner la paix et qu’il nous aide à refaire l’unité et la cohésion de notre très cher Pays la République Centrafricaine. Vive la République ! ».
Choix de la Rédaction