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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Sans rancune : « Baradassoura » ou la rançon du cocu : une tradition zaghawo-Gorane tenace et exagérée », titre le Tchadien Djiddi Ali Sougoudi dans son Coup de Badangaï 291.

Sa publication ne date que du 26 janvier 2018 et il se pourrait que le Coordinateur National du Programme de Lutte contre le Paludisme au Tchad la conserve encore si bien jalousement dans son espace Facebook. Son analyse est bien simple à comprendre car elle s’attaque à un élément culturel de deux groupes ethniques tchadiens qui partagent pratiquement le même espace géographique situé au nord et à l'est du pays. D’ailleurs docteur Djiddi Ali Sougoudi l’explique clairement de lui-même : « Dans nos contrées de l’Ennedi voire de tout le BET, il s’applique une obscure rançon à type de réparation de tout adultère ou soupçon d’adultère. Une tradition condamnée par l’Islam mais tenace et vivace dans nos traditions gorano-Zaghwa. Il suffit de côtoyer une femme d’autrui, de la draguer ou d’en avoir l'intention et la sentence tombe en nombre de chameaux payé, en montures (voiture, moto, méhari...) du fautif arraché dans le cas où la femme aimée se fait transporter par son soupirant illégal. Dans cette traque dans les biens du concubin avéré ou soupçonné, l’exagération monte en crescendo avec parfois le concours ou la participation des témoins véreux qui certifieront un adultère sans référence islamique ».

Voici une très belle analyse, même si évidemment chaque personne possède sa propre façon d’apprécier une chose ou un événement quelque soit l'endroit de la planète.  Docteur Djiddi ne se sent pas à l’aise qu’une telle pratique sévisse encore au Tchad. Il donne des explications comme dit George Sans dans l’histoire de ma vie en 1847 que le véritable amour ne connaît ni le soupçon ni la méfiance : « L’Islam a rendu très difficile la vérification d’un adultère, mais dans nos contrées les soupçons suffisent pour faire jurer les hommes accusés sur un Coran dont le contenu n’est jamais mis en pratique. D'autres épient leurs propres foyers en quête de surprises désagréables qui compromettent la stabilité de ces foyers des hommes épieurs. Or l’islam interdît formellement à tout croyant d’être un épieur. Par exemple quand un voyageur rentre chez lui et que la nuit tombe, il ne doit pas se rendre à son domicile avant le lever du jour, au risque de découvrir, en y arrivant en noctambule, une situation compromettante pour son foyer. L’islam prévoit aussi que ceux qui épient ou écoutent en catimini les autres ou leurs propos seront punis à l’au-delà avec la fonte dans leurs oreilles d’un étain liquéfié par la chaleur insupportable. Certains adeptes de cette pratique lucrative laissent moisir les femmes dans un abandon en guettant les hommes passibles de fricoter avec ces femmes sans liberté ni propriété de leurs corps mis en jachère ».

Docteur Djiddi Ali Sougoudi va très loin dans ses explications, lui en tant  que médecin de son état:« Que dire de ces hommes incapables de satisfaire matériellement et sexuellement leurs dulcinées mais qui sont si vindicatifs pour se sucrer sur les dos des autres hommes qui lorgnent ces pseudo-épouses en manque de soins et de câlins ? Quoi de plus vilain sinon d’odieux que de se proclamer cocu et en revendiquer une réparation pour une épouse délaissée ou en manque de chaleur ? La nature a horreur du vide et la femme a horreur des hommes sans affections. D’ailleurs lorsqu’une femme succombe aux tentations d’un autre homme que son homme, il y a naturellement un malaise dans le foyer. Son homme ne la galope pas suffisamment car en piètre cavalier qui ne maîtrise pas les brides d’une jument fougueuse et chaude au lit. N’accusez pas les prétendants de ces femmes délaissées dans leur musc glamour et leur fard captivant. Une femme mille fois satisfaite dans ses besoins légitimes, mille menées au nirvâna, le septième ciel, n’aura pas le temps ni l’occasion de chercher ailleurs ou tenter un autre mâle ».

Et là, on sent qu’il est en colère, puis qu’il s’adresse directement à ceux qui pratiquent le Baradassoura ou la rançon du cocu en usant un langage assez dur. Aussi,on sent qu’il l’assume : « Les adeptes de « Baradassoura », vous êtes une nullité qui n’a rien compris de la gent féminine, cette espèce qui n’est domptable que par l’affection et la disponibilité en tout moment. Bande de nigauds, si vous oubliez de coqueter avec vos tendres moitiés alors elles auront d’autres âmes-sœurs qui ne chôment pas en attention et en coquetterie. Arrêtez avec vos tribunaux d’idiots aux lois perfides qui ne respectent pas votre propre religion qui stipule qu’une femme non entretenue par son mari pendant plus de six mois mérite divorce ! Occupez-vous bien de vos femmes en diapason avec leurs abscisses et ordonnées, avec leurs angles et périmètres, sans oublier d’occuper toutes leurs surfaces trapézoïdes et diagonales. Ne faites pas figures obtuses devant vos responsabilités d’hommes au risque d’être la risée de tous ! ».

Ahmat Zéïdane Bichara/Moussa T. Yowanga

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