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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Mali: Soumaïla Cissé, un intellectuel en quête de consécration

Le chef de file de l'opposition au Mali, Soumaïla Cissé, espère à 68 ans couronner une brillante carrière politique en l'emportant pour sa troisième participation à une élection présidentielle, indique l’AFP d’hier vendredi 27 juillet 2018. Présent au second tour en 2002 et 2013, « Soumi », comme le surnomment ses partisans, se détache parmi les 23 challengers du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », qui brigue un second mandat de cinq ans. Le ton posé, il est presque professoral lors de ses meetings, comme jeudi à Mopti (centre), où il promet le retour de la paix dans cette région ensanglantée depuis trois ans par les violences inter-communautaires et les attentats djihadistes, malgré la présence au Mali de troupes étrangères. « Pendant la campagne, du nord au sud, de l'est à l'ouest, j'ai fait un constat: il y a un fort désir d'alternance. Mon projet de société a pour but de réparer le Mali, abîmé par les années IBK », dit-il, accusant en outre son aîné de cinq ans de vouloir organiser une fraude à grande échelle. Son programme, « chiffré » et d'inspiration libérale, se fonde notamment sur « la restauration de l'autorité de l'Etat » et « l'instauration d'un véritable dialogue entre les Maliens ».Cet intellectuel plutôt débonnaire entend aussi « réduire le train de vie de l'Etat » en supprimant voyages et réunions inutiles. Et il avance quelques mesures qui se veulent populaires, comme la suppression de la vignette sur les motos et de taxes sur le bétail, contre-productives selon cet ex-ministre des Finances, ou encore s'engage à faciliter l'obtention du visa d'entrée en Chine pour les opérateurs économiques maliens.

Malgré l'absence de sondages fiables et son manque de charisme en public, « il est évident qu'il figure en bonne place parmi les candidats du peloton de tête », analyse Ousmane Diallo, enseignant à l'université de Bamako, citant comme sa principale qualité "son côté brillant"."Il y a, c'est vrai, le complexe de l'intellectuel. Mais j'ai milité très tôt. Je ne reste pas assis dans un bureau. Pour la démocratie au Mali en 1991, j'étais là. En 2012, lorsqu'un putsch a interrompu le processus démocratique, j'étais là aussi. Je n'ai pas de leçons de militantisme à recevoir de grand monde", a-t-il récemment confié à l'AFP. Farouche opposant au putsch du 22 mars 2012 qui a plongé son pays dans le chaos, il avait été brutalement arrêté par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo. Blessé lors de cette arrestation, à son domicile de Bamako, qui a été saccagé, il a dû aller se faire soigner en France. Cet homme élégant d'1,75 m environ et au visage rond est originaire de la ville de Niafounké, dans la région de Tombouctou, dans le vaste Nord malien tombé en 2012 sous la coupe des Djihadistes, mais il est marié depuis 40 ans à Astan Traoré, issue d'une famille de notables du Sud. 

Après des études brillantes, Soumaïla Cissé connaît un parcours professionnel et politique sans faute, qui l'ont conduit jusqu'à la présidence de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) de 2004 à 2011.En France, il a travaillé au sein de grands groupes tels qu'IBM, Péchiney, ou Thomson. Il rentre au Mali en 1984 et intègre la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), alors colonne vertébrale de l'économie du pays. Il est considéré comme le chef du « clan CMDT », composé d'intellectuels bien décidés à jouer un rôle politique. Sous Alpha Oumar Konaré (1992-2002), il est nommé secrétaire général de la présidence, puis ministre des Finances (1993-2000), côtoyant quelque mois au gouvernement IBK comme collègue, avant d'en être le ministre. En 2000, il devient « super ministre » en charge de l'Equipement, de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Urbanisme. En 2002, candidat du parti présidentiel, il est battu au second tour par Amadou Toumani Touré, un militaire qui a pris sa retraite de l'armée. Avant de prendre la présidence de la Commission de l'Uémoa, il a créé en 2003 son propre parti, l'Union pour la République et la démocratie (URD), aujourd'hui deuxième force politique à l'Assemblée nationale, ce qui lui vaut le titre de chef de file de l'opposition. En 2013, il accède une nouvelle fois au second tour de la présidentielle, mais est battu à plus de 70% par Ibrahim Boubacar Keïta.

E.M.T,correspondant spécial à Bonn en Allemagne

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