24 Janvier 2019
Les scientifiques ont-il le droit d’avoir la foi ? Le magazine « Science et vie » paru en décembre 2013, nous révèle la foi des savants jadis, considérés comme les pères de la science. Que l’on évoque la condamnation de Bruno ou le procès de Galilée, et l’on en déduit rapidement que la religion fut une entrave, un frein au développement de la pensée scientifique. Or la foi fut en réalité un moteur pour les savants ! Si les Kepler, Galilée et autres Newton ont cherché à comprendre le monde, à observer sa marche le plus minutieusement possible et à décortiquer son horlogerie interne, s’ils ont entrepris de fonder la science moderne, c’était d’abord pour honorer le créateur d’un monde si fascinant, pour se rapprocher de Dieu.
Fini le mélange des genres : si profonde que soit sa foi, Galilée estime que les discours scientifiques doit acquérir une autonomie par rapport au discours théologique. Propagandiste acharné du système de Copernic, il contribue à opérer la mathématisation de la physique et il insiste sur l’importance de l’observation et de l’expérience. « Pour Galilée, qui sera contraint d’abjurer ses convictions héliocentriques devant le tribunal du Saint-Office en 1633, il ne fait aucun doute que la Nature est l’œuvre de Dieu, et les Saintes Ecritures celle du Saint-Esprit. Mais, à la suite de Nicolas Copernic, « Galilée s’inscrit contre une interprétation littérale du récit biblique, précise Véronique le Ru. Il soutient qu’il faut lire la bible comme un agencement de paraboles s’adressant à la multitude ignare, comme un texte métaphorique. » Et surtout, contrairement à Johannes Kepler, Galilée ne se présente pas en serviteur de Dieu. Sa foi, si profonde soit-elle, lui fait tracer une frontière nette entre la religion et la théologie d’une part, et la science d’autre part. Les textes saints, pense-t-il, rapportent aux hommes les paroles divines et concernent le salut de l’âme. La nature, quant à elle révèle les actes de Dieu.
Toutefois, ces derniers ne peuvent être compris que si on les étudie à l’aide d’une méthode propre, la science, domaine où la théologie n’a pas voix au chapitre. Une position que Galilée, en s’abritant derrière l’autorité de saint Augustin, résume en une formule : « Le Saint-Esprit doit nous montrer comment on va au ciel, et non comment va le ciel». Bref, plus question de mélanger les genres. La science et la religion ont des droits séparés et des critères de légitimité distincts. Le discours scientifique doit, par conséquent, acquérir une autonomie de fonctionnement par rapport au discours théologique. Comme Kepler, « Galilée affirme que l’immense livre de la Nature a été écrit par Dieu en termes mathématiques », résume Véronique le Ru. Mais le savant qu’est Galilée insiste, à la différence de Kepler, sur l’importance de l’observation et de l’expérience. Pour comprendre notre monde « écrit en langage mathématique », Galilée recommande d’adopter une méthode qui repose sur la mathématisation, mais dont les résultats doivent être vérifiés expérimentalement. Et si une hypothèse est infirmée par l’expérience, il faut en élaborer une autre et imaginer un nouveau protocole de vérification expérimentale.»
Choix et commentaire de Fabien Essibeye Fangbo,journaliste stagiaire