Sans rancune: « Vaincre Masra, c’est lui opposer l’opinion contraire assise sur des preuves. Manquent-elles, ces preuves? ».Question du Tchadien Djiddi Ali Sougoudi

« Quand nous jugeons sans connaître, nous condamnons sans preuve », soutient Michel Bouthot dans les chemins parsemés d’immortelles pensées 2. La citation de cet écrivain québecois en dit long sur la propension de l'homme à juger promptement son prochain sans prendre de précaution suffisante pour éviter de lui jeter l'anathème. Que faut-il vraiment retenir de cette analyse à chaud du médecin tchadien Djiddi Ali Sougoudi au lendemain de la débâcle du jeune opposant Succès Masra et ses militants dispersés tels des perdrix pourchassés par un chasseur professionnel? L'auteur de cette analyse s'est servi le 05 juin 2019 de son coup de Bandagaï, titré : « Pourquoi a-t-on peur de Succès Masra ou de ses idées ? ».Quelle importance représente une telle analyse dans un pays où la haine tribale met en berne la cohabitation pacifique entre les fils et filles d’une même nationale ? Que vise Dr Djiddi Ali Sougoudi à travers une telle opinion personnelle ?  Existe-t-il des arrières pensées enfouies dans les méandres de ce Coup de Badangaï 569 ? Qui défend-t-il sincèrement : les hommes de ce régime en place dirigé par Idriss Deby Itno ou le peuple tchadien, surtout ceux qui n’apprécient pas les actions du Mouvement les Transformateurs ? On peut bien poser d’autres questions pour comprendre les raisons fondamentales de la réaction du Coordinateur du Programme Nationale de Lutte contre le Paludisme au Tchad. Car, son analyse sur monsieur Succès Masra contient assez des phrases fortes qui méritent un décryptage de taille. Comme eut cru Gabriel Meurier sur le trésor des sentences en 1568 : « Un avis donné n’est pas preuve de vérité ».Et c’est la raison pour laquelle, il est d’une grande prudence d’analyser mot par mot, le contenu de ce texte proposé par monsieur Djiddi Ali Sougoudi.De prime à bord,on peut bien se permettre de croire que le Coup de Badangaï 569 n’apporte pas grand-chose dans cette démocratie à la tchadienne qui se construit dans une forêt des idées obscures entretenues par l’absence sincère de vivre ensemble. Mais attention ! Cela signifie-t-il que Dr Djiddi Ali Sougoudi a cette fois-ci fait fiasco ? Loin de là, car il y a des vrais mots enveloppant des vraies idées politiques ou naturellement liées à la situation sociale difficile dont font face les Tchadiens.Veikko Antero Koskenniemi  sur le bâton de pèlerin n’a-t-il pas cru  que: « Seule la vie peut défendre un message, pas la parole ». Est-ce c’est ce que Dr Djiddi Ali Sougoudi tient nous prouver à travers son premier paragraphe. En tout cas, c’est sa propre description : « Succès Masra, le Gourou du Mouvement «les Transformateurs» semble avoir de nombreuses idées à vendre. Ses discours ont un relent de populisme et surfent sur les grands maux de notre pays: électricité, école, pauvreté, système sanitaire... Pour étayer ses convictions, il n’a pas besoin d'être un prestidigitateur et tout est ponctionné en parcourant les documents qui évoquent l’indice de développement humain (IDH) et autres théories des économistes dont Masra est l’un d’eux, un chevronné en la matière. Le jeune économiste use et abuse des chiffres et des indicateurs qui font froid au dos. Et pourtant tout cela est connu de tous y compris de ceux qui sont là pour la promotion et l’amélioration de ces indicateurs stagnants. Masra rêve grand et parfois jusqu’à atteindre le narcissisme, si ce n’est d’être lunatique. Son parcours scolaire sans faute se mêle à des fréquentations feutrées qui le font sortir d’un cursus semblable à Macron. Son mouvement Les Transformateurs est une idée clone de « République en Marche » du même Macron qui, décidément, l’inspire un peu de trop. Un saut à Harvard pour une formation en leadership médiatisée par lui-même est un dernier appel du jeune leader qui confond les broussailles de son Moyen-Chari natal et les toundras de Yellowstone ou de Wisconsin dans les Amériques lointaines ».

« L’art  n’est pas d’arriver avec des idées neuves, mais d’interpréter ces idées qui nous entourent depuis toujours », déclara George Lucas. Comme pour justifier l’importance de cette citation, Dr Djiddi Ali Sougoudi a abondé également dans le même sens lorsqu'il soutient que :«Le combat du développement du Tchad passe aussi par l’art de convaincre par les idées ! Essayez et peut-être toutes les opinions se contredisent pour dire la même chose: comment bâtir notre pays! »L’art de convaincre, c’est bien beau de le dire, mais les Tchadiens et surtout le régime de N’Djamena est-il près ou bien armer de convaincre ses détracteurs ou ses opposants par les idées et non par la violence, la torture ou des maltraitances du moyen âge ? Enfin, Dr Djiddi Ali Sougoudi pense que Dr Succès Masra du Mouvement les Transformateurs :« se surmédiatise et occupe diverses chaînes:TV5,TVT, Africa24....ses discours rassembleurs d’aujourd’hui contrastent avec le contenu d’hier de son livre cliveur « Éloge des lumières obscures: du sacre des cancres à la dynastie des pillards psychopathes » coécrit avec Beral Mbaïkoubou. Un livre d’une virulence inouïe contre certains bords politiques. Alors de quoi a-t-on peur auprès de Masra et de ces idées? Pourquoi ces nombreux jeunes de sa génération qui sont aux affaires dans de nombreuses institutions ne croisent-ils pas le fer avec Succès Masra dans un combat épique d’idées et de proposition de solutions? Ceux-ci manquent-ils de convictions ou manquent-ils de persuasion? L’égo hypertrophié de Masra intimide de loin ou convainc d'emblée ses adversaires? Ceux qui se taisent préfèrent-ils manger le piment par la bouche de Masra? De nos jours, la divergence politique n’est pas une guerre d’obédiences, mais plutôt une réalité passionnant à vivre pour faire évoluer un pays comme le nôtre. Masra n’a pas de panacée magique pour tous ces échecs qu’il décrie et décrit aussi. Brillant financier certes et orateur bien évidemment mais pas encore un sauveur confirmé. Il faut qu’il soit là pour dire sa part de vérité et pour cela point de peur, non? Je ne verrai pas d’inconvénients que son Mouvement soit reconnu comme un parti politique. Ce qui sera fait sûrement et à lui de convaincre la masse qui ignore toutes les théories et arguties des économistes en herbe.Vaincre Masra, c’est lui opposer l’opinion contraire assise sur des preuves. Manquent-elles, ces preuves? »

Choix et commentaire de la Rédaction