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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Santé publique : Le Coronavirus, une fin difficile à prévoir pour la pandémie.

Depuis la généralisation du confinement comme l’un des moyens pour briser la chaîne de transmission du virus, et les désagréments que cela génère dans les foyers, la fin de la pandémie ou à tout le moins le déconfînement est dans tous les lèvres. Pauline Gravel a abordé la question dans un article publié le samedi 11 avril  au journal Le Devoir dans lequel notre consœur eut posé une série de questions posées également par l’opinion publique canadienne voire mondiale. Nul ne peut prédire aujourd’hui quand et comment la pandémie prendra-t-elle fin ?  Réussira-t-on à éradiquer le virus ou devra-t-on se résoudre à vivre avec lui pendant longtemps ? L’auteure de cet article estime que le SRAS-CoV-2 survivra au-delà de la présente épidémie et retour à la normale se fera beaucoup plus tard.  Elle rappelle qu’en 2003, l’épidémie de SRAS  a fini par s’éteindre et le coronavirus qui en était le vecteur, par disparaître de la planète. A la différence du virus de Covid-19, précise l’infectiologue Raymond Tellier, du Centre universitaire de santé McGill, que celui de SRAS ne se transmettait pas par les personnes asymptomatiques et il était moins contagieux. Et c’est en partie pour ces raisons qu’il ne s’était pas développé en pandémie. Au regard de la propagation planétaire du Covid-19, il serait illusoire de penser que l’on réussisse à l’éliminer, indiquent les experts. Selon eux, même si la pandémie actuelle est circonscrite, le virus resurgira inéluctablement de façon saisonnière, comme c’est souvent le cas chez divers virus respiratoires, dont l’influenza, réapparaissant chaque hiver. A en croire Pauline Gravel, l’épidémie québécoise ne peut se terminer que de deux façons : soit «en interrompant toutes les chaînes de transmission, ce qui veut dire qu’avant de laisser sortir tout le monde on doit attendre qu’il n’y ait plus de virus susceptibles de se transmettre. Or ce ne sera probablement pas réalisable parce qu’il  y aura toujours une région de la planète où le virus continuera de circuler et il pourra réenflammer les chaînes de transmission. De plus, on ne pourra pas maintenir un confinement aussi sévère.

Une pandémie peut aussi se terminer quand l’immunité de la population franchit un certain seuil au-delà duquel il ne peut plus y avoir d’épidémie à large échelle. Or cette immunité peut être acquise de deux manières : en survivant à l’infection ainsi que par la vaccination. Pour déterminer quelle proportion de la population doit être immunisée pour qu’on puisse espérer que l’épidémie s’arrête, on se sert du paramètre de reproduction de base du virus (Ro) qui correspond au nombre moyen de personnes qu’un malade peut infecter. Ainsi, en assumant que le Ro de la COVID-19 est de trois, ce qui veut dire qu’une personne atteinte de la COVID-19 est susceptible d’en contaminer trois autres, on a calculé qu’il faudrait que de 66 à 70 % de la population soit immunisée pour que l’épidémie se tarisse et ne se réenflamme pas. Or « nous sommes encore très loin de ça ! » lance le Dr Tellier. « La stratégie qu’on semble vouloir appliquer en ce moment est de ralentir la propagation pour s’assurer que le système hospitalier ne soit pas débordé et qu’on puisse ainsi maintenir le taux de mortalité le plus bas possible en attendant la mise au point d’un vaccin et de médicaments antiviraux. Et jusqu’à maintenant, le Québec y est arrivé », résume le Dr Tellier. Toutefois, même avant la disponibilité du vaccin, lorsque le nombre de cas aura grandement baissé au point où « notre système de santé sera à nouveau en mesure de s’occuper de tous les patients autres que ceux atteints de Covid-19 – car il faut rappeler que les hôpitaux ont dégagé beaucoup de place pour les patients atteints de Covid-19, parce qu’on ne voulait pas que se produise ici, un scénario à l’italienne - on pourra commencer le déconfinement », a rassuré Dr Marie-France Raynault de l’Ecole de santé publique de l’université de Montréal.

S’agissant du déconfinement Dr Raynault croit qu’il faudra « déconfiner par petites étapes et procéder à un monitorage » à chacune de ces étapes. « On va rouvrir un peu plus de commerces, comme les centres de jardinage et les minières, notamment, et on surveillera pour voir si notre système de santé est capable de l’absorber. Il y aura probablement une petite augmentation du nombre de cas, mais ce n’est pas mauvais, pour autant qu’on continue à protéger les personnes qui sont le plus à risque, car cela permet à la population de s’immuniser tranquillement. La dose de réouverture sera déterminée par la capacité de notre système de santé à remplir sa mission générale, et on devra se réajuster selon ce qui se passera. Si tout continue de bien aller, on continuera à rouvrir progressivement, les services de garde notamment, et éventuellement les écoles. Les plans de réouverture qui sont envisagés en Europe sont progressifs et combinés à une surveillance étroite de la situation. Si après trois jours ça flambe, on devra serrer la vis un peu plus », explique-t-elle. « Lors du déconfinement, il va falloir suivre attentivement dans quelles circonstances les cas réapparaîtront, et c’est à partir des enquêtes qui seront menées que nous pourrons savoir quelles ont été les portes d’entrée du virus. On pourra alors déterminer quelles sont les situations les plus à risque et décider quelles sont les mesures les plus efficaces à garder en place ou à ajouter », ajoute le Dr Marc Dionne, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Lorsqu’on procédera au déconfinement, il faudra maintenir plusieurs mesures de distanciation sociale pour amoindrir la seconde vague. On ne pourra pas revenir au statu quo d’un seul coup. Sinon, on devra revenir à des confinements très sévères si on s’aperçoit qu’il y a des chaînes de transmission qui se rétablissent », avance le Dr Tellier.  Si on veut éviter une seconde vague, il ne faut pas relâcher les mesures de distanciation trop vite, poursuit la Dre Raynault. « Tant qu’il n’y aura pas une proportion suffisante de la population qui a eu la maladie et qui possède des anticorps, on risque d’avoir une autre flambée. Il suffira de quelques cas pour que la transmission reprenne », précise-t-elle. « Le danger est de lever trop de mesures en même temps. L’épidémie risquerait alors de repartir et on serait dans ce cas obligés de remettre en place des mesures sévères qui seraient très mal acceptées. Il est donc préférable d’y aller doucement plutôt que de risquer de paralyser l’économie encore longtemps », souligne-t-elle, tout en saluant « tout le travail qui est fait actuellement pour développer des recommandations de santé publique que les entreprises pourront appliquer lorsqu’elles rouvriront afin que leurs employés puissent se protéger ». Car « si nous changeons nos façons de travailler, cela nous protégera de la seconde vague. Travailler comme avant serait trop dangereux ».

Moussa S. Yowanga

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