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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Bénin : Le désarroi des Béninoises face à la cherté des denrées alimentaires sur le marché

Que vous ayez pour habitude d’aller au marché, de faire vos emplettes chez le boutiquier ou la revendeuse du coin, vous avez sûrement entendu parler de la flambée des prix. Si jadis le gari (granulé obtenu à base de manioc) était considéré comme un aliment sauveur, aujourd’hui, il apparaît comme un luxe. Ne se procure plus le gari qui veut mais qui peut. Ceci est sûrement une terrible nouvelle pour les étudiants (es) car nous ne sommes pas sans savoir ce que représente le gari pour eux. Mais, c’est à se donner la migraine cette histoire de flambée de prix, sinon comment les produits locaux peuvent-ils augmenter de prix ainsi du jour au lendemain ? Récemment encore, on se servait du Coronavirus comme prétexte à la flambée des prix des produits manufacturés. Et aujourd’hui, peut-on toujours accuser d’intrusion le Covid 19 dans les champs des cultivateurs béninois ? Beaucoup de béninois comme moi veulent bien savoir la réalité.

Si un tas de 6 tomates coûte 500 FCFA, le prix du piment aurait mieux valu le taire. Le maïs qui est la matière première la plus prisée dans l’alimentation béninoise n’est plus à la portée de tous. Le litre d’huile est passé en intervalle de quelques mois de 600 à 1000 FCFA (Prix du marché). Inutile de rappeler que ce sont tous des produits de première nécessité donc utilisés quotidiennement en cuisine. Rien ne nous empêche de lister d’autres produits manufacturés importés comme locaux dont les prix ont flambé, mais notre préoccupation immédiate est d’évaluer l’impact de la flambée des prix des produits de première nécessité sur la population en général, et sur les femmes en particulier. Ici, l’intérêt de tout le monde est en jeu, l’étudiant, le chômeur, le salarié, la ménagère, l’entrepreneur, la mère célibataire, la veuve…Nous sommes dans un pays où le SMIG s’élève à 45000 FCFA mais il n’est pas rare de rencontrer des gens percevant un salaire en dessous du SMIG. C’est un pays où le chômage est tellement ancré que les uns et les autres tentent de se débrouiller autrement pour survivre.Comment peut-on  continuer à survivre dans un tel environnement de pauvreté extrême ?Si toutes les couches sont exposées, les femmes le sont encore plus car elles sont au premier rang. De la femme vendeuse au marché à la ménagère, elles sont toutes impliquées. Il ressort des discussions avec des femmes du marché, une triste réalité selon laquelle toutes sont complètement dépassées par la situation en raison de la flambée des prix. Cela représente pour elles un véritable casse-tête chinois car le coût à l’achat des produits a augmenté de façon vertigineuse alors que leurs avoirs à elles n’ont pas augmenté. D’autre part, même si elles s’endettent pour s’approvisionner, rien ne peut leur garantir qu’elles écoulent les produits vu que le pays tout entier est sur « répondeur ».

Dans de pareilles situations, elles se retrouvent criblées de dettes, ce qui les expose à d’autres problèmes qui viennent s’ajouter à leurs soucis existentiels de tous les jours. La ménagère quant à elle, vous dira combien le panier est vide,  comment il est difficile de nourrir les enfants. Une jeune dame prénommée Arielle nous confie comment elle a failli se faire battre par son époux, car elle réclamait une augmentation de l’argent de popote. « Je lui ai dit que l’argent qu’il me donnait ne suffit plus car le marché à changer, les prix ont augmenté et qu’à cette allure je ne pourrai plus nourrir le nombre de bouche que nous constituons. Il m’a répondu de me débrouiller, ce que je fis pendant un temps mais à force de ne plus tenir je suis remontée à la charge en lui redemandant une augmentation, ce jour-là, il a failli me gifler et m’a demandé si je savais travailler comme si ce que je fais chaque jour n’était pas un travail. Pour la plupart des femmes, cette situation est catastrophique, j’espère que le gouvernement trouvera une solution au plus vite car nos enfants risquent de mourir de faim.» A l’instar de dame Arielle, les femmes béninoises espèrent que leurs gouvernants trouveront une solution pérenne car depuis quelque temps, on nous sert des arguties comme la rareté des pluies, l’exportation des produits vers d’autres pays et la Covid 19 mais cela n’allège en rien notre souffrance. Des mesures comme des restrictions d’exportations des produits vivriers ont été prises mais cela reste sans effet. Le problème ne serait- il donc pas ailleurs ? On se questionne mais toujours est-il qu’il urge qu’une solution soit trouvée pour la satisfaction de tous. Cette problématique de la cherté de la vie est un frein à l’autonomisation des femmes et crée un climat malsain dans lequel les femmes sont exposées aux violences conjugales.

Danhouan Debouto Fifonsi Océane Carine, Collaboratrice spéciale au Bénin

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