2 Juillet 2021
Taneni Zeufalbo, journal Eclairages
Les vœux du feu maréchal du Tchad semblent ne plus avoir de place dans les priorités de ses héritiers qui ouvrent grandement les portent pour ceux qui veulent partir en exil. A l’exemple des lauréats professionnels de l’éducation (ENIB, CAP/CEG et DIPES) en instance d’intégration à la Fonction publique. Le 24 juin 2021, le groupe des 600 diplômés sans emploi a pris d’assaut la Bourse du travail de N’Djaména, principal point de départ. Ces diplômés, en désespoir de cause, sont allés dire leurs adieux à l’Etat Tchadien et à leurs parents. Avant de prendre le chemin de l’exil, pour se chercher ailleurs. « A notre pays : … tu es pris en otage par un groupe d’individus sans foi ni loi qui rend la vie difficile aux pauvres et à leurs enfants malgré qu’ils aient des diplômes professionnels de l’éducation, malgré qu’ils aient totalisé 15 ans de chômages, cela ne suffit pas encore le prix qu’ils soient intégrés à la fonction publique… Cher pays, nous ne te fuyons pas mais, nous reviendrons plus fort pour construire un Tchad nouveau quand les aigris de la république disparaîtront à jamais », peut-on lire dans le message que les lauréats professionnels de l’éducation adressent à la nation. Entre temps, les pays à qui ils ont demandé l’asile les attendaient juste de l’autre côté, confie une source. « Après 10 à 15 ans de chômage, nous n’attendons plus rien de l’Etat tchadien. Notre destination est certes inconnue, mais justifiée », confie un lauréat.
Après la cérémonie d’adieu à la Bourse du Travail, les lauréats professionnels de l’éducation n’ont pas eu le temps de prendre le chemin de l’exil. Ils sont été dispersés violemment par la police qui a fait usage de gaz lacrymogène. On dénombre au moins 4 blessés, selon le Porte-parole du Collectif des Lauréats Professionnels de l’Education, Neuzilka Emmanuel. Dans la foulée, le soir du 24 juin, le ministre de la Fonction Publique et son collègue de la jeunesse et des sports convoquent d’urgence une rencontre avec le Collectif des lauréats. Mais rien de concret n’est sorti de cette rencontre. « Le Ministre de la jeune nous propose, le financement du Micro projet, l’entreprenariat et autres, lui et son collègue, ne parlent jamais de notre intégration à la fonction publique », ajoute le porte-parole du Collectif des lauréats professionnels de l’éducation. « Nous sommes des éducateurs, nous avons concouru et sommes formés pour l’enseignement ; il n’est pas question de faire endormir notre conscience », insiste t-il. Dans les jours à venir, ils entendent initier d’autres stratégies de lutte pour mettre de la pression au gouvernement. En son temps, le maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno avait promis recruter 20.000 jeunes à la Fonction publique dès l’année 2020. « Dans un effort exceptionnel, je vous annonce le recrutement à la Fonction Publique de 20 000 jeunes diplômés dans tous les domaines d’activités. », avait il déclaré, le 16 Aout 2019, lors de la cérémonie des diplômes de 133 médecins formés à Cuba. « Une Commission spéciale sera mise en place à cet effet pour identifier les besoins sectoriels et mener cette opération dans la plus grande transparente ».
Aujourd’hui, on se demande si le feu MIDI a emporté avec lui le fameux projet de recrutement de 20 000 jeunes à la Fonction publique ? En tout cas c’est ce que font penser les autorités de la transition qui visiblement, pour eux, l’urgence est ailleurs. En effet, du coté des autorités de la transition, aucune solution n’est en vue pour venir à bout des préoccupations de ces jeunes qui ont assez souffert des humiliations de tout genre.Si bien que, le 23 juin 2021, des sources proches du Président du Conseil Militaire de Transition indiquent que le PCMT et le Premier ministre auraient penché sur la situation des jeunes diplômés et ont touché des doigts la fameuse promesse de recrutement de 20 000 jeunes diplômés à la Fonction Publique. Rien n’a filtré de cette rencontre et les jours à venir n’annoncent pas un avenir meilleur pour ces diplômés sans emploi. Selon les statistiques instables du Ministère de la Fonction Publique, du Ministère des Finances et du budget ainsi que celles des Syndicats, le Tchad gère plus de 85 000 fonctionnaires civils, pour une masse salariale mensuelle de plus de 40. 000 milliards FCFA. C’est sans compter la première vague des recrus (sur les 20 000 promus) qui attendent leurs salaires depuis 06 mois. Or, il n’y a pas longtemps, pour bénéficier des financements des bailleurs de fond, le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé la baisse de la masse salariale. Pendant ce temps, les dossiers traités et enregistrés dans la base de données du Ministère de la Fonction Publique (2019) étaient estimés à 77 000, sans compter ceux qui ne sont pas informatisés et se trouvant classés dans les cartons et armoires, qui sont estimés également à des dizaines de milliers.
Collaboration Journal Eclairages/ Regards d’Africains de France