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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad : Dialogue littéraire à la 5ème édition du mois du livre et de la lecture

Témoignage du Journaliste et écrivain Déli Sainzoumi Nestor

J’ai mené des échanges avec les élèves du Lycée la Fontaine de N’Djaména, autour de ma nouvelle « Tel un petit Caillou », un texte extrait du livre « L’Empreinte des saigneurs », Editions Ifrikiya, Yaoundé 2018. Le Ministère de la Culture et de la Promotion de la diversité organise du 02 au 29 novembre 2021, le Mois du Livre sous le thème : « Livre, vecteur de la paix et du vivre ensemble ». Ma causerie avec les lycéens a porté sur la nouvelle Tel un petit caillou et la question du style vestimentaire, La question du viol au Tchad. C’est l’histoire de Flore Bélinga, une jeune fille qui ressemble aux jeunes de nos quartiers, de notre ville ou d’ailleurs. Elle est sur les réseaux sociaux, elle suit la télé comme toutes les jeunes filles. Mais elle prend pour réalité ce qu’elle découvre à travers les images. Elle aime s’habiller comme les stars de la télé. Elle est accro des modes vestimentaires. Mais c’est sans savoir que cela peut lui attirer des ennuis.De nos jours les Jeunes s’habillent pour se faire voir des autres. Ce désir de vouloir être remarqué amène beaucoup de jeunes à développer une mentalité de la superficialité. Ils deviennent des esclaves de la mode. Il est vrai que le style vestimentaire, assure la propreté, rend élégant, donne une place à quelqu’un dans la société. Mais sa consommation abusive est une source d’ennuis. C’est ce qui est arrivé à Mlle Flore Bélinga qui s’est fait violer à cause des habits sexy qu’elle portait. Et les conséquences du viol, ce n’est pas seulement le déshonneur, l’humiliation ; mais la contamination au VIH et sida, puis une grossesse non désirée.

C’est justement ce qui est arrivé à Mlle Flore Bélinga. Après le viol, elle voit sa vie s’écouler tout doucement vers sa fin comme le petit caillou qu’on jette et qui fini par arrêter sa course sous nos yeux. J’ai pu faire comprendre aux lycéens que Mannequins, les Tops modèles, les stars qu’ils voient à la télévision ne sont que des effets de publicité. A travers cette causerie, les jeunes ont compris les raisons qui ont poussé le gouvernement à instaurer le port obligatoire des tenues à l’école : c’est pour enseigner les codes éthiques et éviter tout ce qui peut mettre en cause le vivre ensemble qui se cultive au sein des établissements. Ils ont aussi compris pourquoi les religions prescrivent les pratiques vestimentaires. Le vêtement peut être une source de conflit entre les jeunes, il peut aussi être un trait d’union. A la fin de la causerie, j’ai demandé aux lycéens de se méfier de ces choses, de ces gadgets de la mode qui pullulent nos marchés. Ils ont compris qu’il est important pour un jeune de respecter son corps et son humanité à travers le choix des vêtements. Car, vouloir s’habiller comme les stars que l’on voit à la télé, cela peut attirer des ennuis.

Mon livre L’Empreinte des saigneurs qui était au centre de cette causerie est un recueil de nouvelles de 86 pages, publié aux éditions Ifrikiya à Yaoundé en 2018. C’est un genre narration qui m’a permis de dénoncer en peu de mots des situations politiques et sociales du Tchad et d’ailleurs. Les élèves ont voulu savoir pourquoi j’ai intitulé mon livre : l’Empreinte des saigneurs ? C’est le titre du premier texte qui parle de la vie d’un Professeur d’Histoire-géographie sous deux régimes qui ont, chacun à sa manière, géré ce pays imaginaire. Sous le premier régime, on l’a emprisonné parce qu’il a raconté à ses élèves ce qui s’est passé dans son pays, ce que les médias appellent « Septembre noir ». Une histoire du massacre d’une population qui n’obéissait pas au régime. Ce Professeur, souffrait en prison et n’attendait que la mort quand, brusquement, par un coup d’Etat, un autre président arrive au pouvoir. Le Professeur, comme tous les prisonniers politiques, sera libéré et trouvera un bon boulot à la sortie de la prison. Mais il sera tué par des bandits qui voulaient sa voiture. La leçon à tirer ici est qu’en Afrique, tous les régimes qui arrivent au pouvoir sont tous pareils. Appliqué au Tchad, L’Empreinte des saigneurs est une lecture du passé tumultueux de ce pays qui a connu de nombreux changements par la force. Avec les élèves, nous avons regardé la gestion du pouvoir central sous les présidents : Ngarta Tombalbaye, Félix Malloum, Lol Mahamat Choua, Goukouni Weddeye, Hissein Habré et Idriss Déby Itno. Sous ces présidents, des Tchadiens sont tués par ceux qui sont sensés assurer leur sécurité. On s’est demande : A quand un bon régime pour le Tchad ? Nous avons dit que le Dialogue national inclusif de décembre 2021 pourra peut-être donner une réponse à notre question. Les élèves et les responsables du Lycée La Fontaine promettent m’inviter pour Prolonger de telles échanges.

Collaboration Journal Eclairages/Regards d’Africains de France

 

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